Il semble peu probable que la Belgique francophone soit citée en exemple pour l’utilisation de nouveaux moyens de communication à des fins politiques.

Est-ce par prudence, par méconnaissance, par absence totale de compte-rendu sur le sacre d’Obama ou vivent-ils sur une autre planète ? Qu’elle que soit la raison, nos édiles politiques ne s’appuient toujours pas sur des médias peu gourmands en argent et pourtant terriblement efficaces. Si flux RSS et vidéos ornent enfin les sites web des quatre principaux partis, pour les YouTube, Facebook et SMS, il faudra attendre la prochaine tournée.

Six mois se sont doucement écoulés depuis l’élection d’Obama (et sa campagne mobile exemplaire) et malgré cela, aucune leçon n’a été retenue. Pire: le seul point d’information électronique véritablement organisé et centralisé n’est autre que le site web des partis. Avec un handicap de taille pour le cdH: cdh.be est détenu par une entreprise. Il faudra donc prier Saint-Google pour attirer les foules.

C’est néanmoins le cdH et le MR qui remportent probablement la palme de présence sur FaceBook. On ne sait par contre pas forcément laquelle. De leurs sigles particuliers sortent une kyrielle de groupes désorganisés, locaux. Bref, un foutoir. Du côté du PS, si on fait abstraction des fans club de certains gros calibres, il faut d’abord arriver à trouver le bon groupe, à ne pas confondre avec ses voisins français. Ecolo semble plutôt en retrait sur ce site socialisant.

La remarque globale vaut pour l’ensemble: la présence sur Facebook naît d’initiatives isolées, bien intentionnées mais inefficaces. Dommage. L’effet viral est pourtant dévastateur. A leur décharge, les partis ont probablement quelques craintes sur l’enthousiasme du citoyen à afficher ses couleurs. Mais totaliser à eux 4 moins de 10.000 fans plus ou moins officiels, c’est un échec.

Côté vidéo, même si l’artillerie lourde a été engagée, la Wallonie n’est pas encore prête à rentrer en compétition pour des palmes d’or. D’une part, bon nombre de réalisations sont calquées sur un modèle dépassé. D’autre part, elles sont exclusivement disponibles sur les sites des partis, dans des rubriques aux noms tellement originaux comme PS TV, MR TV et cdH TV. Du côté d’Ecolo, on ne simule pas. Il n’y a pas de nom. D’autre part, il est impossible de partager ses courts films sur d’autres sites. Pas de chaîne YouTube ou autre et impossible de poster une séquence sur un service social. Stupide, incohérent et, avant tout, indigne de l’ère internet actuelle.

Et le mobile ?
S’il est tout à fait concevable des sortir des arguments valables pour différencier la campagne d’Obama et celle des candidats wallons et bruxellois, sur le point du mobile, les choses sont nettement moins compréhensibles. Apporter son soutien en envoyant un SMS ou en acceptant de financer une campagne par un service de messages payants sont des actions nettement moins visibles, plus personnelles et diablement efficaces. En Belgique, peut-être qu’un service d’alertes gratuites par SMS serait plus opportun.

Mais, tout compte fait, aucune initiative dans ce sens n’a été prise jusqu’à présent et il existe une très faible probabilité pour que le contraire se produise. En attendant, les citoyens devront se farcir des débats télévisés et la course au meilleur colleur d’affiches A3. Le 7 juin au matin, il ne sera pas important de surveiller son mobile pour voir si le parti choisi envoie un dernier rappel intelligent à ses supporteurs mais bien de dresser la liste des candidats qui ont leur bobine partout dans les rues. Comme en 1960. Nous sommes en 2009.

Peut-être que le pire est de savoir que les partis sont conseillés par des agences de communication maintes fois primées par les organismes publics. Ce sont ces mêmes agences qui organisent les campagnes politiques.