Ce n’est pas tous les jours qu’un tel appareil se présente ! Le N95 est arrivé et BelgiqueMobile lui consacre, à tout précurseur tout honneur, une bonne dose de tests et d’expériences. La semaine prochaine, même Laurent Redondo Sanchez sera mis à rude épreuve à Bruxelles lors d’un rallye destiné à officialiser auprès de la presse et des VIP l’arrivée du fameux N95. Est-il compact ? Quelle est son autonomie ? S’agit-il d’un mobile de convergence (musique, photo, téléphone, messages, GPS, web mobile) accessible et viable ? Qu’en est-il du fameux appareil photo 5 Mpx ? Alors que Jérome Goddeeris planche actuellement, comme il l’a fait avec précision pour le SonyEricsson W880, sur un test complet du Nokia N95, j’ai choisi de vous livrer ce jeudi une série d’impressions générales, spontanées et de comparaisons après 24 heures d’utilisation intensive du smartphone. Je vous donne également rendez-vous le vendredi 27 avril à 7h15 sur MINT où Sylvie Degrelle analysera le phénomène « convergence » en abordant notamment la sortie du N95.

Car toute approche d’un appareil de ce type ne peut éluder l’esthétique, penchons-nous sur ses formes. Plus léger qu’un N80, dont il reprend les lignes directrices, ce téléphone de 120 grammes frappe tout d’abord par la présence d’un écran géant d’une luminosité remarquable, même en plein soleil. L’écran de 2,6 pouces (soit 6,5 cm) affiche une résolution de 240 sur 320 pixels. Idem en mode paysage. Les 16 millions de couleurs ne constituent pas réellement une avancée majeure par rapport aux modèles de 260 000 couleurs du marché. A plus forte raison lorsqu’il s’agit de comparer le N95 à son prédécesseur, le N80, jouissant lui d’une résolution de 352 sur 416 pixels et offrant un lissage des polices nettement plus agréable.

La luminosité et la colométrie de l’écran du N95 viennent compenser ce jugement. L’utilisation de métal et de plastique permet de diminuer de manière significative le poids – et même l’impression de lourdeur – généralement associés à ce type d’appareil « tout en un ». 50 grammes de différence entre le N91 et le N95, 80 avec le N93 : un monde !

5 millions de pixels

L’intérêt évident du N95 reste son appareil photo numérique griffé Carl Zeiss, tout comme le N73 et le N93 avant lui. S’il est indéniable que la sensibilité de l’appareil ou les possibilités de réglages sont appréciables et comparables à la plupart des appareils numériques du marché, je tiens à vous prévenir : le K800 reste à mon avis, à l’extérieur en tout cas, aussi efficace que le N95, dans l’état actuel – et encore jeune – de son firmware (version du logiciel interne). Gageons que les mises à jour viendront parfaire cet aspect. Rassurez-vous : qu’il s’agisse d’un cliché pris à l’extérieur ou en cas de faible luminosité, il semble difficile de rater une photo, sauf en cas de tremblement. Le temps de latence entre la prise de vue et l’affichage de la photo reste poussif : jusqu’à 6 secondes à 5 Mpx. Si l’on réduit la résolution (2 Mpx), ce temps d’attente atteint 3 secondes. Au cas où vous figurez parmi les 22 utilisateurs actifs des appels visio chez Proximus (cynisme évidemment), une caméra VGA frontale est également disponible, juste à côté du capteur de luminosité ambiante.

Les réglages présents dans l’interface photo sont nombreux. Il faudra à l’utilisateur un temps d’adaptation certain, pareil à la prise en main d’un « véritable » appareil photo numérique. J’ai défini un mode « personnalisé » qui semble correspondre à mon usage habituel. Si les possibilités sont multiples, il faut ici reconnaître au K800 de SonyEricsson une interface photo plus facile à prendre en main et plus efficace en mode « macro ».

Exemple de photo prise hier soir dans des conditions de luminosité très faible. Appréciable, non ?

