L’Internet mobile, c’est cher. La phrase n’apporte rien de neuf, c’est certain. En dehors de certains cercles technophiles et du business, le terme WAP fait encore office de monde sauvage et inexploré. Pour d’autres, abonnés à un forfait, il devient naturel de chercher un numéro de téléphone, une adresse, l’horaire d’un film ou de relever son courrier électronique dans le métro via son mobile. Oui, mais à quel prix ? Au prix fort, trop fort.

L’Internet mobile, pratique. La télévision mobile, pourquoi pas. Le téléchargement de musique, éventuellement. Le problème, une fois la période de grâce et de gratuité terminée, c’est qu’il faut passer à la caisse et que la facturation s’effectue « au mégaoctet », envoyé ou reçu, malgré une accélération significative des débits avec EDGE et la 3G. Ils abuseraient des tarifs, nos opérateurs ? Sur les SMS, les MMS et l’Internet Mobile, la réponse est oui. Clairement oui.

Forfaits très limités et autres connexions bridées

Si Base a récemment cassé les prix du marché en offrant 10 Mo pour 4 euros par mois, force est de constater que la technologie n’a rien de très démocratique ailleurs (l’imode à 20 Mo n’étant qu’une connexion WAP bridée et bloquée sur un seul port de communication). Il faut en effet compter 15 euros par mois chez Mobistar pour 15 Mo de données. Chez Proximus, même tarif – mais hors TVA – pour 10 Mo. A cela, il convient d’ajouter les connexions au portail Vodafone Live (50 centimes ou abonnement mensuel illimité de 7,5 euros), lesquelles ne sont plus comprises dans le forfait. A l’heure où les connexions mobiles atteignent un peu plus de 200 ko/s via EDGE chez Mobistar et 384 ko/s chez Proximus en 3G (voire 1,8 Mo via le HSDPA), le forfait sera rapidement consommé. L’accélération des débits de 50 ko/s à 1,8 Mo/s (bientôt le double selon Proximus) est significative. Les prix, eux, ne suivent pas vraiment cette évolution.

Si l’abonnement aux service i-mode, Orange World et Vodafone Live reste modéré à 6 ou 7 euros, il convient de rappeler que cet accès est bridé aux services de l’opérateur. Inutile d’espérer utiliser la messagerie instantanée, le courriel ou les applications de blog mobile. Pour cela, il vous faut passer à un forfait « full Internet ». Prix ? entre 10 et 55 euros.

Une fois votre forfait consommé ? Votre tarification passe « au mégaoctet » téléchargé. Autant dire au prix fort. Entre 1 et 2,5 euros par Mo : un tarif impossible à justifier. Dans sa grande bonté, Proximus a même prévu un tarif soi disant illimité – mais limité tout de même à 1 Go de volume – pour 55 euros par mois. Cessons également toute forme d’angélisme par rapport à Base : une fois le volume autorisé de 10 Mo, le méga est facturé à 1,8 euros. 1 Mo représente sur un modèle récent le poids de 2 photos envoyées par email.

Autre scandale : l’itinérance. Près de 12,5 euros le Mo chez Mobistar et Proximus en moyenne à l’étranger. Soit 125 euros pour 10 Mo. Soit 1250 euros pour 100 Mo. Chez Base, encore plus fort : 15,12 euros / Mo ! Tout cela n’a aucun sens. Avouons-le.

Même Transatel, pourtant très en verve sur le sujet des tarifs excessifs du roaming en Europe, facture encore ses connexions GPRS en Belgique à 30 euros par mois pour 20 Mo. Plus raisonnable, mais très vite consommé : 5 Mo pour 10 euros. Même Base fait mieux, opérateur dont dépend pourtant directement Transatel.

« 1000 euros pour plusieurs connexions DATA MOBILE » chez Proximus…

Cas concret repéré sur les forums du site Astel.be : un utilisateur se voit facturer plus de 1000 euros pour « plusieurs connexions DATA MOBILE INTERNET émises entre le 4 et le 8/06/06. » C’est insidieux, mais l’accès au portail peut être accidentel : les modèles personnalisés par les opérateurs disposent bien souvent de touches dédiées à l’Internet mobile. Sans abonnement, vous risquez rapidement de vous voir facturer une connexion – même limitée à quelques secondes – à Vodafone Live ou Orange World sans vous en rendre compte.

Nous sommes certes sur un marché libéralisé, mais force est de constater que le manque de diversité transforme très rapidement le marché en oligopole où chacun joue son rôle dans un esprit plutôt fair play. D’un côté, le prix du SMS oscille entre 10 et 15 centimes : c’est beaucoup trop. De l’autre, les MMS peuvent être facturés à 25, 50 ou 99 centimes, sans compter la tarification de la réception des MMS à l’étranger – un comble ! -. Et puis ces titres musicaux proposés par Mobistar et Proximus sur leurs portails en mode EDGE ou 3G : 1,99 euro le titre pour une qualité musicale bridée déplorable et un verrouillage limitant son transfert sur micro-ordinateur – méthode commerciale en contradiction totale avec le droit à la copie privée ! -.

Le consommateur est relativement impuissant dans le domaine : il est soumis au diktat de 3 opérateurs et leur cour de MVNO (opérateurs virtuels) – eux-mêmes soumis aux prix de gros consentis par les triumvirat -. Test Achats, associations de consommateurs et autre commission européenne peuvent intervenir. Nous les encourageons !