L’UMTS n’est rien sans les appels vidéos. C’est un des arguments qui a poussé Proximus a déployé ce service le plus rapidement possible. Pourtant, le succès commercial n’est pas assuré.

La sensation produite par un premier appel vidéo mobile rappelle les temps oubliés des premières webcams. Voir son correspondant gigoter face à sa petite caméra pour s’assurer qu’il s’agit bien de vidéo et pour tester la fluidité des gestes, inévitablement, ça fait remonter certains souvenirs. On pourrait croire qu’il s’agit du début d’une nouvelle ère. Mais, au contraire des traditionnelles webcams, le client de Proximus qui aimerait tester la visiophonie va rapidement se rendre compte du changement, autrement plus important. En effet, s’il n’est pas nécessaire de s’adapter à la webcam, la visiophonie requiert de tenir son téléphone face à soi plutôt que contre son oreille (à moins de vouloir montrer à ses amis la propreté des lieux). La manipulation n’est pas naturelle et elle n’apporte aucun confort supplémentaire. En réalité, c’est le contraire.

Le fait de porter l’appareil face à soi exige un effort physique désagréable. On cherche vite à vouloir poser l’appareil, surtout si l’appel s’éternise. Mais cela est un détail par rapport à la fatigue visuelle qu’engendre la visiophonie. En effet, il est indispensable de régler en permanence le cadrage de sa caméra sur une surface de l’écran qui est particulièrement réduite. A cela s’ajoute le fait de regarder la vidéo de son correspondant et la concentration sur l’éventuelle conversation. En un mot, s’il est possible de poser l’appareil et de l’utiliser comme une webcam, l’appel vidéo devient tout de suite beaucoup plus agréable. Mais l’objectif des télécoms mobiles est justement de pouvoir bouger.

Heureusement, les appareils 3G permettent de filmer autre chose que sa tête. Et c’est là que la visiophonie prend de l’ampleur. Les tests que nous effectuons pour le moment montrent que plus on utilise les appels vidéo, plus nous sommes tentés de filmer quelque chose. Le temps qu’il fait dans le jardin, la circulation automobile de sa rue, les mouvements de la vie urbaine, etc. Selon le talent des différents interlocuteurs avec qui nous échangeons ces images, la visiophonie devient plus ludique. Filmer dans le sens des yeux efface la fatigue visuelle susmentionnée. Il s’agira maintenant de savoir si les clients de Proximus sont prêts à débourser pour ce genre de choses. Néanmoins, on peut concevoir qu’en moyenne, les gens utiliseront ce service de manière aléatoire, un peu comme le MMS.

Et puis, il faut évaluer la qualité des transmissions. Ici également, on peut utiliser le qualificatif aléatoire. En réalité, François et moi, nous habitons en zone limitrophe de la couverture 3G. Ce qui fait qu’il n’est pas confortable d’utiliser la visiophonie, le téléphone n’accrochant pas toujours l’UMTS. La qualité s’adapte en fonction de nombreux éléments dépendant de l’infrastructure présente mais également de la manière dont les images sont filmées. Puisque la vidéo est compressée, si l’utilisateur bouge un peu trop, l’image va se pixelliser. A tel point, parfois, qu’il est difficile de savoir exactement ce qui est à l’écran. Par contre, en mode "webcam", le problème est moins présent. Le son, quant à lui, est souvent de bonne qualité. Si les deux correspondants sont au pied d’une antenne, la qualité devient optimale.

Lors de la présentation de la visiophonie par Proximus, un appel a été effectué de la tour mauve vers Justin Gatlin, présent sur la Grand Place de Bruxelles. En voici une capture vidéo de piètre qualité :

Vidéo AVI (DivX 6) (7.5 Mo)

Des démonstrations vidéos seront publiées dans quelques jours afin d’illustrer les propos de cet article.