Un Symbian un peu moins poussif

Cette « latence » était le principal reproche fait au système Symbian, jusqu’ici caractérisé par une gestion lourde du multi-tâche. Cette fois, il semble que le démarrage soit enfin réduit à une vingtaine de secondes (nettement mieux que Windows Mobile). La manipulation des menus reste, elle, parfois poussive : ouverture d’un message, démarrage de la galerie et du menu multimédia. Le même reproche peut toutefois être fait au système cousin, Symbian UIQ. Que les réfractaires se rassurent : le N95 améliore considérablement la navigation dans les menus. Test croisé : ouverture de l’application Java Gmail en 11 secondes sur N73 et en 6 secondes sur N95, ouverture d’un message multimédia en 4 secondes sur N73 et 2 sur N95. Moins véloce que les systèmes classiques Series40 de Nokia, Samsung et autres gammes K/W de SonyEricsson, le système n’en reste pas moins nettement plus complexe et évolué. Il faudra, tout comme l’a fait HTC, que Nokia planche encore sur la réactivité de Symbian.

Voici une capture du menu au format paysage : le clavier coulissant alpha-numérique offre une vue verticale. L’utilisation du pavé multimédia (clavier coulissant de l’autre côté) offre lui un mode paysage.

Comme vous pouvez l’apercevoir sur la capture d’écran ci-dessus, le lissage des polices d’écran n’est pour l’heure pas optimal. Trois définitions de taille de police sont disponibles, mais l’option « petit » se rapproche très/trop de la taille « normale ». La navigation dans les menus du N95 est globalement identique aux modèles précedents : menu d’accueil présentant l’heure, la date, les rendez-vous, des icônes d’accès rapide aux applications, le module « Easy WiFi », les derniers courriels et, le cas échéant, la fréquence radio ou le titre écouté. La touche « multimédia » donne accès à un nouveau menu déroulant animé, présentant les principales applications du domaine : photo, Lifeblog, podcasting, radio FM (Visual Radio, dommage que Nokia n’adopte pas le RDS comme le fait Apple sur l’iPod et SonyEricsson sur ses mobiles), vidéo, jeux. Le menu « paramètres » évolue et les thèmes offrent davantage de possibilités de personnalisation.

L’aspect multimédia

Après avoir transféré 500 Mo de musique et téléchargé quelques podcasts (transfert du fichier OPML d’iTunes sur l’appareil, immédiatement reconnu par le N95 pour son application Podcasting), navigation aisée dans les menus, tout à fait comparable à ceux des premiers iPods. iTunes ayant choisi un mode exotique d’intégration des pochettes, elles ne s’affichent pas sur le terminal, ce qui ne constitue pas un frein majeur. De nombreux réglages sonores – inspirés du N91 – sont disponibles depuis le menu « options » du lecteur média : stéréo 3D, correcteur physiologique, égaliseur. Le volume du son est identique à celui des N91 et W950, respectueux des normes européennes. L’utilisation du casque fourni avec l’appareil par Nokia réduit considérablement l’expérience : il est de très piètre qualité. La connectique jack 3,5 permet toutefois de contourner le problème. Notre conseil : un casque AKG, Sony ou encore le HS-62 de Nokia (50 euros) construit par Philips.

L’interface très « iPod »-dienne du lecteur multimédia reste loin derrière le Walkman 2.0 de SonyEricsson. Il manque également une interpénétration des modules vidéo, podcast, photos et musique « à la iTunes ». Nokia devra parfaire cette interface pour proposer un produit homogène et aussi simple à manipuler qu’un iPod. Nous n’y sommes pas.. Le clavier multimédia coulissant (à gauche) se révèle pratique : lecture, titre suivant ou précédent, avance rapide, stop.


