S’il est agaçant de continuellement constater qu’Apple prend les devants en matière d’innovation mobile, il est épuisant d’assister à un Nokia qui ne prend plus les responsabilités de son leadership.

Quand les grands pontes de Nokia ouvrent les rideaux de leur congrès annuel, la curiosité guette toujours la plupart des technophiles enthousiastes. Chaque fois, l’attente d’un éventuel coup magistral ou d’une surprise bien préparée est bien présente. Au Nokia World 2010, le finlandais a poursuivi sa stratégie qui consiste à proposer des produits juste à temps dans une fourchette de prix qui en font des téléphones recommandés. C’est indéniablement intelligent.

Toutefois, la galaxie des services, les nouveaux smartphones et le (ou les ?) système d’exploitation maison n’inspire plus les foules. A l’image des crapuleuses contrefaçons chinoises, Nokia suit la tendance étudiée par de nombreux coups de sonde. Quand un produit sort d’usine, on sait déjà pour qui et pourquoi il est fabriqué. Aucun risque. Tout est bien huilé.

Plus personne ne s’étonne ensuite qu’après la géante séance masturbatoire interne, le buzz se soit éteint rapidement. Il faut dire que les internes, ceux qu’on appelle parfois les Nokians, se sont particulièrement déchaînés, notamment sur Twitter et Facebook, afin que la sauce prenne. A tel point que le Nokia World a été, l’espace de plusieurs minutes, un trending topic. Quelques heures plus tard, C7, C6-01 et E7 sont déjà tombés aux oubliettes.

Il faudra désormais s’habituer à une image low-cost de suiveur intelligent pour Nokia. Il faudra attendre que le constructeur prenne enfin le chemin d’Android pour ne pas définitivement sombrer. Symbian^3 qui équipe les trois téléphones annoncés aujourd’hui devrait terminer sa vie dans quelques mois pour laisser place à Symbian^4. Puis le 5. Ou MeeGo. Un imbroglio qui laisse peu de place aux développeurs qui, même à coup de milliers d’euros de subvention, fuient la plateforme ouverte.

Les tous nouveaux patrons de Nokia auront peut-être l’ambition de renverser la tendance. En attendant, c’est avec un regard inquiet que le voile tombe sur cette triste édition du Nokia World.