Nous vous présentions fin juillet sur BelgiqueMobile nos premières impressions sur le P990i de SonyEricsson, aujourd’hui commercialisé en Belgique pour un prix oscillant entre 650 et 799 euros TTC. L’analyse qui va suivre reflète un avis – je le re-dis – particulièrement subjectif. Il se base sur mes besoins personnels, lesquels peuvent être résumés ainsi : un téléphone de taille et de poids acceptable, un agenda clair et évolué, un navigateur web et wap rapide, un appareil photo offrant des résultats appréciables, la possibilité de poster des articles sur un blog ou d’envoyer des courriels aussi aisément qu’un SMS ainsi qu’un baladeur numérique capable de rivaliser avec l’iPod. Le cahier de charge est donc ambitieux. Après plus d’un mois d’utilisation, je me propose de vous livrer mes impressions forcément subjectives, mais guidées par une utilisation intensive naguère déçue. Il me faut à présent me rendre à l’évidence : cet appareil est ma priorité de la rentrée 2006.

D’une utilisation sans le clavier numérique

En terme de poids et de taille, le P990i propose deux types d’utilisation, parfaitement combinables : clapet ouvert ou clapet fermé. Clapet fermé, le téléphone se présente – presque – comme un téléphone SonyEricsson classique à pavé numérique. Le clavier numérique présente un désavantage : il est trop imposant par rapport à la localisation de l’écouteur.

Je l’avoue : me voir infliger la phrase « ouvrez le clapet pour accéder à cette fonction » finit par agacer lorsqu’on cherche simplement à consulter une page WAP/WEB ou à activer le WiFi. L’installation d’Opera Mini permet une consultation des pages en mode « clapet fermé », mais il est dommage d’utiliser la version « mini » alors que la version « pro » est intégrée dans l’appareil…

La boîte d’origine du P990i propose, pour remédier à cela, quelques outils permettant aisément de retirer le clavier numérique pour ne garder que le clavier alphabétique. Vous l’aurez compris : mes impressions sont livrées à partir d’un utilisation avec le seul clavier AZERTY. Elle pourra donc intéresser ceux qui manipulent ou convoitent des modèles comme les Nokia E61 les Blackberry.

Une fois dépourvu de clavier numérique, l’appareil devient plus compact et la prise en main, tout comme la prise des appels, sont plus confortables. Les touches sont certes petites, mais leur utilisation n’est pas un handicap. Je ne suis pourtant pas un danseur étoile. Principal danger : l’écriture des SMS est tellement rapide que l’on pourrait faire exploser son forfait.

L’interface UIQ : très bien, mais peut beaucoup mieux

L’interface se compose d’un fond d’écran et de quatre icônes situées au bas de cet écran, au-dessu d’une « barre des tâches » : la perte d’espace est manifeste. L’ajout de champs utiles comme le nombre de messages, les derniers appels et l’agenda ne seraient pas inutiles.

Ceux qui ont déjà utilisé le M600 du même constructeur ne pourront pas, avec ce P990i, personnaliser les icônes présentes sur la page d’accueil du téléphone : les quatre icônes sont fixes. On en dénombre quatre : menu de raccourcis (page de type « Today » et raccourcis vers des applications habituelles – que l’utilisateur peut personnaliser-), menu principal des applications, interface du téléphone et gestion des appels (derniers appels émis, reçus).

Au bas de l’écran, sous les icônes, se trouve une « barre des tâches » présentant un menu d’accès rapide (volume, connexions, nouveau message), le niveau de réception du réseau (GSM/3G) et le niveau de batterie. Comme pour PalmOS, les applications ne disposent pas d’un bouton « quitter » et la fermeture se fait à l’aide d’une interface (« Gestionnaire des tâches »). Deux détails m’ennuient : la barre des tâches n’est accessible qu’à l’aide du stylet (une touche d’accès rapide pourrait être programmée !) et une option « quitter l’application » pourrait être généralisée (elle se trouve bien sur les applications Java compatibles avec le P990i).

