« Comment ça va ? Quel temps il fait ? Tu n’as pas mal aux oreilles après l’avion ? » Vous avez pourtant été clair et précis dans votre SMS. Vous êtes bien arrivé, l’hôtel est superbe, comme la vue et les filles, comme la mer et les garçons, à bientôt maman. Vous vous impatientez et perdez de vue le 1m80 que vous matiez : « M’man, je te laisse, ça coûte un pont ce roaming. » Pour éviter ce drame familial, un chroniqueur anonyme s’est creusé les méninges en regardant la Méditerranée. Son récit est poignant et fort. Son discours est simple, si simple qu’on en ferait p’t’être bien un essai psy à paraître chez Belgique Loisirs l’été prochain : « Coupez les ponts. Laissez votre SIM reposer. Passez l’arme à la carte prépayée locale. » Vous verrez : l’effet « silence » est saisissant !

Le coup classique : vous regardez la mer Méditerranée à 2000 km de votre demeure, assis sur un rocher ; vous observez l’horizon et vous plongez, la tête la première, dans un repos absolu, jusqu’à ce moment où… soudain, le 108 grammes se met à vibrer dans la poche. Coup d’oeil furtif sur l’écran : maman appelle, tonton appelle, le bureau ne va pas se gêner, pas plus que les éternels beaufs qui ont oublié que vous étiez sous d’autres cieux. Et pourquoi ne le feraient-ils pas ? Car après tout, ceux qui appellent ne paient qu’une petite et sans histoire communication vers votre mobile ; vous, vous assurez le reste du trajet. Partez donc en vacances avec votre mobile, qu’ils disent. Les opérateurs sont si… prévenants.

Option Eurocall activée gratuitement cet été chez Proximus : 40 centimes d’euros par minute pour un appel reçu, 90 centimes et des poussières pour un appel vers la mère-patrie, plus de 50 centimes par SMS, 12,50 euros par Mo pour vérifier le compte Gmail et observer le dossier SPAM grimper à 300 unités en trois jours. La dernière expérience vous a laissé un goût amer : 175 euros pour 6 jours, réparti en 15 sessions WAP, 8 appels reçus, 20 SMS et 6 appels locaux sur mobile.

Vous rentrez, vous installez dans un canapé en lisant le dernier numéro de SVM Mac. Et là, le vibreur se remet à vous gâcher les vacances. 1h plus tard, excédé par le manque de courtoisie de vos interlocuteurs, vous passez à la manière forte. Vous entrez dans une agence France Télécom et vous achetez une Mobicarte couplée à une recharge de 10 euros – ou davantage (sans recharge, la carte vous coûte 30 euros). Vous activez la carte SIM dans votre téléphone. Vous bénéficiez déjà de quelques minutes de crédit, de quelques SMS (qui visiblement permettent aussi sans surcoût de saluer ceux qui sont restés au pays) et une dizaine de minutes de surf sur le portail Orange World. Vous rangez la carte SIM Proximus dans le coffre-fort. Une fois le manuel de 20 pages consulté, vous modifiez votre boîte vocale de manière plutôt musclée. « Bonjour, c’est moi, mais je suis en vacances, au cas où vous l’auriez oublié. Si une urgence se déclare, vous pouvez toujours m’appeler au 00 33 6 xx xx xx xx. Sinon, laissez un message. Bye bye ! »

Des remords ? Rassurez-vous, votre boîte vocale est claire et indique clairement un numéro de secours en cas d’urgence. Ils survivront. Vous voulez appeler la Belgique ? Prenez votre portable, cherchez un hotspot Wifi et créditez votre compte Skype ou Gizmo de quelques euros. Vous parlez avec maman pour 2 centimes par minute et avec le cousin de Tilff, éternel prépayé sur carte vide que vous aimez bien au fond, pour 12 centimes d’euros la minute.

Vous voulez surfer et faire joujou avec votre Gmail, votre Yahoo ou votre Live Mail ? Vous souscrivez à l’offre découverte d’Orange World : 3 euros pour 5 Mo. Ca va vous changer des 12,50 euros par Mo échangé pour lire des dépêches de La Libre sur Vodafone Live. A la consultation d’Orange World France et Vodafone Live de SFR, vous commencez presque à prendre goût à l’Internet Mobile et à vous dire : je reviendrai. La Belgique creuse son retard en terme d’ergonomie, d’offre, d’accessibilité – il serait peut-être un peu temps de glisser/déposer ce qui se fait ici dans l’Hexagone pour avancer… -. Vous écririez bien des tonnes de phrases pour ne rien dire, par centaines, par milliers, mais le 1m80 de tout à l’heure se pointe et vous filez à l’anglaise demander votre chemin, l’heure, le premier truc qui passe. Et là, vous frimez, alèze : « Ouais, envoie moi un texto sur mon mobile, c’est 06 78 69 60 69 69… » Vous avez sans doute épargné assez de « minutes MobiProxiBase » pour offrir au 1m80 une coupe, une assiette de charcuteries locales, un poisson grillé en bord de mer, un digestif, la bouteille de blanc – pas trop sec ! – et le dessert à… domicile. Elle est pas belle, la vie sans roaming ?

Un rédacteur anonyme en vacances.