Grand absent du congrès international du mobile de Barcelone, le géant finlandais s’est montré dans le creux de la vague, perdu dans sa stratégie logicielle.

La décision est spectaculaire et inhabituelle. Aucun téléphone de la marque Nokia n’aura été dévoilé cette semaine au Mobile World Congress. Malgré une légère amélioration des ventes au dernier trimestre de 2009, le fabricant ne proposera rien de neuf dans les rayons avant l’été 2010, laissant ses concurrents directs occuper les devants de la scène. Nokia semble coincé entre la fin de vie des NSeries (et ESeries) et le futur de sa gamme de smartphones, navigant dans une stratégie des systèmes d’exploitation particulièrement obscure.

Devant des acteurs comme Sony Ericsson, Samsung, HTC ou LG qui n’ont aucun scrupule à tirer parti des efforts de Google (Android) ou de Microsoft (Windows Phone 7), Nokia s’est entêté à s’isoler avec Symbian dont le futur est parfaitement incompréhensible. Au lendemain de la fusion entre S60 et UIQ, un plan de développement à plusieurs branches a été mis sur la table.

Il y a d’abord Symbian^1 qui tourne sur les N97, N97 Mini et X6. Deux autres constructeurs ont fait confiance à cette version: Samsung et son i8910 HD et Sony Ericsson avec son Satio. A peine abouti, le développement de Symbian^1 est abandonné pour Symbian^2 qui, lui, n’a toujours pas d’hôte annoncé (Snoy Ericsson Vivaz peut-être ?). Problème: cette seconde édition nage déjà dans l’ombre de Symbian^3 qui est presque terminé et devrait prendre place sur des smartphones Nokia à la fin de l’année. Sans parler de Symbian^4. Ce dernier a pour objectif de proposer une interface tactile totalement revue.

Tout cela donne une impression de gaspillage d’énergie. Chaque branche occupe des équipes de développement différentes afin d’atteindre des buts souvent complémentaires. Etait-il vraiment impossible de fournir un socle commun et de partager les efforts sur chaque point crucial d’un système d’exploitation ? Comment concevoir qu’il faille attendre Symbian^4 pour un ravalement de façade tactile ?

La réponse à cet imbroglio est relativement simple: Maemo. Le dérivé de Linux, installé sur le N900, est plutôt réussi. Nokia ne fera pas l’erreur, cette fois, de poursuivre le développement seul et s’allie à un acteur de poids. En effet, Intel est probablement un des mieux placés pour proposer son aide au travers de son expérience dans les puces mobiles. Il est néanmoins temps que les choses se mettent en place. Ce nouvel effort de Nokia doit obligatoirement porter ses fruits. En face, RIM, Apple, Google et Microsoft ont avancé considérablement.

Il est devenu crucial chez Nokia de savoir comment vont évoluer les deux projets. Symbian et MeeGo (Maemo) ne peuvent pas se concurrencer. Le marché des smartphones ne sourit actuellement qu’à ceux qui font des choix radicaux. En attendant, Nokia place ses pions massivement dans les marchés émergents. En désespoir de cause ?