La chose semble inéluctable. Les ventes conjointes en téléphonie mobile vont bien finir par arriver en Belgique. Qui va réellement en profiter ?

Débat délicat et parfois paradoxal que celui de savoir si le consommateur va réellement tirer un quelconque bénéfice de téléphones vendus moins chers contre de nouveaux contrats d’abonnement mobile. Les chiffres peuvent paraître clairs, les comparaisons sont parfaitement établies et pourtant, la demande des clients n’est pas révolutionnaire et les opérateurs sont d’une prudence d’orfèvrerie.

Qui plus est, le marché des opérateurs est particulièrement complexe en Belgique. Par exemple, Proximus et BASE affichent un revenu moyen approximatif par utilisateur de 23 et 15 euros quand Mobistar atteint 33 euros. Du simple au double suivant les options, offres et stratégies globales. La filiale d’Orange se consacre uniquement au mobile et développe au maximum l’utilisation de son réseau. Pour les deux autres, Belgacom et Tele2 assurent les services de téléphonie fixe et d’accès internet large bande. Pas question de se marcher sur les pieds.

Ces disparités belges annulent tout chance de comparaison objective avec les pays voisins dont certains sont également sujets à de telles différences. La taille, le pouvoir d’achat et le mode de consommation des marchés sont également des facteurs à prendre en compte. Oublions l’idée. Mais prenons tout de même en compte que l’ensemble des appareils fortement subsidiés sont vendus avec des forfaits particulièrement chers avec, bien entendu, des heures et des heures de communication et une kyrielle de SMS. Cet élément est une pierre angulaire du débat qui partage les défenseurs et les antis vente conjointe.

Aujourd’hui, le consommateur belge paye le prix fort pour un téléphone et choisit librement une formule qui lui convient. Il est tout à fait courant de croiser des smartphones de dernière génération avec des cartes prépayées chargées au minimum. Avec la vente conjointe, cette solution va progressivement disparaître. Ou elle peut persister mais avec l’obligatoire blocage de l’appareil sur le réseau qui le vend contre une ristourne ridicule. Tout profit pour l’opérateur. Les gros consommateurs, eux, pourraient s’y retrouver. Mais la généralisation des gros forfaits ne va pas forcément induire une augmentation de l’utilisation du réseau. Les offres illimitées ou faramineuses cachent très souvent une marge raisonnable. Et ce sont ces types d’offres qui accompagneront les prix les plus intéressants sur les appareils. La protection des consommateurs les plus faibles en prend un coup. Encourager à s’endetter durablement pour un téléphone à 500 euros, c’est le boulot des boutiques spécialisées qui n’hésiteront plus un seul instant à flouer le chaland.

En effet, les chiffres diffusés par les opérateurs sur l’utilisation moyenne par client varient peu et se situent très nettement en dessous de ce qui est lié à, par exemple, l’iPhone dans la plupart des pays. Même si les opérateurs deviennent un peu plus souples, il est évident qu’ils doivent retrouver quelque part la subsidiation qu’ils offrent sur l’appareil. Le cercle sera vicieux sur les acheteurs compulsifs.

Reste bien entendu des avantages à la subsidiation. L’éventuelle arrivée d’offres de contenu liées à certains appareils et des formules tarifaires définies. Par exemple, Nokia Comes With Music et PlayNow Plus. Mais comme ces produits ne décollent pas dans les pays où ils sont présents, peu de chance qu’ils débarquent également ici. Pourtant, lier abonnement et offre de contenu est une chance pour des industries meurtries comme la musique et le cinéma. Mais ça, c’est encore un autre dossier.