Une connexion Internet d’appoint pour vos week-ends à la mer ou à la campagne ? C’était déjà possible, c’est désormais inclus dans les abonnements Internet ‘fixes’ d’un opérateur et d’un seul… Belgacom ! A observer les faits, offres et gestes des différents acteurs du marché, l’innovation ne se trouve une fois encore pas dans les priorités des concurrents. Et c’est bien dommage.

La nouvelle est peut-être passée inaperçue ces dernières semaines : le nom Skynet s’était déjà subtilement effacé des contrats, place maintenant au terme barbare ADSL, gommé au profit de Belgacom Internet. Et c’est logique : l’ADSL, devenu ADSL 2+, passe l’arme au VDSL2 et ne peut désormais plus être tout à fait dissocié des offres HS(D/U)PA, son complément mobile. Trop de termes techniques : « Internet », tout le monde comprend.

Le rapprochement de plus en plus évident entre les offres fixes et mobiles de Belgacom permet aujourd’hui à l’opérateur d’innover sur un terrain où on ne l’attendait pas, celui de la « démocratisation » de l’accès haut débit mobile.

L’offensive n’est pas anodine, puisqu’elle porte le bandeau toujours aussi aphrodisiaque de la gratuité. Le réseau 3G de Proximus ressemble à une autoroute empruntée par des vélomoteurs, voire des pédalos ? Tant mieux : il y a de la place pour les clients de Belgacom Internet. Désormais, pour toute souscription à un abonnement « DSL » chez l’opérateur, « Mobile Internet Free Weekend » vous est offert. Il s’agit d’un abonnement limité à 500 MB par mois, de confort, offrant une connexion gratuite les week-ends via le réseau 3G (ou GPRS ou EDGE, dans les zones reculées) de Proximus.

Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’un modem compatible (clé USB, carte Express/PCMCIA) et d’une carte SIM dédiée. Le modem est vendu à un peu moins de 120 euros : d’autres modèles sont disponibles dans le commerce et en ligne. Ce matériel peut vous être fourni sur simple demande au call center de l’opérateur. Si vous êtes à l’étroit, vous pouvez toujours étendre cet abonnement mobile à 2 GB « anytime » pour 29,95 euros par mois si vous avez besoin d’une solution non limitée aux plages horaires définies.

La concurrence n’a pas (encore) réagi

Quid de Mobistar ? Pour l’heure, seul le site « business » de l’opérateur semble indiquer qu’une solution « One Office » pourrait inclure « très bientôt » à la fois la connexion Internet ADSL 6 Mbps et la connexion mobile. Les particuliers ? On verra plus tard.

Son partenaire Telenet proposait sous sa propre marque des offres à Internet mobile, combinées souvent à des offres Internet/téléphonie fixe. Celles-ci ont mystérieusement disparu de son site web.

Quid enfin de la nébuleuse KPN (Base/Télé2/KPNBelgium) ? Pour l’heure, c’est toujours la dissociation des produits qui est de mise chez BASE : on peut en effet souscrire à un abonnement ADSL (4 Mbps), mais Internet mobile reste une option. Chez Tele2, où les offres 12 Mbps ont refait leur apparition, une solution « Trio » permet de combiner téléphonie fixe, mobile et accès à Internet sur la même facture. Internet mobile reste, tout comme chez Mobistar, une option à 25 euros pour 1 GB qui s’avère finalement nettement moins avantageuse que l' »équivalent » Belgacom. C’est qu’une nuance doit être apportée pour comparer les offres : Base n’a toujours pas ouvert l’accès à la 3G et sa vitesse de connexion EDGE ne dépasse pas 250 Kbps, contre 3,6 ou 7,2 Mbps en HS(D/U)PA chez Proximus.

Autant dire que ce n’est pas l’harmonie qui règne entre les différentes marques du groupe KPN, pour l’instant en tout cas. Pourtant, le groupe a franchement toutes les cartes en main. Il ne lui manque, en vérité, un peu comme son camarade Mobistar, qu’une offre… de télévision numérique.

Un match toujours aussi peu passionnant à commenter

Il est toujours triste de voir que, sur un marché libéralisé et en proie à une concurrence pourtant féroce, l’innovation est créée par l’opérateur historique et dominant. On connaît les limitations dont certains concurrents sont victimes, mais cela n’excuse pas toujours le manque d’inventivité.

Pour prendre une image fédératrice : c’est un peu comme si, chez nos voisins français, la très belle guerre commerciale que se livrent Free et France Télécom / Orange depuis plusieurs années n’avait pas connu la petite révolution de la « Freebox », qui, aujourd’hui agité comme un « archétype », a permis au marché français de se décoincer. Et à la France de prendre la tête des Etats européens les plus innovants/avantageux en matière d’offres numériques.

Belgacom joue en ce moment une très jolie partition de Noël. Avec un combiné TV / ADSL à 20,09 euros par mois pendant 1 an, option mobile incluse, on ne voit pas trop ce qui peut retenir les abonnés ailleurs… sauf peut-être sur les lignes câblées. Et encore, pas partout.

Voilà pourquoi le match n’est pas toujours très passionnant à commenter, sous nos latitudes.