EDITO | Le mois de juin est chaud, très chaud. En l’espace de 24 heures, le HTC Magic a été rendu disponible et les iPhone sont passés à la version 3.0. Que choisir ?

Même si notre plat pays n’est pas un marché crucial où les principaux acteurs de l’industrie mobile ne se livrent pas une bataille déchaînée, nous héritons tout de même du meilleur de la technologie. Désormais, les iPhone équipes du firmware 3.0 cohabitent avec Android embarqué sur cet HTC Magic. Verdict des premières impressions.

Passer d’un iPhone à Android est aisé
S’il est essentiel d’utiliser un compte iTunes (et très recommandé de renseigner une carte de crédit) pour le téléphone d’Apple, un compte Google est particulièrement conseillé afin d’exploiter les fonctionnalités d’Android. A l’allumage, d’ailleurs, c’est la première question que pose le HTC Magic. Le login et le mot de passe à peine rentrés, la synchronisation s’opère instantanément via le réseau 3G ou Wi-Fi. Très étonnant: contrairement à ce qui est proposé par Google Sync pour l’iPhone, Android télécharge l’ensemble des contacts. Même ceux à qui on a envoyé un mail lorsqu’on était toujours puceau de technologie mobile. Cela pose un très léger problème lorsqu’on gère le formulaire de contacts de Belgique Mobile via Gmail.

Question simplicité, l’iPhone remporte la palme des premiers instants. Au déballage, le téléphone d’Apple est moins déroutant et semble plus cohérent. L’ensemble des actions se déroulent via l’écran tactile et l’unique bouton n’a qu’une fonction apparente: revenir à l’accueil. Sur le HTC Magic, même si les sigles utilisés sont simples, les six boutons et le trackball demandent un temps d’adaptation. Que peut donc bien foutre un trackball sur un téléphone à grand écran tactile ? Deux choses viennent à l’esprit rapidement: la réactivité de l’interface (particulièrement dans les applications gourmandes en ressources réseau – Android Market par exemple) force l’utilisateur à opter pour la boule. Ce trackball est également très utile pour réaliser des clichés ou des vidéos. Pas stupide.

Autre raison qui nous vient en tête: la comparaison avec les BlackBerry. Et cela dépasse le trackball. Les notifications envoyées en push sont discrètes mais très efficaces. Une faible sonnerie agréable témoigne d’un nouveau message ou de biens d’autres choses (les applications ont accès à la zone de notification). Au sein de l’interface, il suffit de descendre la barre que l’on pourrait comparer à une barre des tâches sous Windows ou Linux et les informations sont affichés. Des liens envoient vers un nouveau message reçu, un e-mail ou un message instantané. Google Talk, disponible en standard, peut effectivement fonctionner en arrière-plan ou s’éveiller à la moindre activité. Un monde de différence avec l’iPhone dont les notifications semblent nettement moins bien pensées. Néanmoins, il sera peut-être dérangeant de ne pas toujours pouvoir quitter définitivement une application sans passer par le menu de cette application. Sur le téléphone d’Apple, les choses sont plus claires, plus rapidement.

Par contre, toujours côté ergonomie, de prime abord, il est complexe de comprendre pourquoi Android dispose de ce petit onglet inférieur qui ouvre les icônes des applications. La réponse se trouve dans la possibilité de placer des widgets sur le bureau. Lorsque l’iPhone se limite à des raccourcis agrémentés de chiffres de notifications, Android permet nettement plus de possibilités. Les mélomanes, par exemple, pourront construire un bureau musical avec un mini lecteur média et des raccourcis vers certains dossiers. Les hommes d’affaire placeront un cadre agenda avec les rendez-vous à venir. Les possibilités sont infinies. D’autres widgets sont disponibles dans l’Android Market comme, par exemple, une petite batterie qui offre des raccourcis rapides vers l’activation et la désactivation du Wi-Fi ou du Bluetooth très gourmands en énergie. Ingénieux. Le caractère ouvert d’Android donne des résultats enthousiasmants de ce côté.

