Test Achats a souvent dénoncé, mais la caravane passait. Aujourd’hui, Base met les pieds dans le plat : l’Etat belge n’a aucune vision claire dans le domaine des télécoms et l’IBPT n’agit pas en faveur des consommateurs. Marcel Smits, le directeur financier de KPN, maison-mère de Télé 2 et Base, était de passage à Bruxelles cette semaine. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses déclarations incendiaires sur l’état de la libéralisation des télécoms en Belgique arrivent à point nommé : hier, Belgacom annonçait que la vitesse de son ADSL Go resterait telle quelle et que ses prix ne seraient pas revus à la baisse.

Face à la plupart des autres Etats européens, la libéralisation du marché des télécommunications en Belgique reste mal organisée, malgré les apparences. Depuis plusieurs mois, sous l’oeil complice des autorités fédérales ou régionales, un duopole se crée sur le terrain du triple play (télévision, Internet, téléphonie fixe et mobile) : Belgacom face au câble, deux entités plus ou moins liées aux pouvoirs publics. Face à ces entités, on trouve aujourd’hui une foule d’opérateurs en situation souvent délicate, financièrement ou, plus grave, en termes de recrutement de clients : Scarlet, Télé 2, Mobistar, etc.

Dans le monde mobile, beaucoup plus stimulé, Mobistar n’a jusqu’ici jamais vraiment exprimé publiquement ses difficultés sur le terrain de la ligne fixe et de l’aDSL : aucune déclaration publique de la filiale d’Orange sur ce dossier, souvent délicat et passé sous silence. Il est heureux que Base réagisse. Et il était temps.

RTTMarcel Smits : « Quelle est la vision du politique sur les télécoms en Belgique,
à moins que nous voulions simplement en revenir au temps de la RTT? »

Question posée par Marcel Smits : « Quelle est la vision du politique sur les télécoms en Belgique, à moins que nous voulions simplement en revenir au temps de la RTT? » D’après le dirigeant de la maison-mère de Base et Télé 2, l’absence de vision politique « s’oppose à la libre concurrence », en cela que chaque décision ou report favorise « chaque fois le détenteur du monopole historique, Belgacom, affaiblissent les nouveaux concurrents. » Il cite en exemple son entreprise, KPN, aux Pays-Bas : « Le gouvernement néerlandais ne détient plus d’actions dans KPN, ce qui permet à l’entreprise de fixer d’autres priorités, comme une polarisation accrue sur l’innovation technologique, des prix plus serrés et une expansion internationale. »

Qualifiant l’IBPT de petit mouton suivant uniquement les recommandations de la Commission européenne, Marcel Smits enfonce le clou : « Au niveau de la réglementation, l’IBPT ne fait preuve d’aucune audace au bénéfice du consommateur. La protection accordée à l’opérateur national Belgacom conforte sa solidité financière, ce qui en fait une proie intéressante pour des repreneurs étrangers qui, compte tenu du manque de vision actuel de l’entreprise, risquent de ne voir dans cette acquisition qu’une opération purement financière. »

Tout pourrait être différent en adoptant, selon lui, les modèles néerlandais et anglais de KPN et BT. On pense également au modèle français où une puissante autorité de régulation veille à ce que la concurrence soit stimulée, ce qui engendre une baisse des prix et une innovation constante. Smits prévient : si rien n’est fait, « la facture télécoms deviendra bientôt plus chère. »

Pendant ce temps, le gouvernement a bien d’autres tracas et Belgacom, qui trace le sillon VDSL et se tient prêt pour les J.O. de Pékin, lance un décodeur haute définition.