Forrester publiait la semaine dernière une étude sur l’adoption des solutions Internet mobiles en Europe entre 2009 et 2014, placée sous la direction de Thomas Husson. Principal enseignement : le nombre d’utilisateurs devrait quadrupler pour atteindre, en Europe de l’Ouest, les 40 %. En Belgique, on parle de 28 % : la faute aux opérateurs locaux, qu’il faudrait sérieusement réveiller.

Même si les conditions économiques ne sont pas favorables – allusion au renouvellement des terminaux -, cela ne devrait pas freiner la demande en connectivité haut débit mobile. Elle pourrait ainsi passer d’une moyenne de 10 % à près de 50 % en quatre ans, mais, pour Forrester, plusieurs freins se feront vite jour sur un marché très fragmenté, contrairement aux Etats-Unis par exemple. On compte ainsi plus de 50 opérateurs mobiles, pour 5 fois plus de MVNO, dans une dizaine de langues différentes. Et autant de cadres régulatoires.

Visiblement, les fondamentaux sont bons et les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour faire décoller le marché sur le vieux continent. Depuis l’avènement du Dieu iPhone, les constructeurs parviennent à proposer des mobiles de nature à susciter l’envie. Mais ce n’est pas tout. Pour Forrester, ce sont les services web qui serviront de moteur à la croissance de l’Internet mobile. La demande en téléphones intelligents a déjà bien été stimulée cette année, avec une progression annuelle européenne de 29 %. Autre phénomène : les opérateurs cherchent des relais de croissance, alors que le taux d’équipement frise le point culminant (parfois, il le dépasse dans certains pays). Enfin, les acteurs du web semblent prêts à investir dans le mobile : qu’il s’agisse des marchands, des éditeurs, des banques et des différents groupes de presse / médias.

Notre pays est plusieurs fois cité dans l’enquête. Une fois encore, il n’y a pas de quoi de parader. Si 9 % des abonnés se connectent à Internet aujourd’hui en Belgique, ils ne devraient pas être plus de 28 % en 2014. Aux Pays-Bas, notre voisin, les prévisions parlent déjà de 47 % : c’est dire. Plusieurs raisons sont évoquées par Forrester. La couverture 3G est loin d’être optimale (chez Proximus comme Mobistar) et le 3e opérateur (Base) n’activera son réseau 3G qu’en fin d’année, avec une couverture « citadine » dans un premier temps (le premier de la classe européenne en matière de 3G est aujourd’hui l’Italie). Il serait par contre injuste de condamner trop tôt Base/KPN dans ce dossier, en dehors de l’activation très tardive de son réseau haut débit mobile : l’opérateur a plusieurs fois prouvé qu’il était possible de proposer des tarifs plus simples (en voix comme en données mobiles) et souvent moins élevé.

Forrester cite également l’interdiction de vente conjointe – autre particularité en cours d’effacement -, qui n’a pas permis aux smartphones de trouver un plus large public du fait de leur prix élevé (les opérateurs n’ont jusqu’ici jamais subsidié les terminaux, tout en appliquant des conditions de souscription comparables aux Etats où la vente couplée est la règle). Ajoutons à cela la nécessité d’une clarification des tarifs pratiqués par les opérateurs mobiles belges : plus abordables et surtout plus transparents.

Lien : « Western European Mobile Forecast, 2009 To 2014 »