Alors qu’une partie du personnel de Tecteo, en plein mouvement social, s’adonne à des coupures aléatoires sur le réseau VOO en région liégeoise, en France, la guerre des prix continue. Numericable – également présent dans plusieurs communes bruxelloises en Belgique -casse le prix de référence du Triple Play, de 29,90 à 19,90 euros par mois.

Souffrant toujours d’un déficit d’image, mais disposant d’un atout de poids (son propre réseau déployé en France), l’ex-Noos lancera début décembre sa première offre triple play (Internet, téléphonie et télévision numérique) au prix de 19,90 euros par mois via le câble. Le déploiement de l’offre mettra un peu moins de deux ans : il concernera tout d’abord 5 millions de foyers sur les 9,4 touchés par Numericable. C’est la deuxième grosse offensive contre le standard du prix de 29,90 euros imposé dès 2002 par Free, après l’arrivée de Bouygues Telecom et sa Bbox, laquelle introduisait le mobile dans l’offre, la propulsant dans l’ère du « quadruple play ».

Confirmation de Pierre Danon, Président Directeur Général de Numericable, invité ce matin de Stéphane Soumier à 7h15 sur BFM : le pack comprendra un accès 30 ou 100 Mbps (selon les zones) à Internet, le téléphone gratuit vers 53 pays (lignes fixes) et l’ensemble des chaînes de la TNT (HD compris) française. Cette baisse de prix s’explique également par la propriété du réseau, contrairement aux opérateurs du marché DSL, contraints de payer une redevance de 10 euros par abonné pour l’ouverture d’une ligne auprès de France Telecom / Orange. Pierre Danon citait également deux innovations pour le marché : d’une part, l’arrivée de Dailymotion et celle d’une chaîne musicale personnalisée en fonction des goûts de l’abonné.

Numericable .fr contre .be

Chez nous, la situation est moins joyeuse. Deux opérateurs se partagent le marché du triple play. Le câble tout d’abord (composé d’entités en situation de monopole géographique – VOO, Telenet et Numericable -) et Belgacom TV (actif sur l’ensemble du territoire) via les réseaux ADSL2+ et VDSL2 de l’opérateur historique.

Numericable a succédé à la marque Coditel en 2009. C’est l’opérateur câble présent dans le plus grand nombre de communes à Bruxelles, dont la ville de Bruxelles, Anderlecht, Watermael-Boitsoft ou encore Saint-Josse. Le déploiement du 100 Mbps y a commencé début 2009 ; il devrait s’achever début 2010.

Actuellement, trois offres restent particulièrement attractives face à la concurrence. D’une part, la formule téléphone illimité (national) et télévision numérique (100 chaînes + HD) à 24,90 euros. Le triple play classique (Internet 30 ou 100 Mbps selon les zones, téléphonie nationale illimitée et télévision numérique) à 39,90 euros. Enfin, un pack à 59,90 euros par mois permet de bénéficier de 60 chaînes thématiques supplémentaires, de la téléphonie illimitée vers les fixes dans 50 pays et d’un volume de 100 GB par mois. Sur toute la ligne, VOO et Telenet restent beaucoup plus chers et proches des « normes » de Belgacom, notamment en termes de volume de données mensuelles et de vitesses d’accès. Nul doute qu’avec l’arrivée début 2010 du 30 Mbps pour les clients VDSL de Belgacom, Numericable va encore faire bouger les lignes, mais sur un territoire forcément trop réduit pour provoquer des sueurs froides chez ses concurrents.

Pour la petite histoire, Altice, propriétaire de Numericable (alors Coditel), s’était porté acquéreur lors de l’appel d’offres pour la consolidation du câble wallon. Sa candidature avait été « écartée » par les pouvoirs publics au profit d’une entité imbibée de politique (PS liégeois et carolo). Telenet, VOO et Numericable ont un destin commun, forcément. Ils sont les premiers à le reconnaître et à entretenir des ententes cordiales.

N’eût-il pas été plus judicieux à l’époque de trouver une solution de consolidation pour l’ensemble du réseau câblé en Belgique face à un concurrent actif des deux côtés de la frontière linguistique ? C’était sans doute un peu tôt et trop simple, trop logique. Dans la petite Sicile belge, la logique industrielle n’est pas celle des barons. Numericable