Il y a quelques jours à Lund, cela ne vous a pas échappé, une sélection de journalistes étaient conviés à une sauterie de trois jours au sein des bureaux suédois de Sony Ericsson. Alors que la star pouvait être le premier téléphone de la sous-marque Xperia, il n’a été évoqué qu’une trentaine de minutes. Il est tombé quelques secondes dans nos mains qui attendaient ce moment depuis février.

La démonstration a lieu dans une pièce, dont la porte indique Convergence/X1, trop petite pour accueillir une vingtaine de personnes. Deux ingénieurs de l’équipe de développement Xperia, exténués par la tournée de promotion qu’ils doivent assurer, expliquent le chemin du X1. Tout est étalé. Xperia est la contraction d’expérience et d’Utopia. L’idée des neuf panneaux a été mise au point du côté de la Silicon Valley. Un mixage entre les bureaux virtuels de Linux et les applications mobiles populaires. Cet X1 doit représenter la convergence ultime des expériences multimédia, business et téléphoniques. Tout un symbole.

Mais de suite, clairvoyance, les développeurs précédent les questions. Cet appareil est destiné aux very early adopters. Ceux qui achètent parce que c’est nouveau. Très net décalage entre les forces marketing mises en œuvre depuis le mois de février et la réalité du marché. Les pré-commandes sont nettement en dessous des attentes. On revoit les ambitions. On parle déjà du X2.

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Il est pourtant complexe de nier l’ingéniosité des panneaux. Mais l’idée sert une niche de consommateurs, fervents de Windows Mobile, peu effrayés d’affronter un système pas du tout intuitif mais très malléable. A la première utilisation, la plupart des panneaux sont vides. Ils incitent le client à découvrir comment ils fonctionnent et à les paramétrer. De suite, on sent la puissance et les capacités du concept. De suite, on comprend que Windows Mobile est le problème. Car derrière chaque panneau, s’ouvre une application servie avec le Start menu. Or, si les neufs bureaux virtuels sont nettement suffisants pour couvrir l’ensemble des utilisations, on comprend difficilement pourquoi le redondant menu de démarrage est présent. A quoi bon lancer Internet Explorer sur le bureau configuré pour lire ses médias ? Qui plus est, malgré du matériel de qualité, le téléphone subit des lenteurs parfois insupportables. Les deux panneaux conçus par Sony Ericsson couvrent pratiquement toutes les applications business. Sur le modèle que nous avons eu en main, quatre panneaux contiennent tout simplement la même chose avec une disposition différente.

Le soucis qui semble pourtant le plus encombrant n’est finalement pas Windows Mobile mais le manque de développeurs. En effet, si Sony Ericsson a ouvert un kit de développement avec le soutien de Microsoft, l’ensemble des panneaux proposés ne sont pas très aguichants. Et ceux qui sont disponibles laissent une impression de logiciel dont les fonctionnalités ont rapidement été terminées pour être présentées à la presse et au public. Il manque essentiellement des heures de polissage. Le résultat est le fruit d’un timing à respecter et de la mauvaise passe que traverse Sony Ericsson qui a forcé les développeurs a accouché plus rapidement. Le prématuré présente fatalement des lacunes et attire très peu de mains à coder. Probablement que la plupart des talents sont déjà ailleurs, occupés par MacOS X Mobile ou Symbian ou encore Android.

Finalement, cet X1 affiche des similitudes avec certains effets de bureau que l’on montre à propos de Linux. C’est beau, c’est waw mais ça ne sert à rien, ce n’est pas intuitif et vraiment pas ergonomique. Lorsqu’un X1 vous tombe dans les mains, vous chipotez pour découvrir les effets visuels puis vous hésitez longuement lorsqu’il s’agit de réaliser des tâches simples comme téléphoner ou envoyer des SMS. Les habitués de Windows Mobile ne jureront que par le menu de démarrage et exploiteront les panneaux parce qu’ils sont là et que c’est joli. Les autres diront Apple iPhone.

Avec Xperia, Sony Ericsson devait retrouver des couleurs. Au lieu de cela, le premier appareil représente le malaise actuel: de bonnes idées et du potentiel mais une concrétisation bâclée. On se demande parfois si Sony Ericsson ne s’est pas retrouvé face au choix cornélien d’annuler ce téléphone annoncé bien trop longtemps à l’avance ou forcer sa commercialisation coûte que coûte en priant tous les dieux d’attirer des développeurs et d’emballer les early adopters.

Peut-être aussi qu’à Lund, en minimisant singulièrement le lancement du X1, Sony Ericsson a voulu montrer qu’il s’agissait d’une erreur bien comprise et que de nouvelles bases sont en cours de constructions pour un éventuel X2. Il reste à vivement l’espérer si le constructeur nippo-suédois souhaite se placer sur le marché des smartphones tactiles. Face à Apple, Nokia, Samsung, LG et HTC, Sony Ericsson est tout simplement resté sur la ligne de départ.