La séance de musculation entre le régulateur belge et les câblos se transforme doucement en bataille rangée. Les coups se perdent, Belgacom savoure.

C’est un véritable ballet médiatique qui secoue les télécoms belges cette semaine. Dans le même temps, les enchères pour l’acquisition de la quatrième licence 3G et la consultation sur l’ouverture du câble de télédistribution ont été annoncées. Il n’aura fallu attendre que quelques heures pour que Telenet réagisse vivement et menace de ne pas soumettre de dossier en téléphonie mobile si l’IBPT persistait à libéraliser les services des câblos. Bref, un beau gros bordel, teinté de mauvaise foi.

Simplifions. Le gouvernement fédéral belge souhaite offrir la possibilité aux entreprises intéressées d’acquérir une quatrième licence 3G afin de doper la concurrence sur l’échange de données mobiles. Premier souci: le nombre de candidats n’est pas très élevé. Telenet et Voo sont les favoris. Le premier est un opérateur virtuel avancé avec une infrastructure propre et une offre mobile qui repose sur la vente couplée. Il ne lui manque que les antennes. Le second réfléchit toujours à l’opportunité d’intégrer du mobile dans ses plans tarifaires. Aucun autre opérateur n’a manifesté son intention d’entrer sur notre marché. Il faut dire que l’environnement économique a déjà été plus favorable. Au sortir de la crise financière, il faut dépenser 75 millions d’euros pour la licence et, approximativement, deux milliards pour le réseau. Les chances de retour sur investissement sont donc très faibles, voire impensables. Les enchères ne peuvent donc intéresser que les acteurs belges actifs en télécoms qui auraient un avantage stratégique à pénétrer dans le mobile.

C’est dans ce contexte que l’IBPT a choisi de démarrer une consultation sur une éventuelle ouverture du câble dans les régions concernées dont la Flandre. Ce qui n’est pas du tout au goût de Telenet qui estime qu’il existe déjà assez de concurrence et suffisamment de choix, notamment technologie, pour le consommateur. Or, l’honnêteté nous pousse tout de même à souligner que si l’Etat force Belgacom à ouvrir les vannes en DSL, pourquoi ne le ferait-il pas sur d’autres tuyaux ?

En choisissant ce timing, l’IBPT ouvre la voie royale à Telenet pour exercer son chantage. Si on m’oblige à ouvrir le câble, je refuse d’acheter la licence 3G, ce qui priverait le budget de l’Etat d’importants revenus liés à la construction d’un nouveau réseau.

Reste à connaître la position de Voo qui est très occupé, en ce moment, à moderniser son réseau et à unir Tecteo et Brutele. Et ne semble pas vraiment prêt à mobiliser son énergie sur le mobile.