L’omniprésence de Google dans Android
Comme nous l’avons déjà dit, acheter un téléphone Android et ne pas adorer Google est incohérent. Mais il faut apprécier l’ensemble des services du géant américain. Ce qui peut poser problème lorsqu’il s’agit de synchroniser le téléphone. En ce qui concerne les contacts et e-mails, pas de souci. Par contre, importer une partie de sa bibliothèque musicale est loin d’être aussi souple qu’avec un iPhone et, fatalement, le célèbre iTunes.

De manière un peu stupide, j’ai eu la faiblesse de croire que, Android étant basé sur Linux, connecter ce téléphone HTC à une distribution Ubuntu aurait provoqué quelque chose de Magic. Ubuntu proposant pourtant une catégorisation des fichiers média (musique, images, etc.). Mais il faut un pré-requis important. Brancher le câble USB oblige à faire un choix sur le téléphone: soit monter la carte microSD, soit synchroniser via HTC Sync. Monter un lecteur… Hum. Oui, nous sommes sous Android. C’est du Linux mais c’est simple (et expliqué). Après le montage de la carte, Ubuntu ouvre un dossier dans lequel se trouve un fichier… htc_sync.exe. Reboot sous Windows donc et bonjour les utilisateurs Mac/Linux.

Installer l’application HTC Sync sert à une chose: synchroniser avec Outlook. Et rien de plus. Passablement inutile vu les possibilités offertes par Google. Charger ses fichiers musicaux, photos et vidéos se fera à la manière bourrin: des copier-coller. Ce point est particulièrement négatif. Mais doit-on l’imputer à Google ou à HTC. Qu’importe. Apple et iTunes sont très largement supérieurs à ce niveau. Même si, en Belgique, on doit se limiter à l’achat de musique mais ça, c’est une toute autre histoire.

Les services de Google étant partout, il n’est pas étonnant de trouver un raccourci Gmail, Contacts et Maps sur le bureau. Pour envoyer un SMS, il faut soulever l’onglet et faire défiler les icônes jusqu’au fond pour trouver un lien SMS/MMS. On peut comprendre la stratégie industrielle d’imposer son service mail mais au prix des connexions au web mobile (chez Proximus d’ailleurs – merci pour la carte SIM gratuite de test), le SMS n’est pas encore tout à fait inutile.

Physiquement, c’est une histoire de goût
On vous parle de l’intérieur mais un point essentiel est aussi l’aspect extérieur. De toute évidence, le HTC tient mieux dans la paume de la main. S’il est connu que l’iPhone n’est pas évident à maîtriser d’une main, c’est le contraire pour le Magic. Plus petit, mieux courbé et plus léger. Incidence: l’écran est lui aussi plus petit. Par contre, une diode indique si une notification a été reçue (appel manqué, SMS ou e-mail). Ce qui ne serait pas inutile sur l’iPhone.

Les touches du HTC Magic font vraiment penser aux pires gadgets chinois. Et cette impression s’accentue avec l’éclairage interne. Le mot ‘menu’ devient carrément illisible. Le trackball, lui, ne dispose pas d’une petite LED. Dommage. La présence d’une touche pour décrocher immédiatement donne un confort supplémentaire par rapport à l’iPhone. Par contre, si peut saluer l’utilisation du microUSB sur le Magic, l’absence d’une sortie jack audio est regrettable.

Verdict: iPhone 3G avec iPhoneOS 3.0 ou HTC Magic ?
Bon nombre de profils seront portés vers l’iPhone. Du point de vue divertissement et multimédia, la question ne se pose même pas. Apple, même également Nokia et Sony Ericsson, ont pris une longueur d’avance non négligeable. Google devra inévitablement trouver une solution pour que la gestion et la synchronisation des fichiers média soient bien plus simples et intégrés. Apple dispose également d’un confortable avantage sur la disponibilités d’applications intéressantes et amusantes. L’Android Market belge est truffé de logiciels gratuits mais, à l’instar des distributions Linux, pas toujours bien terminés, bugués ou simplement inutilisables.

Le potentiel d’Android réside dans les applications qui tournent en arrière plan et la manière dont sont gérées les notifications. Mais si cet avantage est important à nos yeux, on préférera se tourner vers les BlackBerry. Ils ramèneront plus de gonzesses au lit 🙂

La véritable bataille à suivre sera probablement entre l’iPhone 3GS et le Samsung Galaxy. En attendant le verdict de Jérôme Goddeeris sur le N97 de Nokia. Ca en fait du beau monde ça.