Nous évoquions ce lundi la naissance d’Altercom, un nouvel « opérateur triple play » en Belgique, à grand renfort de conditionnel. Pieter Barremaecker (ex-Full Telecom, actuel CEO d’Altercom) et Erwin Dirckx (Managing Director d’Infradata) ont accepté de répondre à nos questions pour clarifier le dessein du nouvel opérateur aux ambitions débordantes, mais discrètes.

Infradata est né il y a 6 ans aux Pays-Bas. La société fournit des solutions de connectivité, d’hébergement et de sécurité à de gros fournisseurs comme KPN, T-Mobile et Vodafone aux Pays-Bas. L’entreprise est active en Belgique depuis une bonne année : Erwin Dirckx en a pris la direction « locale ». Elle compte parmi ses clients le réseau social Netlog, en très forte croissance.

Le projet Altercom est né d’une discussion entre Erwin Dirckx et Pieter Barremaecker, lequel souhaitait lancer un nouvel acteur du marché ISP/ISV en Belgique. Face à de très gros concurrents sur un marché – de notoriété publique mal régulé et très fermé -, il fallait un partenaire capable de soutenir son développement. Infradata jouera ce rôle pendant une période de quatre ans, selon un accord passé entre les deux sociétés. Altercom basera ses services sur les routeurs de Juniper Networks, « nettement plus performants que ceux de Cisco, nous en sommes convaincus », s’exclame Erwin Dirckx. Infradata semble avoir permis à Altercom de bénéficier de conditions très favorables pour l’obtention de ce matériel. Remarque importante : la société ne dispose pas de son propre réseau, mais utilisera l’infrastructure wholesale de Belgacom.

Ne pas s’y méprendre : la marque Altercom ne risque pas de trouver écho auprès du grand public. Elle restera secrètement à la manoeuvre derrière des fournisseurs d’accès qui exploiteront ses produits en « marque blanche ». « N’attendez pas des annonces de KPN et Mobistar liées à nous, ce n’est pas notre créneau », corrige Pieter Barremaecker. « Nous avons un focus clair, celui des marchés de niche, qui existent à la fois en Flandre et dans le Sud du pays. Nous voyons d’ailleurs la Belgique comme un seul marché, pas un marché segmenté sur base linguistique. Les fournisseurs qui utiliseront notre technologie seront des sociétés capables de générer une base de plusieurs milliers de clients, pas davantage. » On songe à la fois à des groupes de média, des sociétés de services, des marchands (Vandenborre n’est jamais qu’un « Darty belge »), mais également à des MVNO. L’occasion pour plus d’un opérateur virtuel (Mondial Telecom, Toledo, etc.) de compléter son offre en « quadruple play » sans passer par Belgacom, TeleSat/TV Vlaanderen ou Telenet.

Quand ? Tout de suite, visiblement. Les services sont opérationnels pour ce qui est de la connectivité à Internet et la téléphonie fixe. Les premières offres devraient voir le jour fin octobre / début novembre via un fournisseur tiers, dont le nom ne nous a pas été révélé. « Nos clients cherchent la discrétion pour apparaître comme le fournisseur originel de l’offre voix/data », explique Pieter Barremaecker. « Ce que nous respectons. »

Techniquement, la connectivité Internet transitera par le réseau ADSL2+ de Belgacom – dans un premier temps en tout cas – : celui-ci permet d’obtenir des vitesses de l’ordre de 20 Mbps sur la quasi totalité du territoire belge (même si la distance du central influe, on le sait, sur la qualité du service offert). L’accès au réseau VDSL n’est pas à l’ordre du jour, un phénomène sans doute lié au manque d’ouverture et d’attractivité de l’offre Belgacom. Pour l’heure, selon Pieter Barremaecker, « les différences de performances ne sont pas très grandes entre les deux technologies. » Argument qui ne tiendra pas très longtemps : début 2010, pourtant, Belgacom promet d’augmenter la vitesse de ses lignes VDSL à 30 Mbps. Ces vitesses sont déjà disponibles à Bruxelles chez Numéricâble sur l’ensemble du réseau, qui évolue vers le 100 Mbps généralisé en 2010.

Seconde étape ? La télévision ! Elle sera fournie via des STB (Set-Top-Box ou « Box » pour le grand public à l’image des décodeurs de VOO/Numéricâble/Telenet ou la Freebox en France). « Le flux de la télévision prend à peine 1,5 Mbps de la bande passante disponible (Nldr : 20 Mbps), contre 4 Mbps pour la haute définition, selon nos tests internes », précise Pieter Barremaecker. Des accords doivent être trouvés avec studios, producteurs et chaînes de télévision, raison pour laquelle le déploiement de la télévision numérique ne pourra se faire avant la mi-2010.