Sur le flanc droit de l’appareil, on trouve une touche de mise au point photo, une touche d’accès à la galerie photo/vidéo, un bouton de réglage de volume ainsi qu’un diffuseur. L’autre diffuseur (stéréo donc) se trouve sur le flanc droit, aux côtés des prise jack 3,5 standard (une vraie avancée qu’il s’agirait de généraliser chez HTC, Samsung, Motorola et surtout SonyEricsson !), du port infrarouge et du slot de carte mémoire (format MicroSD). Sous l’appareil, une prise destinée au chargeur (format mini style N70/N73) et un port mini-USB. Nos tests nous indiquent qu’en mode stockage de massage, nous ne dépassons pas les vitesses de la génération USB 1.1. Impossible sur Macintosh d’utiliser le mode « Lecteur média », compatible cela dit avec Windows Media Player sous Windows. Dommage que, comme dans le cas du N91, Nokia ne fournisse pas une application de transfert compatible avec iTunes (que ce soit sur Macintosh ou sous Windows).

Le Web 3,5 G dans la poche

Le web mobile est également l’un des principaux atouts revendiqués par le constructeur : il tient ses promesses. La version embarquée par le N95 du navigateur S60 – petit cousin du Safari d’Apple – affiche les pages rapidement, même complexes (blogs, tableaux). Exit l’application « Services » : le web et le WAP sont désormais réunis dans une seule application (il suffit de choisir le bon APN chez votre opérateur). Chez Mobistar, en EDGE ou en 3G+, la télévision en ligne est fluide et immédiatement accessible sans réglage particulier. Le système configure automatiquement les principaux APN de votre opérateur : MMS, Wap, Web, streaming.

Quelques tests de vitesse effectués avec l’appareil depuis le navigateur intégré (opérateur : Mobistar) :

  • EDGE : 174 kbps
  • 3G (HSDPA, Bruxelles, Meiser) : 1650 kbps
  • WiFi (Coditel, 20 Mbps) : 8800 kbps (même test effectué sur le portable : 19000 kbps)

L’utilisation du GPS dans l’état initial d’installation est des plus aisée : on lance l’application qui tente de vous localiser via la puce GPS intégrée (test effectué dans un bus à l’arrêt) et une carte est téléchargée via la connexion Internet du mobile. Il est également possible de télécharger les cartes directement depuis son micro-ordinateur et de les transférer sur son mobile. L’application est fournie à l’essai, tout comme désormais HTC sur son 3600. Une formule d’abonnement est ensuite proposée aux utilisateurs souhaitant utiliser le GPS.

Seul dans la jungle ?

Quel est donc le principal concurrent du N95 aujourd’hui et quel est son prix ? A bien y réfléchir, il est difficile de trouver un appareil doté d’une telle dose de technologies (3G+, GPS, appareil photo de qualité) et d’applications (professionnelles comme multimédia). Nous estimons aujourd’hui que seul le HTC 3600 peut rivaliser avec lui : son prix est de 600 euros, il est plus lourd, son appareil photo est très banal et il n’embarque pas de radio FM, mais dispose d’un écran tactile. Windows Mobile jouit d’une très importante logithèque, plus étendue encore que celle de Symbian. Toutefois, le choix du HTC sera probablement motivé par des critères liés à l’univers professionnel : la qualité des photos, des vidéos, l’intégration d’une prise jack, le GPS (gratuit, seul le guidage vocal est payant – formule d’abonnement -) et les logiciels multimédia font du N95 un concurrent beaucoup plus orienté sur un segment technophile particulier. Dans une moindre mesure, le SonyEricsson P990i peut rester dans la course (notamment au niveau de la qualité de ses applications multimédia et photo) : sa pauvre logithèque UIQ rend toutefois cette comparaison difficile. Windows Mobile et Symbian semblent aujourd’hui à l’évidence avancer comme les deux principaux « standards » du marché, le couple Java/Linux n’étant pas encore venu troubler la fête sur le marché.

Autonomie lamentable ? Relativisons !

