Selon Datanews, KPN a de nouveau fustigé le manque de volonté de régulation de l’IBPT en Belgique, à l’occasion d’un discours de nouvel an prononcé à Bruxelles par le président de l’opérateur néerlandais, Ad Scheepbouwer. Et si KPN changeait de refrain pour nous expliquer comment ils voient l’avenir du numérique dans notre pays ?

Malgré la mise en place d’un nouveau conseil des sages, composé essentiel de professionnels reconnus, le représentant de KPN n’en démord pas : « Certaines instances régulatrices sont tout simplement incompétentes. » On sait pourtant que l’IBPT va – dans les semaines à venir – boucler deux dossiers importants : l’attribution des fréquences pour un 4e opérateur mobile (3G) et une ouverture plus grande à la concurrence du réseau VDSL2 de Belgacom (sans toutefois toucher au câble wallon ou flamand !).

Toujours selon Datanews, Ad Scheepbouwer en appelle à l’intervention urgente de l’Union, en la personne de sa « compatriote et commissaire européenne Neelie Kroes ». Libor Voncina, CEO de KPN Belgium, avait déjà manifesté son intention d’en appeler à la sagesse des instances européennes en novembre dernier, suite à la cession des activités business de KPN à Mobistar.    Il serait, selon ses déclarations, impossible de concurrencer Belgacom et Telenet sur ce marché porteur.

Incompétent, l’IBPT ? Le terme est sans doute mal choisi.   Nous parlerions plus volontiers de « pressions » venant du politique, notamment après l’introduction en décembre dernier de deux mandataires spéciaux, Georges Denef (PS) et Michel Van Bellinghen (MR), dont la nomination surprise n’inspire que soupçons sur son indépendance. Elle s’originerait dans une tentative de reprise en main de certains dossiers politiquement sensibles, dont la libéralisation du secteur postal, par le PS et le MR. Même si leur pouvoir de décision est limité, ces deux mandataires invités, dont la nomination aurait dû rester discrète, disposent d’ailleurs d’une rémunération annuelle comparable à ceux des dirigeants de l’IBPT, à savoir 150.000 EUR.

Impassible face au discours du « vilain petit canard » KPN, le premier Ministre Yves Leterme n’a pas souhaité commenter la participation, souvent jugée excessive, de l’Etat dans Belgacom, mais a tenu a rappeler que la part de marché de Proximus n’est guère plus importante que celle de KPN aux Pays-Bas ou Orange en France.  Et il a redit son soutien au plan numérique 2015, dévoilé par son Ministre Vanquickenborne fin 2009.

Ce n’est pas la première fois que KPN aboie : cette victimisation – en partie fondée ! – est presque devenue un argument commercial et politique, voire une menace industrielle de désinvestissement dans notre pays.  Quel plan ambitieux a donc KPN pour notre pays ? Et pourquoi est-il si difficile à exprimer en public ou en cercle VIP ? Que l’Union européenne fasse en effet son travail d’inspection sur les conditions de la concurrence dans notre pays ! Et que KPN fasse ensuite son travail d’innovateur et non de suiveur, fût-il « smart ». L’innovation et l’audace seront la clé. C’est ainsi que la concurrence est stimulée sur un marché.

A-t-on oublié comment Free a redistribué les cartes du marché en France ?