L’opérateur vit une expérience unique dans le monde: mettre au point des solutions tarifaires identiques pour deux parties du pays que tout oppose.

D’un point de vue purement francophone, la nouvelle adaptation des caractéristiques de connexion à l’internet haut débit dévoilée hier ressemble plus à une opération de communication qu’à un véritable souci d’offrir la meilleure qualité à ses clients. Pire: la frustration grandit dans la masse considérable de consommateurs qui sont trop loin de la centrale (le boîtier technique qui assemble les paires cuivrées vers le réseau national) et qui restent bloqués à des vitesses de téléchargement nettement moins performantes.

Pour trouver la raison de cette soudaine agitation, il faut traverser la frontière linguistique. La pierre dans le jardin de Belgacom s’appelle Telenet. L’étourdissant succès du câblo malinois est frappant. Ses solutions ne sont pas forcément moins chères – que du contraire – mais les caractéristiques de ses offres sont toujours plus étoffées. Ce qui a permis à Telenet de prendre la tête de sa zone de chalandise. On l’oublie parfois mais Belgacom est challenger en Flandre.

Ses multiples réactions, cette année, ne sont donc qu’une réponse très structurée à son concurrent nordiste. Ce qui a des conséquences inévitables en Wallonie. Belgacom étant un opérateur national, ses offres sont répandues sur tout le territoire, même dans des coins reculés où il est complexe de proposer la même qualité que dans des communes dont la densité de population rend les investissements plus rentables.

Ce qui est longtemps resté comme un enjeu néerlandophone devient national lors du réveil progressif de Voo. En Wallonie, le déploiement du VDSL2 coûte cher. Trop cher. A tel point que le pourcentage de clients connectés éligibles à cette évolution chute. Un boulevard pour le câble. Malgré son incroyable retard, Voo peut se permettre d’y aller à son aise avec l’Eurodocsis 3. Ce standard, qui sera ouvert fin de l’année, enverra le câble à 100mbps. En l’espace de quelques mois, idéalement, Belgacom doit quelque peu abandonner ses troupes au nord pour mettre les bouchées double au sud. En effet, Voo propose de la HD pratiquement sur tout le territoire wallon.

Les Wallons sont spectateurs et bénéficiaires d’une bataille impitoyable entre Belgacom et Telenet. Les dommages collatéraux pour l’ancien monopole belge risquent pourtant de s’étendre sur tout le pays. Et ce n’est pas fini. Dans le mobile, pratiquement tout le catalogue de téléphones de Telenet est disponible à 1 euro contre abonnement. On n’en attend pas moins de Voo et de son introduction en tant qu’opérateur virtuel. Les prochains mois seront chauds. Assurément. Il ne reste plus qu’à trouver un gouvernement pour distribuer les licences LTE.