La prise en main du P990i nécessite un moment d’adaptation. L’évolution de l’interface entre la génération p900 et P990 est manifeste. Elle risque de dérouter. Récemment, un fan de technologie me confiait que le « P990 l’avait obligé pour la première fois depuis des années à lire un mode d’emploi. » J’estime que l’expérience en vaut la peine, après plusieurs semaines d’utilisation. Après tout, ce fameux mode d’emploi que personne ne lit doit idéalement guider l’utilisateur dans son apprentissage. L’accessibilité immédiatement compréhensible des fonctions est-elle un gage de qualité ? Débat.

Après quelques semaines, l’utilisateur trouve forcément ses marques au coeur d’une interface qui, si elle n’est pas aussi complexe qu’on ne peut le penser après quelques minutes d’utilisation, nécessite une prise en main progressive.

Applications en tous genres

Les applications présentes couvrent la plupart des utilisations courantes, personnelles ou professionnelles : agenda, messagerie évoluée (disposant d’un outil de configuration avancée et du logiciel Blackberry Connect), navigateur Internet Opera (relativement instable dans la version du firmware que j’utilise, la R4B – dernière mise à jour disponible pour les modèles belges -, mais ce problème semble avoir été résolu sur d’autres modèles européens disposant d’un logiciel interne plus récent), lecteur de flux RSS, jeux, scanner de carte de visite, etc.

Globalement, le P990i est un produit abouti disposant d’un système d’exploitation évolutif et convivial. Au système UIQ – convivial et esthétique – se combine un look SonyEricsson sans faute. Certes, l’appareil connaît un certain embompoint, mais il dispose d’un appareil photo 2 Mpx et d’une connectique Wifi qui peuvent excuser les 20 grammes de différence entre le modèle M600i et le P990i (137 grammes sans le clavier numérique, soit le poids du N80 de Nokia).

S’il peut s’avérer instable – moins que certains NSeries à leur sortie commerciale ! -, rappelons que ce téléphone n’est pas encore officiellement sorti dans tous les pays, à commencer par la France, qui a préféré plancher encore sur l’interface. L’enjeu est de taille : l’appareil arrive sur un marché stratégique où Nokia, RIM (Blackberry) et HTC ne font aucun cadeau. Il faut prouver que le système UIQ a encore de l’avenir. Il faut aussi prouver que le prix encore très élevé de l’appareil (650 euros TTC environ) est justifié. Pour l’heure, il n’est pas inutile de trouver l’ardoise élevée et de penser qu’un prix oscillant entre 500 et 550 euros serait plus « raisonnable ».

De la 3G au WiFi

J’aurais aimé disposer d’un casque Bluetooth stéréo SonyEricsson pour tester l’audio stéréo sans fil : ce sera pour plus tard. Visiblement, le P990i est indiqué pour cet usage. Le Bluetooth 2.0 intégré produit des vitesses de transfert moyennes : 60 ko/s pour environ 120 sur les modèles Nokia NSeries plus récents.

Le WiFi est de génération « b » : la vitesse est limitée à 11 Mb/s (il doit toutefois être possible de débrider cette vitesse, comme ce fut le cas pour certains mobiles Qtek/iMate). La configuration WiFi est simple, mais pourrait l’être davantage : il faut en effet se rendre dans le panneau de configuration. La gestion des connexions est elle aussi inutilement complexe : il faut créer des « groupes » de connexion alors qu’il serait plus simple d’attribuer tel type de connexion à telle application ou de laisser le choix à l’utilisateur à l’ouverture des applications.

On sent, à ces quelques comportements « exotiques », que le logiciel doit/peut être peaufiné, ce qui est de l’ordre du possible et ne peut être fait qu’en se basant sur l’expérience des utilisateurs. Un logiciel de mise à jour du P990i est fourni avec l’appareil : il évoluera au fil du temps. La complexité des systèmes d’exploitation mobiles rend cette opération inévitable. C’est aussi un signe d’évolutivité non négligeable pour un investissement important.

Le P990i est un appareil 3G. Une couverture 3G imparfaite peut générer une recherche de réseau intempestive et une autonomie moyenne. L’autonomie est pour moi satisfaisante : 2 journées. Elle peut être réduite à 24 ou 36 heures si l’on use/abuse des fonctions Bluetooth et WiFi. Gageons qu’une version HSDPA (qui accélère le débit de l’UMTS de 384 ko/s à 1,8 voire 3,6 Mo/s) sera proposée par SonyEricsson à l’avenir.

Photo : pas Cybershot, mais tout de même à la hauteur !

