Les résultats commerciaux médiocres de Sony Ericsson au dernier trimestre laissent envisager encore plus clairement un rapprochement entre Sony Ericsson et HTC. Si l’éventuelle union semble plus évidente que jamais, elle n’est pourtant pas acquise. Et Motorola dans tout ça ?

Sony Ericsson a prévenu tout le monde: le dernier trimestre est médiocre. Les ventes stagnent à 24 millions d’unités et les marges bénéficiaires s’écroulent. Il existe un ralentissement de la demande en Europe dans le moyen-haut de gamme et la sortie de nouveaux appareils a pris un peu de retard. Cette détérioration s’explique également par le peu d’intérêt suscité par les appareils en cours de commercialisation. Par exemple, Jérôme Goddeeris, notre testeur fou, n’a pas été des plus convaincus par le récent G900. Des téléphones lents, bogués et dont les fonctionnalités ne sont plus très à la pointe font que Sony Ericsson s’est empressé de réagir avec l’annonce du mois dernier (un téléphone 8 mégapixels et une sorte de WiiPhone).

Et puis Motorola et Sony Ericsson quittèrent le navire Symbian. Certes, ils demeurent des membres et partenaires d’honneur du système d’exploitation mais il n’est pas aisé de croire que Sony Ericsson attendra 2010 pour intégrer l’hypothétique nouveau SymbianOS né de la fusion de S60 et des développements réalisés sur UIQ. D’autant plus qu’un certain XPeria X1 doit encore venir sauver la saison 2008 des smartphones suédo-japonais. Est-il nécessaire de rappeler que ce nouvel appareil est doté de Windows Mobile et fabriqué par HTC ?

La fusion des catalogues de Sony Ericsson et HTC profiterait probablement plus au premier qui ravirait, par la même occasion, une série de smartphones intéressants et bien fichus. Cédric Godart s’est montré plutôt postiviement étonné par le Touch Diamond, même s’il n’est pas exempt de défauts. Sony Ericsson pénètrerait enfin le marché américain et prendrait pied dans Android dont on répète sans cesse qu’il équipera l’ensemble des téléphones HTC dans les mois qui viennent. Certains développeurs ayant même poussé le vice à installer Android sur des modèles existants. Ne serait-ce pas l’idéal de Sony Ericsson, libéré de Symbian, de reprendre le devant de la scène avec des Google Phone dont le développement est confié au monde libre et la construction déléguée à HTC ?

Reste maintenant à savoir si Sony Ericsson a réellement l’intention et les moyens d’acquérir HTC. Il est loin d’être certain que Sony d’un côté et Ericsson de l’autre soient ravis d’être confronté au choix d’apporter de nouveaux investissements massifs dans leur bébé commun ou de risquer un relèvement difficile et incertain. Le récent sursaut d’orgueil de Sony Ericsson ne doit pas faire oublier qu’il n’y a pas encore de téléphones de la marque sur le marché pour parier véritablement sur une augmentation significative des ventes. Ils arriveront. Mais seront-ils à l’heure ? Et seront-ils bien terminés ?

Pour HTC, l’intérêt unique de s’offrir à Sony Ericsson est d’intégrer une force de vente et une marque relativement puissante. Sans oublier les nombreux services qui sont (trop) paisiblement en train de se mettre en place. Dans le monde des smartphones, il sera très important de s’associer à un acteur qui sera capable de délivrer des services que les consommateurs attendent.

Les fiançailles pourraient être ternies par le vieux démon Motorola. Si la section téléphonie mobile du constructeur américain est à la recherche d’un partenaire pour éviter de tomber dans l’oubli, Motorola dispose des ressources nécessaires pour acquérir HTC. Les enchères pourraient dés lors grimper et freiner les ardeurs de Sony Ericsson.

Finalement, tout ceci n’est que spéculation basée sur certains faits concordants. Peut-être que rien de tout cela n’est en cours de concrétisation. Peut-être est-ce aussi l’espoir de voir naitre un autre grand face à Nokia, Microsoft et Apple. Peut-être que Google aurait tout intérêt à jouer les entremetteurs avec Sony Ericsson et HTC. Quoi qu’il en soit, la bataille n’a fait que commencer entre tous ces grands. Espérons qu’elle ne mette pas déjà certains à terre.