S’il est aujourd’hui indéniable que des entreprises comme Nokia, HTC et SonyEricsson se fixent pour objectif d’être le « passage obligé » vers tous les loisirs mobiles en intégrant des applications allant de la téléphonie à la musique et l’Internet ou le blog mobile en passant par le podcasting, la photo et la vidéo, il est intéressant d’observer comment chaque marque se positionne sur ce secteur. L’air du temps dissocie encore le baladeur numérique du téléphone mobile, mais l’évolution vers le « tout en un » se dessine clairement. Focus sur SonyEricsson qui fête en ce moment ses 5 années d’existence et dispose de deux très sérieux atouts : des marques fortes et déjà installées, « Cybershot » pour la photo et « Walkman » pour la musique.

SonyEricsson face à Nokia et HTC

L’un de mes sujets de prédilection en matière de téléphonie mobile est devenu le mouvement opéré par une partie de ce secteur vers ce qu’il est désormais convenu d’appeler la convergence. La convergence en tant que concentré d’applications – multimédia et de productivité -, la convergence en tant que réunion des technologies de communication – voix, données, réseaux commutés, réseaux sans fils -.

La place de leader tenue par Nokia peut s’expliquer simplement. D’un côté, l’innondation du marché par la multiplication nerveuse du nombre de terminaux. De l’autre, une course technologique à couper le souffle de ses concurrents : son N95, prévu pour la fin de l’année, combine photo, GPS, Internet, WiFi, vidéo. Ses modèles actuels, à commencer par le N91, visent – sur le plan de la qualité comme des fonctionnalités – à jouer au coude à coude avec l’iPod et le futur Zune de Microsoft. Nokia n’est pas leader de ce marché sans raison : son avance est désormais aussi indéniable qu’exemplaire.

Pour SonyEricsson, la convergence s’appelle « Walkman » et « Cybershot », deux marques héritées de la gamme Sony. Si « PlayStation » et « Vaio » ne sont pas encore présentes sur la gamme mobile du constructeur allié à Ericsson, rien n’est désormais exclu pour le 3e acteur du marché belge.

Certes, SonyEricsson avance plus lentement que son principal rival. Certes il faudra à la marque déployer un effort de communication et de markéting pour que soient levés les derniers lieux communs baignant dans l’inconscient collectif, parmi lesquels une soi-disant complexe prise en main des terminaux, mais les férus de la marque le savent : c’est aujourd’hui une question de temps.

Focus sur deux modèles : V630i et W850i

Côte à côte, trois modèles récents représentent l’évolution de la marque sur trois segments clés. Le V630i, téléphone 3G d’entrée de gamme commercialisé par Proximus. Le W850i, téléphone Walkman 3G à clavier coulissant doté d’une capacité de 1 Go. Le P990i, téléphone professionnel haut de gamme 3G et Wifi.

Deux de ces modèles, le V630i et le W850i, sont dotés du système d’exploitation classique des mobiles SonyEricsson, dont la convivialité et l’esthétique ont désormais atteint un point de perfectionnement de nature à satisfaire les besoins de simplicité et d’élégance propres au plus grand nombre de consommateurs.

Là où le V630i (250 euros) dispose de fonctionnalités multimédia de base – lecteur audio et vidéo, appareil photo 2 Mpx, touches multimédia, visio, blog mobile -, le W850i présente la seconde génération de l’interface Walkman. Une démonstration de force !

Le W850i offre une disposition des touches permettant de naviguer aussi simplement qu’avec un iPod dans les menus d’accès à l’Internet mobile et aux listes de lecture musicales ou vidéo. L’orientation musicale de ce mobile est exemplaire : une seule touche pour accéder à sa bibliothèque musicale, classée par titres, par genres, par artistes, par albums et par listes de lecture, pochettes comprises. Walkman 2.0 (c’est son nom) ajoute quelques fonctionnalités utiles et bien pensées : affichage du titre en cours de lecture dans le fond d’écran du téléphone, effets visuels, réglages du son personnalisables. Le volume sonore est acceptable : il respecte, tout comme l’iPod et les autres baladeurs du marché, les normes européennes. Il est permis de juger le volume maximal « un peu juste », sans toutefois pouvoir le reprocher au constructeur.

Les écouteurs Walkman sont également inclus avec le W850i, dans leur version noire, adaptée au mobile : ils offrent une restitution du son fidèle sans toutefois respecter la promesse de réduction du bruit de fond annoncé. Une utilisation dans un environnement aussi bruyant que le métro permet de s’en rendre compte aisément. Il faut parfois tendre l’oreille.