Vient ici forcément le critère de l’autonomie. Et c’est vers ce point que les projecteurs semblent se tourner. Là où les immenses batteries embarquées par les derniers HTC lui offrent une autonomie de 2 jours, Nokia n’a semble-t-il pas pu optimiser la durée de veille de son dernier rejeton. Nous estimons à une journée et quelques heures l’autonomie de cet appareil. Cette estimation est motivée par plusieurs critères, dont celui d’une utilisation intensive du N95 : téléphonie, utilisation des réseaux 3G, SMS, téléchargement de podcast, photos, transferts Bluetooth, WAP. Une manipulation consistant à réduire l’exploitation de la puce WiFi – testée également sur d’autres modèles comme les N80 et N91 – permet de gagner, à en croire plusieurs dizaines d’utilisateurs s’exprimant sur les forums d’Esato, 50 % d’autonomie en plus. Une recharge quotidienne est donc conseillée. Gageons que cette autonomie pourra être corrigée au fur et à mesure des mises à jours que Nokia publiera.

Le N80 a connu le même jugement négatif à ses débuts. Il permet aujourd’hui de tenir deux bonnes journées sur les réseaux 3G.

Cas personnel : rechargé la nuit dernière, allumé à 4h45, utilisé intensivement depuis (photo, Bluetooth, baladeur, radio FM, sur réseau 3G) : il reste alors qu’il est 16h22, 4 des 6 « barres » apparues ce matin. Expérience identique me semble-t-il à celle du P990i.

Premier avis

Il nous faudra encore analyser plus finement des détails liés à la stabilité du système (aucun plantage en 24 heures d’utilisation intensive), à la prise de vidéo ainsi qu’aux multiples applications embarquées (PDF, Office, GPS). Jérome Goddeeris planche actuellement sur un test plus complet et plus clair. Nous souhaitions toutefois partager avec vous, 24 heures avant sa disponibilité officielle, nos premières impressions sur un appareil qui, alors que l’iPhone n’est pas attendu avant la fin de l’année en Europe, fait aujourd’hui figure de terminal de convergence le plus évolué et le plus léger au monde.

Son prix (750 euros TTC environ) restera indubitablement un frein à une large adoption, les terminaux ne pouvant être financés par les opérateurs en Belgique. Il trouvera son public, c’est sûr : un public adulte de type CSP+ à fort pouvoir d’achat, d’allure décontractée. Son prix est certes élevé mais ses prestations sont fulgurantes. Il baissera, c’est certain. Rappelons que les modèles les plus proches, HTC 3600 (GPS intégré), N93i, HTC TyTN évoluent dans la même gamme de prix.

Comme tout utilisateur Macintosh qui se respecte, j’apprécie la disponibilité de greffons permettant à iSync de travailler avec le N95 immédiatement. Les utilisateurs de Windows (Vista compris) disposent eux d’une application plus robuste et complète : un PC Suite permettant de synchroniser, archiver, mettre à jour et alimenter leur terminal. Quant aux utilisateurs de Linux, ils apprécieront la connectique « stockage de masse » standard permettant de gérer les transferts de manière tout à fait standard.

Quelques photos prises avec l’appareil en résolution 3 Mpx, mode automatique, réduites sans réglages et sans correction au format 400×300 pixels via iPhoto. Deux photos ont été prises dans les studios et bureaux de MINT à Bruxelles : la première n’est autre que notre salle de réunion, la seconde vous présente notre journaliste Xavier Van Buggenhout.

Résumons-nous !

    Les points positifs

  • Format compact, léger
  • Ecran clair et lisible, lumineux. Excellent rendu des couleurs.
  • Système Symbian plus rapide, démarrage en 20 secondes
  • Applications multimédia complètes (musique, vidéo, radio FM, podcasting, GPS)
  • Configuration zéro (compatible iSync, paramètres opérateurs automatiques)
  • Photos. Du niveau du K800, un gage de qualité. En mode vidéo, le N95 atteint presque le niveau du N93.