Le lancement commercial du premier téléphone Android de la co-entreprise nippo-suédoise est symptomatique de ses profondes difficultés à opérer un changement essentiel de stratégie.

En dehors de l’éventuel futur succès du X10, Sony Ericsson est un acteur du marché qui conserve une spécificité unique et peu enviable dans le secteur des smartphones, c’est la faculté d’annoncer des produits beaucoup trop tôt et de les montrer lorsqu’ils sont à peine utilisables. Ce début de mois de novembre marquait l’arrivée d’Android au sein de la gamme Xperia. A grand renfort de marketing, le lancement commercial du X10 s’est pourtant déroulé dans une indifférence générale ou, pire, dans une série de vidéos peu enthousiasmantes, capturées par des blogueurs et aussitôt publiées.

L’interface graphique, lourde, est d’une lenteur abominable, contrastant avec les clips officiels de promotion. Il n’en faut pas plus pour se souvenir d’un certain X1 qui a provoqué la curiosité puis l’ennui.

Sony Ericsson s’est ensuite précipité. D’abord en ouvrant un blog dédié aux produits. Ensuite, en donnant rapidement quelques éléments de réponse sur les inquiétudes exprimées sur la toile. On nous a montré quelque chose qui est très loin du résultat final. L’interface sera fluide, les performances seront au rendez-vous.

Mais ce n’est pas encore tout à fait le coeur du problème. Si chaque constructeur apporte sa couche de personnalisation à Android, le travail effectué chez Sony Ericsson pose question. Qu’apportent les Mediascape et Timescape, censés centraliser d’une part l’ensemble des fichiers de divertissement et, d’autre part, les canaux de communication ? Quel est véritablement l’augmentation de valeur dans l’expérience de l’utilisateur à l’aide de ces deux modifications majeures ?

Il est peu évident de répondre à cette question. Au-delà de l’apport esthétique discutable (est-on encore à l’époque de lourds effets 3D ?), le consommateur cherche la simplicité, l’ergonomie, l’intelligence, l’innovation. Timescape et Mediascape n’apportent rien de cela. Coupler SMS, MMS, e-mail, Twitter, Facebook et d’autres flux d’informations n’a de sens que si ce mariage débouche sur un gain de temps ou une amélioration de la gestion et de la lecture de ces flux. Or, Timescape semble apporter de la confusion. Est-ce qu’un statut Twitter a la même valeur qu’un SMS ? Bien sur que non.

L’essentiel, finalement, est de savoir si l’outil sera aisé à mettre en place ou s’il faudra un dimanche pluvieux pour passer quelques heures à associer contacts du répertoire, comptes Twitter/Facebook, e-mail, etc.

L’autre point de mystère est Mediascape. Les fans de la marque ont longtemps adulé le menu Walkman. Or, ici, ce n’est plus tout à fait à l’ordre du jour. L’accent a semble-t-il été mis sur l’intégration de PlayNow et l’interaction avec d’autres services en ligne. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Mais comment expliquer, par exemple, qu’une liste de vidéos YouTube soit chargée lorsqu’on sélectionne une chanson ?

La plus grande inquiétude est de savoir si Sony Ericsson a tenu compte des besoins de l’utilisateur ou s’il a simplement voulu créer un effet pour ses téléphones à venir. Ce n’est pas tout à fait clair. Il faudra néanmoins rencontrer de nouveaux succès commerciaux rapidement pour rester à flot. Le X10 fait partie du voyage. Pas sur qu’il soit celui qui pousse le bateau.