« Puisque vous partez en voyage », la Commission européenne se félicite. La facture de près de 400 millions d’européens se voit désormais allégée de 60 % pour les communications passées dans l’un des Etats membres. Pourtant, tout le monde ne partage pas l’enthousiasme de Viviane Reding, la Suisse par exemple, obligée malgré elle de suivre le deuil des profits insolents réalisés jusqu’ici sur les tarifs d’itinérance.

Au rang des meilleurs élèves européens, on trouve BASE, opérateur qui n’a pas hésité à devancer les délais imposés par la Commission en appliquant les tarifs dès le mois de juillet dernier. D’autres opérateurs ont été beaucoup plus loin : aux Pays-Bas et en Grande Bretagne, les tarifs d’itinérance appliqués sont respectivement de 20 et 30 centimes d’euros. La preuve que le trésor de guerre des opérateurs n’était pas si intouchable qu’ils n’y paraissait et qu’une baisse des tarifs, même imposée, ne fait que rétablir de l’ordre dans des plans tarifaires souvent guidés par des comportements oligopolistiques.

Au fond de la classe, certains opérateurs ont semble-t-il oublié de jouer le jeu. Exemple en Belgique : Mobistar, qui semble avoir trop « discrètement » informé ses abonnés, maintenant jusqu’à la dernière seconde tarifs élevés. La Commission surveille.

Oui mais voilà, la pression exercée par les services de Viviane Reding font des mécontents, les Suisses par exemple. Dans une tribune accordée par le quotidien « Le Temps », Valentin Petkantchin, Directeur de la recherche à l’Institut économique Molinari (Paris et Bruxelles), dénonce un « plafonnement bureaucratique des prix du roaming dans l’UE – allant à l’encontre du libre marché -. »

On rétorquera au Directeur de recherche qu’un marché maintenant des prix aussi élevés n’est ni libre ni sain. Il évoque la pression exercée en Suisse par « Monsieur Prix » pour réclamer « que le Conseil fédéral intervienne pour que les Suisses puissent bénéficier de baisses de prix comme celles décidées au sein de l’UE. » Il dénonce également une «pétition pour de justes prix en roaming international», appuyée par plusieurs organisations de consommateurs et médias de consommation.

A présent, la Commission peut s’occuper d’autres dossiers tout aussi brûlants : les messages courts (SMS, MMS) d’un côté, les communications « data » de l’autre (forfaits Internet, EDGE, 3G, WiFi). A cela, notre directeur de recherche craint que « le plafonnement bureaucratique des prix d’itinérance affecte aussi des secteurs connexes susceptibles d’offrir les mêmes services de communication. Par exemple, les technologies de Voix par Internet (VoIP) et de Wi-Fi permettent des communications mobiles sans fil au niveau local et utilisant ensuite les différents types de réseaux filaires. »

Nous, qui ne sommes pas directeurs de recherche, sommes donc coupables, idiots, illogiques de penser qu’un forfait « data » commercialisé par un opérateur à 15 euros pour 10 Mo (puis facturé à 12 euros le Mo une fois la frontière d’un autre Etat membre franchie) est le symbole d’un problème de régulation des prix sur un marché libre et sain.