Les deux mobiles sont proposés avec le logiciel Disc2Phone, une application Windows de type « glisser/déposer » permettant de transférer sa musique et ses playlists personnelles. SonyEricsson ferait ici oeuvre utile du modèle Nokia : proposer un greffon permettant la synchronisation de son mobile avec les logiciels phares du domaine, iTunes et Windows Media Player en tête, Connect à la rigueur. Autre suggestion pour le constructeur : se baser sur les efforts déployés par les développeurs du projet Songbird, lecteur multimédia universel basé sur le code source de Firefox. Que serait l’iPod sans iTunes ? SonyEricsson ne semble visiblement pas comprendre l’utilité de la complémentarité d’un logiciel desktop et d’un logiciel mobile. A moins que le meilleur reste à venir…

Le W850i devrait être commercialisé dans les jours qui viennent en Belgique. Disponible en noir et blanc, il devrait être proposé pour un prix oscillant entre 400 et 450 euros, carte de 1 Go comprise. Ce prix sera probablement revu à la baisse, soit environ 300-350 euros, pour atteindre un public plus large. Quant au V630i, le modèle que nous avons reçu était blanc (modèle Vodafone UK), mais celui commercialisé par Proximus semble noir uniquement. Son prix pourrait être revu à 199 euros à notre avis par l’opérateur. Question d’alignement sur le reste du marché.

Aucun appareil photo ne nous a convaincu : qu’il s’agisse du W850 ou du V630i, la prise de clichés en extérieur est correcte mais déplorable en condition plus fragile de photographie (intérieur, faible luminosité). Aucun flash n’accompagne ces modèles, une simple lampe qui génère des « yeux blancs » à chaque coup. Il s’agit là d’une « webcam » améliorée, sans plus. Une régression par rapport aux K750 et autres W800 et W810 commercialisés avant les W850 et V630i. L’envoi vers le blog (Blogger uniquement) offre, par la faible qualité des lentilles utilisée, des résultats mitigés. Une mise à jour du logiciel interne pourrait légèrement améliorer la qualité des clichés. Il s’agit là de notre principale déception par rapport à ces deux modèles qui, par ailleurs, brillent par l’intelligence de l’intégration multimédia et leur poids modéré : 90 et 115 grammes seulement.

Prochaine étape : le W950i et « sa suite »

La prochaine étape pour SonyEricsson et sa gamme Walkman : le W950. Sa sortie imminente est en effet très attendue car si, face au N91 de Nokia, la connectique et les fonctionnalités sont moins séduisantes, son poids, sa capacité et ses prétentions en font un mobile sur lequel il sera utile de revenir plus tard sur BelgiqueMobile. Doté d’une capacité de 4 Go (mémoire Flash), ce mobile fin ne pèse que 110 grammes. Il est en outre doté du système UIQ (celui qui équipe les M600 et P990i), variante du système SymbianOS et du logiciel Walkman 2.0, lequel bénéficiera ici d’un sérieux avantage, un système d’exploitation capable d’accueillir des fonctionnalités nettement plus évoluées. Autre avantage d’UIQ : les applications professionnelles, Blackberry Connect comprise. Soit une logithèque appelée à radieux avenir. Ce qui lui manquera et fera couler de l’encre et de l’huile de clavier : le WiFi (téléchargement, podcast), EDGE (Nokia joue plus intelligement sur la complémentarité EDGE et UMTS/3G) et un appareil photo numérique. Nul doute que ce W950i est une première étape, que l’année 2007 confirmera la vision juste du constructeur par l’arrivée d’une « mise à jour technologique » forte du modèle. Reste également aux opérateurs à faire oeuvre de réalisme en baissant de manière plus visible le prix des connexions à l’Internet mobile pour doper ce marché. Que fait Test Achats ?


W850i, V630i et P990i.
Sous ces modèles,
le casque Walkman Bluetooth.

Le P990i : LE modèle à suivre.

A vrai dire, ce mobile combinant photo/Wifi/multimédia/3G existe déjà ! Il s’agit du P990i. Et, puisque nous jouons ici à de la « technologie fiction », nous avons quelques difficultés à croire que cette évolution de la gamme P8/9xx ne connaisse pas un prolongement Walkman, peut-être déjà pour la fin de l’année 2006 ou le début 2007.

