Des N95 bridés par deux grands opérateurs européens : il n’auront pas droit à la voix sur IP. Ainsi en ont décidé à leur place et sans les avertir Orange et Vodafone. La concentration du secteur et la formation d’oligopoles n’ont pas que de si jolis côtés. Elles permettent à des opérateurs omnipotents de faire pression sur les constructeurs, financement des terminaux pour gage d’inondation rapide du marché. Si les astuces viennent au secours des victimes, il n’est pas inutile de les mettre en garde. Et en Belgique, qui oserait ? Proximus ?

Nous ne connaissons pas en Belgique, car la pratique est interdite, la mode du renouvellement rapide des terminaux mobiles grâce à un financement assuré par les opérateurs en échange d’une promesse de contrat à durée déterminée. Si notre Code de Commerce – qui par ailleurs n’a jamais cru bon de contester les relations incestueuses entre les systèmes d’exploitation et les ordinateurs personnels – empêche aujourd’hui clairement une évolution rapide des utilisateurs vers les technologies de pointe (web mobile, télévision, services télématiques) mobiles pour cause de prix coûtant (donc élevé !) des téléphones, il nous préserve toutefois d’une pratique odieuse, le bridage des terminaux. Alors qu’ils ont renoncé à retirer des smartphones HTC toute possibilité d’installer des applications comme Skype, Gizmo ou Wengo, ils ont semble-t-il trouvé un allié de poids en la personne du système d’exploitation SymbianOS qui équipe la plupart des mobiles Nokia haut de gamme. Les abonnés de Vodafone et Orange au Royaume Uni ont ainsi découvert que les Nokia N95 vendus par leur opérateur ne permettraient pas de disposer des fonctionnaliés VoIP présentes sur les modèles « nus » (non personnalisés par les opérateurs).

Il est certes légitime que des opérateurs menacés par la vague des communications gratuites ou à bas tarifs se réservent le droit de faire patienter le consommateur le plus longtemps possible sous peine de révision complète de leur modèle économique, mais faut-il pour autant aussi sournoisement empêcher le consommateur d’installer des applications de type voix sur IP sans l’avertir ? Certainement pas. Gageons que Proximus, qui a déjà naguère modifié le logiciel interne de certains mobiles (dont les Sharp) pour empêcher l’envoi par Bluetooth et obliger l’utilisateur à envoyer un MMS, ne sera pas de nouveau tenté par une telle aventure lorsqu’il s’agira – et c’est imminent – de proposer en version « Vodafone Live » le fameux N95. Que les victimes et les plus acharnés se rassurent ! Ils trouveront rapidement (en ligne dans des espaces de discussion, il s’entend, et non dans nos colonnes) un moyen de modifier le code produit de leur mobile pour lui ôter ce vilain bridage, comme ils ont trouvé le moyen de transformer les N73 en Music Edition et les N80 en Internet Edition.