Windows Mobile n’a pas souvent été cité dans le journal des bonnes nouvelles. En attendant la version 7 du système d’exploitation, Microsoft tente de sauver des meubles.

D’un point de vue purement technique, le géant américain semble avoir toujours plus de difficultés à se défaire du lourd héritage d’un Windows CE, Pocket PC et multiples branches. Impossible d’innover, d’oser, d’anticiper ou même de suivre la concurrence, Windows Mobile répète ses mauvais réflexes. Un menu démarrer obsolète, une complexité qui rebute les moins avertis. Les dernières versions sont tellement peu intuitives et sympathiques pour l’utilisateur que les fabricants qui font le choix de Windows Mobile se sentent obligés de développer une couche supplémentaire, une interface plus sexy, tout simplement plus intelligente et plus abordable.

Mais les Panels de Sony Ericsson et le TouchFlo 3D de HTC ne maquillent pas les défauts fondamentaux de Windows Mobile. Lourdeur, utilisation catastrophique de la mémoire, bugs et saccades. Sans compter une offre logicielle pauvre et très rarement gratuite. Tout le contraire d’un OS X Mobile d’Apple ou d’un petit nouveau, Android. Le géant de Redmond a pourtant eu des années pour passer d’un public technophile attiré par les PDA à monsieur tout le monde qui cherche un appareil simple à utiliser. Aujourd’hui, l’utilisateur type d’un téléphone Windows Mobile est un geek mobile des premières heures. Tout le contraire de ce qui se passe sur PC.

Mais, finalement, c’est le côté industriel qui est le plus noir. Sans évoquer l’iPhone sur lequel Microsoft ne sait concourir, il suffit de prendre l’exemple de HTC, son partenaire le plus fidèle, le plus productif et le plus efficace. Ce dernier a embrassé le système d’exploitation de Google. Un seul téléphone Android aura suffi à faire une ombre définitive à Windows Mobile. Aux Etats-Unis, en quelques semaines, les chiffres de vente montre que le G1 surclasse nettement le reste de la gamme HTC. De quoi faire réfléchir.

De quoi faire réfléchir LG et Samsung par exemple. Deux constructeurs qui cachent difficilement l’enthousiasme envers Android. Chez Samsung, 80 personnes travaillent exclusivement sur l’introduction du système d’exploitation de Google. De quoi faire réfléchir également Sony Ericsson qui constate chaque jour les conséquences de l’aventure Xperia. Le magazine Engadget a demandé le mois passé à ses lecteurs ce qu’ils changeraient dans le fameux X1 pour qu’ils envisagent son achat. La réponse est quasi unanime: Android à la place de Windows Mobile.

Sans oublier Motorola dont la stratégie de retour au premier plan est exclusivement basée sur Android. Tous les investissements dans le mobile sont tournés vers Google.

Et si ce constat ne suffisait pas, il faut tenir compte d’Apple, RIM (BlackBerry) et Nokia. Trois acteurs qui dominent largement les ventes de smartphones. Trois acteurs qui développent leur propre solution.

Comment Microsoft pourrait maintenir le chiffre de 18 millions de licences pour Windows Mobile en 2009 ? A moins de créer la surprise avec une version 7 particulièrement attendue, les rumeurs annoncent que la 6.5 présenterait enfin une page d’accueil plus moderne, en relation avec ce qui se fait à la concurrence. La réaction de Microsoft doit, de toutes manières, être proportionnée à la situation actuelle. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? La détermination de Google pourrait enterrer le système d’exploitation mobile de Microsoft dans les mois qui viennent. A moins que l’éditeur de logiciel n’adopte la politique d’Apple, de RIM ou de Nokia. Maîtriser de A à Z la production d’un téléphone. Malheureusement, le modèle Zune face à l’iPod n’est pas des plus concluants.