Le marché belge de la 3G reste très à la traîne. Entouré par des Etats où visiophonie et vidéo mobile ont déjà pu atteindre une phase de rodage de plus d’un an, le Royaume aborde péniblement cette évolution. Un seul opérateur a répondu à l´appel : Proximus.

C´est l´horizon très dégagé que Proximus a pu lancer, en septembre, quelques semaines après BelgacomTV, ses premiers services 3G. Fier, l´opérateur historique traîne derrière lui le reste du monde mobile belge : un cas d´Ecole en économie de marché.

De son côté, Mobistar avance à pas très feutrés, déployant un réseau intermédiaire, EDGE, capable d´augmenter de manière sensible le débit de l´escargot GPRS, offrant vidéo à la demande, les journaux de CanalZ en flux vidéo direct et un accès plus rapide au portail, Orange World, sans toutefois pouvoir garantir la visiophonie.

Certes, Mobistar a déployé quelques antennes UMTS (rares), mais ne semble guère pressé d´améliorer cette couverture. C´est dommage : O’World est un véritable plaisir en 3G, alors que Vodafone Live n´améliore que très modérément la vitesse de consultation.

Quant au bon dernier, Base, il mise aujourd´hui sur la vache à lait, le couple essentiel appels et SMS, boudant l´Internet mobile, allant jusqu´à laisser voguer la rumeur d´un abandon de l´i-mode au profit de technologies plus « standards », MMS et Wap couleur. EDGE suivra, bientôt. Rien ne presse.

La 3G s´affiche pourtant partout alentour : en France, en Allemagne, au Royaume Uni, aux Pays-Bas. Interrogé récemment dans un quotidien français, Thierry Zemmour, le directeur du programme 3G de SFR, annonçait fièrement que l´opérateur avait récemment franchi le cap des 500 000 abonnés.

SFR et Orange commercialisent déjà depuis plus d´un an l´UMTS grand public en France, se grandissant d´une couverture 3G d´environ 60 %. Mais attention, communication markéting oblige, chaque mot pèse : on parle ici de couverture de la population (à ne pas confondre avec le terme « territoire ») et de couverture « outdoor », à savoir en extérieur.

Les services les plus populaires seraient l´accès au portail (sans détail particulier sur le type d´activité, peut-être simplement l´accès par accident), le téléchargement de musique et, dans une très moindre mesure, la visiophonie mobile. Ici, le bât blesse : non seulement votre correspondant doit disposer d´un terminal compatible, mais en plus disposer d´une couverture 3G suffisante. 15 % des clients 3G auraient déjà cédé à la visio. Une fois, plusieurs fois ? La communication est trouble, gorgée de superlatifs un peu vagues. Même Orange France fait la fine bouche : l´opérateur ne « communique pas » ses chiffres. C’est dire.

Pas étonnant du coup que la Belgique assiste, l’esprit relax, à cette avalanche d´annonces concernant une technologie qui ne la concerne que très peu. Sans oublier que notre plat pays souffre toujours d´une législation commerciale interdisant de manière formelle le financement par l´opérateur des terminaux de nouvelle génération, seul moyen de faire entrer de force les consommateurs dans cette nouvelle ère. Inutile de rappeler que ces freins vouent à l´échec toute tentative de pénétration de la visiophonie si les premiers terminaux affichent un prix de près de 300 euros ! Rien n´est moins naturel que la visiophonie : ce sont des montagnes qu´il faudra déplacer pour faire adopter cette technologie.

Au-delà de cette frilosité de la législation commerciale belge, un autre mal ronge le marché : le manque de politique claire et volontaire en matière de démocratisation de l´Internet et des technologies. Beltug a raison : l´organisme d´études publiait ce matin un communiqué de presse fustigeant la « politique chaotique menée en matière d´ICT, handicap pour l´économie belge ». Ce chaos s´exprime désormais dans tous les domaines du monde IT : téléphonie mobile à comportement oligopolistique, communications mobiles coûteuses, technologie DSL à la traîne (toujours largement dans les mains de l´opérateur historique) et incapacité à faire de notre capitale la « petite Irlande continentale ».