Walkman 2.0 étant développé pour UIQ, système embarqué par le P990i, il est inévitable que des bidouilleurs arrivent tôt ou tard à porter l’application sur le P990i car, si son lecteur multimédia est exemplaire, Walkman 2.0 serait un atout de plus pour un mobile qui se cherche, dont l’interface prête à juste titre à quelques critiques de manque convivialité et d’accès poussif à certaines fonctions. Le P990i dispose d’atouts sérieux : un appareil photo d’excellente qualité, une connectique avantageuse, un système d’exploitation robuste, un clavier, un poids modéré de 145 grammes sans le clapet numérique. Nous continuons de croire en son adéquation avec le marché actuel, malgré le retard accusé dans son développement. Nous croyons également que les mises à jour prouveront à ses détracteurs qu’ils avaient tort de jeter le modèle avec l’eau du bain…

Il manque aujourd’hui au P990i une application intégrée à la « Nokia Podcasting » pour devenir le futur iPod mobile, que certains surnomment déjà iPhone. Ces considérations sont évidemment à relativiser en admettant que le P990 n’est pas un mobile aussi évolué et aussi « up to date » que ses concurrents directs Nokia et HTC. Manque également ces « grands accords exceptionnels » – pour paraphraser un politique belge – dont Nokia a le secret, qui a eu l’intelligence par exemple de s’allier à Apple pour le développement d’un navigateur mobile libre et ouvert, basé sur le code source de WebCore/KHTML, moteur du navigateur Safari (le fureteur de Mac OS X).

SonyEricsson : après le cap de 5 ans ?

Enfin, puisque notre objectif était ici de présenter la gamme Walkman et nos impressions sur l’évolution du constructeur qui fête son 5e anniversaire, nous nous en voudrions de passer sous silence l’arrivée d’un casque Bluetooth stéréo également griffé « Walkman ». Malgré un prix élevé – entre 80 et 100 euros -, cette paire d’écouteurs n’est autre qu’une version sans fils des casques livrés avec les mobiles de la gamme Walkman. Après avoir fait reconnaître ce casque au téléphone, le simple démarrage de la connectique Bluetooth sur le téléphone fait apparaître le périphérique de lecture sans fil comme disponible. Un écran monochrome d’une ligne affiche le titre en cours de lecture ou le nom/numéro de la personne qui vous appelle. La baisse du niveau sonore en cas de réception d’un message ou d’un appel est assez progressive ; elle génère un effet de transition de nature à ne pas frustrer la mise en suspension de l’écoute d’un programme ou d’un titre musical, voire d’une vidéo, qui reprend aussitôt la « coupure » terminée. Des touches de réglage sonore et d’avance rapide sont disposées autour de l’écran. Le mobile peut dès lors rester en poche : à plus de 30 centimètres du mobile, des coupures sont à déplorer. Nous considérons que le casque Bluetooth devrait être intégré aux futurs mobiles Walkman – et ceux dont la prétention est équivalente à cette gamme -. Conseil à donner également à Samsung, HTC et Nokia.

Pour nous, ces constats globalement positifs – pour une marque qui a connu des débuts difficiles en 2001 et une évolution plutôt lente face à ses concurrents – sont de nature à évaluer positivement le futur de sa marque et son positionnement.

Les évolutions les plus logiques de SonyEricsson pour 2007 seront, outre une communication plus directe et chaleureuse avec le consommateur, un effort sur ses points forts : la défense de la marque Walkman (marque qui rend nostalgiques les « trentenaires », tranche des 25/40, friands de technologie et à fort pouvoir d’achat), la marque Cybershot (l’exemple du K800 annonce la couleur !) ainsi qu’une marche plus franche et technologiquement sans faille vers cette convergence numérique où Sony – isolons-la un instant d’Ericsson – brille par autant de savoir faire que par son expérience et l’image de confiance qu’elle génère auprès du consommateur.

Et pour la suite ? Tout est envisageable, tout est toujours envisageable, mais nous voyons clairement, plus tard, arriver la marque Vaio sur ce segment aux côtés des deux autres marques fortes. L’UMPC (ultra-mobile PC) nippon est là pour prouver que la miniaturisation est une corde à l’arc du constructeur. Gageons également que le « Be like no other » pourra rapidement gagner la communication de SonyEricsson sur ses mobiles, par effet de contagion positive. Ni Samsung ni Nokia n’ont une telle panoplie en réserve. Gageons que SonyEricsson saura en faire bon usage. Le futur est radieux et la concurrence assez rude pour que la convergence numérique puisse nous apporter des terminaux adaptés à nos usages, sans les devancer de manière trop opaque. Ici, il faudra compter avec Nokia, Samsung, HTC, SonyEricsson et, à n’en pas douter, Apple et Microsoft…


Le P990i et le M600 sous UIQ