Disposant d’un autofocus et d’une résolution de 2 Mpx, l’appareil-photo intégré dans le P990i égale – et parfois surpasse – les K750 et autres W8x0 de la marque. Certes, il reste au-dessous des performances du K800i, mais n’a pas la prétention d’aborder la marque Cybershot. Toutefois, en condition extérieure, l’appareil produit des clichés d’excellente qualité. La fonction « macro » est particulièrement impressionnante. Le flash ne s’active pas automatiquement – il doit être « forcé » – : les résultats des photos prises à l’intérieur donnent une impression mitigée, disons très variable.

Encore une fois, les résultats sont plus que satisfaisants, nettement supérieurs au Nokia N80 et incomparables avec les piètres performances des modèles HTC ou Qtek/iMate. SonyEricsson conserve sa longueur d’avance, même si le constructeur est talonné par Nokia et par Samsung ces derniers mois. Avant que je n’oublie ce point : un capteur 0,3 Mpx est disponible sur l’avant de l’appareil, permettant la visiophonie. Pourquoi ne pas profiter du flop des appels visio pour développer des applications permettant d’utiliser cette « webcam » avec des logiciels MSN, Skype, iChat mobiles ? On peut aussi imaginer un logiciel tiers permettant de créer un podcast ou une vidéo personnelle à partager avec ses proches. UIQ permet cela.

Un véritable Walkman haut de gamme

J’ai depuis longtemps laissé de côté mon iPod. Ce choix a d’abord été motivé par une gamme de mobiles SonyEricsson dédiée à la musique, la gamme Walkman. Le P990i n’embarque pas le logiciel Walkman, mais dispose de logiciels qui n’ont rien à lui envier.

La partie Walkman me tient à coeur. Voici quelques captures d’écran qu’il convient de commenter ensuite.

J’ai glissé dans le P990i une carte MemoryStick Duo de 2 Go. S’il m’est pour l’heure impossible d’y accéder depuis mon Macintosh à l’aide du câble USB fourni (je pensais que la fonction « mass storage » était universelle, mais visiblement ni les M600 ni les P990 ne sont « compatibles » avec le Mac pour l’instant, ce qui pourrait aisément être résolu, puisque les modèles W800 et autres K800 le sont), je passe par un lecteur de carte, offrant des taux de transferts USB 2.0 des plus satisfaisants.

Je dispose donc d’un espace de stockage de 2 Go pour y glisser de la musique, des photos, des vidéos. Autant dire, plus qu’il n’en faut – même si des cartes 8 Go seront proposées pour la fin de l’année ! -.

L’application « Lecteur média » offre l’accès à quatre fonctions : la radio, la musique, les vidéos et « en ligne » (sans doute un futur service de téléchargement).

La radio affiche une interface… superbe, proche de celle embarquée par le K800i, « en mieux ». Il est facile de balayer la bande FM ou de sélectionner ses chaînes favorites. L’ajout du RDS permet la recherche de la meilleure fréquence, voire la diffusion des informations routières ou des journaux (options à activer). La radio du P990i n’a vraiment rien à envier à celle de l’iPod.

A l’aide du logiciel Synctunes pour Mac OS X, la synchronisation avec iTunes est simplifiée. Il suffit de sélectionner une liste de lecture : elle est ensuite transférée à la carte mémoire. Sous Windows XP, il doit être possible de synchroniser depuis iTunes avec « Mass Storage Sync » ou encore aisément depuis Windows Media Player avec la fonction « stockage de masse », comme pour n’importe quel autre baladeur numérique. Autre problème pour les utilisateurs de Macintosh : aucune solution n’est pour l’heure disponible pour synchroniser ses données (calendrier, répertoire), mais c’est une question de temps. La parade consiste à envoyer le carnet d’adresses via Bluetooth au format vCal 2.1.

L’interface est, tout comme sur le M600, une évolution esthétique et conviviale des anciens lecteurs. C’est beau, simple, rapide et le niveau sonore est tout à fait satisfaisant – éviter les écouteurs Walkman permet d’obtenir un niveau sonore supérieur à la moyenne -.

