La baisse de 75% des terminaisons mobiles dans l’Union européenne d’ici à 2015 aura des conséquences positives pour le consommateur, beaucoup moins pour les opérateurs.  On évoque 10 % d’impact négatif.   Consolidation, interprétations, lobbying : les mois à venir seront animés.

Nous l’évoquions en début de semaine : la (très suivie) lettre de l’AGEFI détaille cette semaine la proposition de l’IBPT de réduire tarifs de terminaison entre les opérateurs mobiles, avec une réduction de 45% dès juillet prochain, alors que les analystes tablaient sur 20 %.

Dès 2013, un tarif commun de 1,07 centimes serait d’application pour les trois opérateurs, afin de briser l’asymétrie. Le mouvement dépasse nos frontières. On évoque en Europe déjà un repli moyen de 75% d’ici à 2015 avec un « impact mécanique négatif de minimum de 8%-10% sur le chiffre d’affaires des opérateurs mobiles » selon le bureau d’analyse de Raymond James.

Les investisseurs sont conscients des risques d’impact négatif sur les résultats. Le 2 février, Mobistar et Belgacom cédaient respectivement 6,36 % et 2,27 % à Bruxelles. 1,8 % pour KPN, maison-mère de BASE, à Amsterdam. Solution à court terme ? Utiliser les voies de recours habituelles dans une procédure de consultation publique lancée par l’IBPT. Le lobbying sera serré et, sans doute… très discret.  KPN, par exemple, est connue pour son indignation sélective : BASE, le « Zorro des télécoms belges », s’est rarement exprimé favorablement sur une baisse des « MTR ».

Face à ces revers, deux solutions à moyen terme.

La première : comme l’affaire de la TVA dans la restauration en France, ne pas répercuter ces baisses de tarifs sur la facture du consommateur.  Ce ne serait pas une première : la baisse des tarifs d’itinérance imposée par l’Union européenne sur le trafic voix et SMS a été suivie à la lettre, alors que celle touchant les données a fait l’objet d’une interprétation très libre des opérateurs (seuls les prix de gros – wholesale – étaient concernés).

L’objectif d’une entreprise est la croissance : voir un résultat d’exploitation impacté négativement par une baisse des tarifs est une opération délicate.   Outre cette activité de lobbying intense dans les mois à venir, il convient de signaler que ni KPN ni Mobistar ne seront obligés de répercuter entièrement ces baisses.   Seul Belgacom le sera, pour une raison liée à son statut d’acteur « dominant ».   Il suffit de comparer les tarifs pratiqués par les « grands » opérateurs de téléphonie fixe – de Base à Telenet en passant par VOO, Colt et Mobistar – pour s’apercevoir que les baisses imposées ne profitent pas toujours au consommateur : elles servent aussi à récupérer « à la source » des revenus menacés.

Autre voie, complémentaire : poursuivre la consolidation des groupes de télécom en Europe pour éviter l’isolement et le désintérêt des investisseurs.   Mardi, Telefonica a pris 0,55% à 17,42 euros sur base de rumeurs évoquant une fusion avec Telecom Italia. Belgacom fait également l’objet de bien des attentions sur le plan international. Le gouvernement belge se montre d’ailleurs – en privé – de moins en moins hostile à un désengagement progressif, mais le dossier est sensible. D’un côté l’emploi (plus de 15 000 salariés), de l’autre la rente très confortable que l’opérateur représente pour le budget fédéral.

Où l’on reparlera, bientôt, du rapprochement de raison entre VOO, Telenet et Mobistar.   Et de la position, à long terme fragilisée, d’un opérateur comme BASE, incapable jusqu’ici d’évoquer son avenir dans le monde de la convergence numérique.  L’exemple du « grand frère » Bouygues Telecom – en quadruple play – est pourtant là pour montrer la marche à suivre.