C’est sans doute la première fois que l’interface d’un système d’exploitation mobile s’approche de si près de l’iPhone. Palm a profité du CES pour annoncer la disponibilité d’un nouveau mobile, tournant sous WebOS, un système Linux de toute beauté basé sur les langages du web.

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Palm revient de loin. Palm avait besoin d’un électochoc. On s’attendait au pire et la société a réussi son premier pari : regagner l’intérêt des observateurs et des journalistes présents ce jeudi à Las Vegas à l’occasion de la présentation du Palm Pré et de son système d’exploitation maison, WebOS.

Palm n’avait cessé de perdre du terrain face à ses concurrents ces dernières années. Palm OS, cédé à Access, a vécu. Windows Mobile avait permis à la société de bénéficier d’un sursis. Aujourd’hui, c’est un système d’exploitation « maison » qui voit le jour. Une enième plateforme pour des développeurs déjà bien sollicités ? Certes, mais la plus simple qui soit : celle qui mise avant tout sur ce que l’on appelle les langages du web, à savoir le CSS, le HTML, le XML et Javascript. Celle qui considère qu’au fond, le web est un langage universel et qu’il suffira à satisfaire tous les besoins en matière de divertissement mobile.

Nul n’a entendu parler de Linux lors de cette présentation. Au fond, quelle importance ? Les différentes couches de WebOS n’ont pas besoin de subir d’autopsie. Le résultat est visible : une interface « AJAX » travaillée, humaine et agréable, dont le développement est coordonné par Jon Rubinstein, un ancien… d’Apple, responsable notamment du design de l’iPod et de certains iMac.

Le Palm Pré, c’est son nom, sera livré durant le premier semestre – à une date et un prix inconnus – aux Etats-Unis via Sprint. Une version 3G universelle est bien confirmée, mais sans plus de détails pour l’instant. Le modèle présenté à Las Vegas est compatible avec la « 3G américaine », EvDO Rev. A.

Wifi (b/g), le Pré embarque un processeur TI OMAP 3440, le Bluetooth 2.1, une puce GPS, un appareil photo de 3 Mpx (focus manuel) ainsi que 8 GB de mémoire vive. Cette capacité peut-être étendue par MicroSD. Pas de connectique propriétaire : micro-USB pour la recharge et la synchronisation, jack 3,5 mm pour le son. La batterie est amovible.

Le Web dans son ADN

Son navigateur web est basé en partie sur le moteur Webkit, qu’utilisent déjà Apple pour Safari, Google pour Android, mais également Nokia pour le S60 Browser. De l’aveu général – celui des journalistes et blogueurs présents -, il affiche les pages avec une vélocité rare, offrant même des miniatures des sites web, à l’image des versions « desktop » d’Opera.

Tout le web y est, de Gmail à Facebook en passant par FlickR, Pandora, Last.fm, AOL, Yahoo!, Youtube, etc. Palm s’est assuré la collaboration d’une floppée de partenaires web essentiels.

Avec son écran de 3 pouces, le Pré propose deux modes d’interaction : la manipulation tactile et un clavier complet coulissant. Le multitouch est intégré, contrairement à l’un de ses principaux concurrents, le S60 tactile, très attendu lui aussi. Inutile de dire que Nokia (via la Symbian Foundatin) va devoir mettre les bouchées doubles pour arriver à un tel niveau d’esthétique visuelle et de simplicité. Exemple : Synergy, une interface qui regroupe de manière totalement automatisée vos contacts issus de votre carnet d’adresses, de votre Gmail, de votre compte Facebook ou Outlook. Synergy peut gérer les messages – SMS, MMS, email -, mais également les rendez-vous. Tout votre monde virtuel est synchronisé, de Google Calendar au téléphone en passant par Outlook, Facebook, etc.

L’une de ses caractéristiques les plus innovantes est la disponibilité d’un chargeur à induction magnétique, le Touchstone. Il se fixe au téléphone via un aimant pour le recharger.

Ne surtout plus attendre

Palm a réussi à provoquer intérêt et admiration. Avec son WebOS, il fait une fois encore la preuve de la nécessité pour les constructeurs d’éviter la segmentation des plateformes et de coordonner matériel et logiciel, à l’image d’Apple et RIM. Une copie que ferait bien d’épouser des acteurs comme Sony Ericsson et Samsung.

Pour Palm, la prochaine étape sera cruciale, la commercialisation d’un produit fini, désirable et exempt de bugs. Une commercialisation rapide, car la concurrence risque de répliquer plus vite que prévu, sur un marché où certains acteurs, Nokia en tête, avouent arriver dans l’univers tactile « avec un esprit de revanche. »

Palm a connu bien des déconvenues, entre Palm OS, Windows Mobile, l’acquisition manquée du système d’exploitation BeOS. WebOS est une nouvelle naissance. Gageons que le baptême connaîtra le succès que cette audace – d’un système d’exploitation 100 % Web – mérite aujourd’hui.

Cedric GODART (avec Toolinux.com)

Lien : Palm Pré sur www.palm.com

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