Le réseau iAd sera activé dans quelques semaines. S’il ne change rien pour le consommateur, il risque néanmoins de bousculer un écosystème encore fragile.

Rares sont les clients d’iPhone et d’iPad qui ont sauté au plafond lorsque le patron d’Apple a décrit l’arrivée massive de la publicité dans les applications gratuites comme un point d’évolution du prochain système d’exploitation maison. Il faut dire que l’annonce était destinée aux développeurs qui profiteront de 60% des recettes générées.

Derrière l’intention de rendre la publicité plutôt attrayante et plus facile à digérer pour l’utilisateur, il existe avant tout une volonté de mettre fin à la publication répétitive d’une kyrielle d’applications gratuits à vocation purement marketing. Combien de marques de voitures n’ont pas sorti un petit jeu assorti d’un chercheur de points de vente ? Sans oublier les chaînes de fast food et d’autres grands noms qui n’apportent finalement rien de bien excitant et qui reposent souvent sur le triangle magique du « divertir – présenter les produits – amener le client au produit ». Avec, en prime, la technologie qui suit.

Un exemple bien belge: Quick. L’application ne montre que deux choses: les nouveautés et la liste géolocalisée des points de vente. Et ça fonctionne. A sa sortie, il y a deux mois, Quick occupait les premières places du classement des gratuits en Belgique. Et c’est bien là le problème pour Apple: son infrastructure réseau, ses serveurs de stockage et tout l’écosystème de l’App Store sont mis à disposition des annonceurs sans que le géant américain ne puisse toucher quoi que ce soit.

Or, transporter les spécialistes du marketing d’une opportunité gratuite vers un modèle classique onéreux ne sera pas chose simple. Comment expliquer à des annonceurs qu’il est préférable pour eux de supporter d’autres applications gratuites et, cette fois, utiles pour envoyer des informations publicitaires ? D’autant plus qu’Apple a des exigences particulières. Il faudra développer du contenu riche et interactif. Et donc bien plus coûteux. Pendant les deux premiers mois, Apple se chargera du développement créatif des pubs contre une mise minimale d’un million de dollars. On veut réellement convaincre les grands comptes.

Et puis, il faudra également amener les développeurs devant un dilemme. Rendre son application payante et sans pub ou la livrer gratuitement en ajoutant un bandeau derrière lequel pourrait se cacher du contenu bien plus riche que celle comprise dans l’application elle-même. Quid des nombreux développeurs de jeux ?

Finalement, iAd est une excellente idée pour compenser les coûts du maintien des applications gratuites de l’App Store. Encore faudra-t-il que les annonceurs et développeurs suivent. Qui plus est, il existe d’autres concepts d’applications sponsorisées. Les coûts de développement du Soir sur iPhone sont couverts par Keytrade dont le logo est affiché à chaque lancement. Les éditeurs de contenu seront peut-être plus motivés à contrôler eux-même le canal publicitaire s’ils en ouvrent un.

L’incertitude sur le succès de iAd ne pèse finalement que sur les épaules d’Apple. Un échec serait loin d’être dramatique mais laisserait le terrain à, par exemple, Google. Serait-ce acceptable pour Apple ? Réponse dans quelques mois.