70 000 iPhones ont été vendus en Allemagne depuis novembre. De quoi se réjouir, certes, mais pas de quoi en faire un plat non plus. En un seul trimestre fin 2007, le premier constructeur mondial, Nokia, a écoulé 133,5 millions de téléphones. Marketing bien huilé, diktat d’un puissant service de communication : la méthode Apple fait le bonheur des rédacteurs, mais n’aveugle-t-il pas un peu les observateurs ?

Les chiffres incomparables 

T Mobile (Deutsche Telekom) publiait ce week-end les résultats de vente de l’iPhone, commercialisé en Allemagne depuis le 9 novembre 2007. 70 000 exemplaires ont été vendus en 11 semaines. En France, ce sont également 70 000 appareils qui ont été écoulés entre le 28 novembre et le 10 janvier dernier. Ces chiffres ont rien d’exceptionnel : il suffirait de les comparer la progression des derniers nés de la gamme NSeries de Nokia, des photophones/Walkman de Sony Ericsson ou encore des modèles branchés de Samsung et LG.  Oui, mais voilà :  comment les comparer, avec quels modèles, vu la politique restrictive imposée par Cupertino sur cet appareil ?

Et pourtant ! Ces ventes traduisent une tendance positive pour l’évolution des services multimédia mobiles.  Ne viennent-ils pas également sonner le glas des portails inutiles développés par les opérateurs pour brider l’accès à Internet mobile ? Utilise-t-on un iPhone pour Orange World et Vodafone Live… ou pour accéder à Facebook et Flickr ?

Si l’iPhone reste probablement aujourd’hui l’appareil doté du système d’exploitation le plus évolué du monde, ses ventes se voient grevées – ou peut-être simplement manipulées et orientées – par une politique de distribution basée sur l’exclusivité : 4 pays sur la planète à ce jour.

La faute également au modèle économique inédit, obligeant l’opérateur à rétribuer Apple et à pratiquer une tarification mensuelle élevée ainsi qu’une durée d’engagement tout à fait déplorable (2 ans !).

Sans oublier le bridage de l’appareil (le kit de développement a mis presque un an à voir le jour) : l’iPhone est pieds et poings liés à… iTunes, qui sera probablement le passage obligé pour installer les futures applications certifiées « persona grata ».

On estime aujourd’hui que près de 40 % des iPhone vendus dans le monde seraient achetés avec l’intention de les débloquer, les rendant ainsi hors la loi aux yeux d’Apple. 40 % d’iPhones hors circuit, un poids considérable que la toute puissance ne peut pas prendre à la légère. On imagine mal Apple procéder à une vague massive de blocages via iTunes.

La communication opaque  

A l’occasion de la conférence de presse d’Apple, organisée à Bruxelles ce lundi, nombre de questions ont fusé sur la disponibilité de l’iPhone en Belgique, auxquelles les représentants locaux ne peuvent apporter de réponse, affichant l’iPod Touch comme une alternative.

A vrai dire, la communication d’Apple se résume désormais à la publication de communiqués de presse que les journalistes sont priés de copier/coller, sans possibilité de poser la moindre question. Et, malheureusement, certains jouent le jeu (blogueurs et rédacteurs complaisants), légitimant ces méthodes de communication opaques.  Pas question de prendre des photos, de déposer un micro, voire de poser une question sortant des sillons tracés.

La moindre poussière sur l’écran d’un iPhone est désormais devenue une information. Il convient de reprendre ses esprits et de se demander si l’iPhone ne monte pas un peu trop à la tête des journalistes, rédacteurs, blogueurs, etc.

La méthode de communication de l’entreprise et de distribution exclusive de l’appareil ne peut être objectivement soutenue par quelque observateur.  Pas plus que l’opacité de la communication de l’entreprise qui, il y a 10 ans à peine, adoptait moins d’arrogance lorsqu’elle réunissait des journalistes à la présentation de ses produits.

Réveillons-nous !