C’est une véritable douche froide pour l’industrie du mobile ce matin. L’action de RIM perd 7,7 %. 5,7 % pour Palm. Quant au premier constructeur mondial, Nokia, il s’empresse de publier un communiqué de presse pour saluer l’arrivée de l’iPhone, officiellement soutenu par deux géants de l’industrie, Yahoo! et Google, saluer par là un sérieux concurrent et une ère d’innovation où tous les coups seront permis. A l’évidence, 2007 est l’année de tous les possibles mobiles.

Il fallait sans doute un tel choc pour que le marché s’emballe, un marché où l’innovation a jusqu’ici beaucoup rimé avec manipulations complexes, claviers réduits et peu ergonomiques, sans oublier les sombres expériences de systèmes d’exploitation infestés de bugs et de comportements irréguliers, à commencer par l’UIQ de SonyEricsson et le SymbianOS de Nokia. Certes, leur système est en révision permanente, mais les utilisateurs des N80 et autres P990i comprendront : les constructeurs ont connu quelques sérieux soucis avec leur première copie, qu’il eût été intelligent de reconnaître et corriger plus rapidement.

L’iPhone est arrivé. Il faudra « faire avec ». Ses formes, son écran tactile – dont il faudra tout de même observer lors de sa sortie les conséquences des traces de doigts sur la propreté de l’écran -, ses applications, la qualité évidente de son écran, l’aspect naturel de sa manipulation : tous les indicateurs sont réunis pour soutenir le qualificatif de « révolutionnaire » sur ce marché.

Oui mais voilà, l’approbation par la FCC (USA) et la production commerciale prendront du temps : il faudra en effet attendre juin 2007 pour que les consommateurs américains puissent le manipuler. Quant aux européens, ils verront débarquer l’iPhone pour Noël 2007 – quelques mois visiblement avant l’Asie -. Ce qui laisse du temps aux principaux acteurs de préparer leur riposte. Et gageons que face à une telle somme d’innovations, les HTC, Nokia, SonyEricsson, Samsung et autre Motorola ne mettront pas des mois avant de donner la réplique à Apple. C’est que – et les 7,7 % de perte de valeur de l’action en une séance sont là pour attester nos propos -, même RIM va devoir redoubler d’efforts : si Yahoo! offre le « push mail » gratuit aux utilisateurs du mobile d’Apple, il n’est pas vain de penser que l’accord sera étendu à d’autres partenaires et que les 30 euros réclamés par les opérateurs pour l’abonnement Blackberry vont rapidement devenir suspects.

Nous avons hier selon toute vraisemblance vécu un moment historique pour l’industrie du mobile. Oui, 2007 est l’année de l’Internet sur le mobile ! Oui, l’année 2007 sera excitante. Yahoo!, Microsoft et Google ont visiblement des partenaires de choix pour mener cette nouvelle bataille qui devra indéniablement s’accompagner d’un effort considérable des opérateurs pour cesser leur politique d’étranglement des technologies avec des portails impopulaires et de tarifications excessives pour laisser place à des acteurs aussi légitimes que gourmands et innovants. La récente décision de BASE en Belgique, selon laquelle l’accès à l’Internet mobile ne doit pas nécessairement donner lieu à la création d’un portail de services et peut s’accompagner d’une tarification accessible, prend tout son sens.

Les indices étaient clairs dès la fin de l’année 2006 : Google lançait Gmail Mobile et Yahoo! testait Yahoo! Go sur une quantité limitée de mobiles. Aujourd’hui, même Nokia s’allie, en plus de l’accord intervenu avec Flickr, avec VOX de Six Aparts pour rendre le blog mobile encore plus accessible et surtout gratuit. Google n’en restera pas là. Pas plus que Microsoft qui, à l’évidence, dispose également d’un atout de choix, son propre système d’exploitation mobile, apprécié dans le monde de l’entreprise.

La disponibilité immédiate eût été un gage d’excitation supplémentaire mais, à l’évidence, le soufflé va rapidement retomber pour générer une affluence record d’annonces à tous vents chez les grands constructeurs dès le mois prochain à l’occasion du 3GSM 2007 de Barcelone.