Un parfum d’évolution majeure plane sur la manière dont sont échangés les messages textuels et imagés. La fin du SMS est une éventualité envisageable. Sérieusement.

Camarades, la révolution est en marche. Depuis qu’il a été inventé, on nous annonce déjà sa mort. Le SMS n’a plus que quelques années à vivre. Derrière ce slogan, à peine commercial, se cache une start-up canadienne culottée. Sise à quelques rues du siège social du géant Research In Motion, Kik développe dans les rues paisibles de Waterloo (Ontario) une application de messagerie qui rappelle sans équivoque le Messenger de BlackBerry. Kik Messenger, lui, s’installe sous l’iOS d’Apple et sous Android. Il a, par contre, été rapidement retiré de l’App World de Rim. Et pour cause. Depuis quelques mois, il concurrence avec force le protocole propriétaire, crypté et très populaire du BlackBerry. Plus d’un million de clients avaient été installés sur la plateforme canadienne en quelques jours. Ils seront bientôt cinq millions sous Android et iOS.

Du côté de BlackBerry, on a déjà beaucoup crié au scandale pour vol de propriété intellectuelle. Il faut avouer que Kik a réalisé une copie presque parfaite, tout à fait fonctionnelle et bien sympathique de la messagerie de Rim. Avec, et c’est là que ça devient amusant, le soutien de… Rim. Le développement de Kik Messenger a pris une année. Les ingénieurs de la petite start-up ont sué nuit et jour pour améliorer les performances en consommation d’énergie et respecter la vie privée des utilisateurs de BlackBerry. Et pour mettre au point un système universel, utilisable sur chaque plateforme. Windows Phone 7 est la prochaine supportée.

Mais, malgré le bon travail de Kik, Rim ne pouvait se permettre de placer en danger son propre Messenger qui reste une valeur hautement ajoutée de ses smartphones. En effet, le Messenger est une fonctionnalité qui conserve une certaine fidélité des utilisateurs de BlackBerry. Ils sont nombreux à ne pouvoir s’en passer. Dès lors, si le système s’exporte, que restera-t-il aux BlackBerry ?

C’est pourtant le mouvement qu’initie Rim. Il semblerait que le BlackBerry Messenger puisse un jour être utilisé sous iOS et sous Android afin d’occuper un terrain à prendre. Car, bizarrement, malgré le succès et la simplicité du concept, Google, Apple et Microsoft n’ont pas semblé bon de l’imiter. Eux qui multiplient les échecs de le web social ont pourtant eux l’occasion de se refaire. A moins qu’ils ne planifient l’achat de Kik quand ce dernier aura acquis une masse critique d’utilisateurs et qu’il deviendra incontournable.

Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour Kik. Malgré la mise à jour de ce matin apportant les messages groupés et le transfert d’image, son Messenger reste un fameux mangeur de batterie et ne jouit pas d’une stabilité exceptionnelle. Qui plus est, dans sa base d’utilisateurs, si on enlève les « adopteurs » précoces qui ont essayé puis abandonné – faute de connaissances à qui parler -, reste-t-il suffisamment de clients actifs pour former une communauté critique ? C’est dans ce sillon que BlackBerry doit s’engouffrer pour forcer son Messenger. La géant canadien peut bénéficier de l’appui d’inconditionnels fans qui n’hésiteront pas à inviter leurs comparses hébergés par d’autres plateformes à adopter le style BlackBerry.

Cette course à la conquête de la messagerie nouvelle génération signe probablement la fin du SMS. Bien entendu, nous parlons ici d’un avenir à long terme. Toutefois, les acteurs de cette métamorphose doivent agir maintenant. BlackBerry joue son avenir. Kik peut devenir un très grand. Google, Apple, Microsoft, voire même Facebook et Twitter vont-ils rester longtemps spectateurs ?