Quant au lecteur vidéo, il m’a servi à lire quelques podcasts vidéo téléchargés via iTunes : le journal de la chaîne iTélé et l’émission « Plein Ecran 2.0 » de LCI. Les images sont fluides, mais le logiciel capricieux. L’avance rapide a, par deux fois, obligé le téléphone à redémarrer. Amusant : le téléphone se fige et affiche « Votre téléphone a redémarré pour une meilleure utilisation. »

Ce qu’il manque à ce « presque sans faute multimédia » ? Un logiciel de podcasting, indéniablement. Tout comme pour la PSP, le lecteur de flux RSS intégré au P990i – lui aussi on ne peut plus convivial – est compatible RSS 2.0. On peut donc imaginer que SonyEricsson le muscle assez pour qu’il permette le téléchargement de podcasts (audio et vidéo) sur la carte mémoire. Nokia semble avoir lancé le mouvement avec son logiciel « Nokia Podcasting », très utile sur le N91 : à SonyEricsson de prouver qu’il peut en faire autant. Le P990i dispose du WiFi : il n’y a donc pas de raison qu’il ne dispose pas lui aussi d’une telle application, moderne et permettant de se passer d’un ordinateur pour synchroniser ses émissions sur son téléphone/baladeur.

Autre grief, qui ne sera sans doute pas entendu puisqu’il s’agit ici d’une question de « gamme » de téléphone : si le logiciel Walkman 2.0 est disponible sur le futur W950 qui arrivera cet automne (sorte de M600 à clavier numérique disposant d’une mémoire Flash de 4 Go, dépourvu de WiFi et d’appareil photo), pourquoi ne pas le rendre disponible au téléchargement pour le P990 ?

Enfin, le multimédia mobile n’est rien sans l’Internet mobile. Si les modèles récents, dont le K800i, offrent un accès aisé aux services de Google, pourquoi ne pas prévoir des applications de même acabit sur le P990i : accès rapide à Gmail (ou Google Apps for your domain), Google Calendar, envoi des photos vers Blogger ou Picasa Web Album.

Les bons et les méchants

J’ai bien entendu passé certains chapitres, notamment l’utilisation du stylet. Elle m’apparaît naturelle lorsqu’il s’agit de modifier une photo, sélectionner des données, consulter des documents. L’écriture par stylet présente pour mon utilisation moins d’intérêt : le clavier est assez ergonomique (je maintiens !) pour garantir une frappe rapide.

Enfin, le scanneur de cartes de visites fonctionne plutôt très bien. La plupart des champs et caractères sont reconnus et transférés dans le répertoire. Dans l’ensemble, le travail est réussi. Mais, je dois le confesser, cette application ne risque pas de me servir. Tout comme pour le Blackberry Connect, je laisse le soin aux clients business de juger de ces fonctionnalités.

Points positifs

Je rappelle que les points qui suivent sont guidés par une expérience d’utilisation sans le clavier numérique, format « Blackberry ».

  • Combinaison de technologies de pointe : 3G, Bluetooth 2, WiFi.
  • La partie « baladeur numérique » (radio/musique/vidéo) est bluffante : les lecteurs ont été soignés et leur convivialité est plus que satisfaisante.
  • L’inteface UIQ demande une prise en main progressive mais, une fois « possédée », est nettement plus conviviale que certains détracteurs ne le laissent penser. (Je vise ici les testeurs obsessionnels qui changent de mobile de manière fréquente).
  • Les mises à jour fréquentes sont un bon signe : SonyEricsson travaille énormément sur ce produit qui, maintes fois reporté, a connu des retards dus notamment au manque de viabilité de UIQ.
  • Le navigateur Opera est confortable : j’espère rapidement bénéficier des mises à jour du P990 permettant une navigation moins instable.

    Points négatifs

  • L’écran d’accueil du téléphone est une perte d’espace. Il serait heureux de remplir cet espace avec un menu « Today » immédiat. C’est faisable.
  • Accès rapide à certains menus sans le stylet (notamment dans la « barre des tâches »).
  • Une fenêtre de type « popup » à la réception d’un SMS (l’icône message me semble insuffisante).
  • le clavier numérique a été enlevé : il m’apparaît « de trop » sur ce modèle.
  • Prix trop élevé.

    Quelques voeux

  • Un logiciel de podcasting offirait un baladeur numérique proche de la perfection.
  • Intégration plus poussée des services Google.
  • Le logiciel Walkman 2.0 en téléchargement pour le P990i ?