Netflix peut souffler: l’opérateur wallon ne lui taillera pas tout de suite des croupières dans le segment des vidéos à la demande par abonnement. Mais les choses peuvent évoluer…

Disponible depuis le 18 mai sur le territoire couvert par Voo, Canal Play est entré sur le marché francophone avec beaucoup d’ambition. Mais bien trop peu d’arguments pour convaincre. Détails.

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Le catalogue est étonnamment pauvre

Certes, il avait été précisé lors de la conférence de présentation que les 6.500 titres disponibles en France n’arriveraient qu’en fin d’année chez nous. En attendant, pas moins de 3.500 vidéos devaient être accessibles dans l’immédiat. Ce n’est pas tout à fait le cas. Nous sommes en réalité très loin du compte. Mais ce qui est bien plus inquiétant, c’est un manque édifiant de qualité des films et sériés présentés. Hors, si le constat peut éventuellement être étendu à ses concurrents, Canal Play fait partie du groupe Canal Plus, éditeur et distributeur de nombreuses séries et co-producteur d’une kyrielle de films. Où sont-ils ?

Pour les plus récents, des accords existent encore avec Be tv qui fournira encore cette année du contenu vers Be addict et Be à la demande. Mais pour les réalisations sorties du circuit traditionnel de commercialisation ?

Quoi qu’il en soit, c’est le téléspectateur qui sera pénalisé. S’il souhaite suivre Baron Noir (distribué par StudioCanal), revoir The Big Bang Theory et se repasser Breaking Bad, il devra opter pour trois offres. Avec cette spécificité: tout n’est pas disponible sur toutes les plateformes, loin de là. La dernière saison de Big Bang Theory pourrait passer sur Be tv avec les sept premières saisons uniquement chez la concurrence. Un capharnaüm (qui s’applique à l’ensemble du secteur de la SVOD dans le monde).

Les fonctions qui n’ont pas traversé la frontière

L’autre point négatif est technique. Si nos voisins d’Outre-Quiévrain bénéficient d’une compatibilité avec la Chromecast et avec l’Apple TV, de cette possibilité inédite d’emporter des films hors ligne et de fonctions multilingues sur smartphones et tablettes via une application dédiée, il n’en sera rien pour les Belges. Ces derniers n’auront d’autre choix que de consulter le catalogue sur les décodeurs de Voo ou sur l’abominable — mais en nette progression — Voomotion. Ce qui exclut, par ailleurs, la haute définition en streaming.

Ces particularités risquent d’amoindrir sérieusement l’enthousiasme des clients de Netflix habitués à ce type de confort et qui rechercheraient éventuellement la lecture hors connexion pour emporter quelques éléments en situation de mobilité, sachant que Voomotion ne fonctionne que sur le haut débit coaxial.

Verdict en fin d’année ?

En temps que consommateur européen, il est évident que la solution Canal Play, produite en France, est intéressante à plus d’un titre. D’autant plus qu’elle peut combiner contenu plus proche des sensibilités francophones et fonctions avancées. Mais amputée de ses principales forces, que vaut-elle vis-à-vis d’un Netflix qui représente pas moins de 10% du trafic sur l’infrastructure de, par exemple, Telenet et qui a largement convaincu Proximus ?

Espérons que Voo et Canal Plus changeront rapidement leur fusil d’épaule et afficheront une ambition bien plus marquée pour emporter avec eux les consommateurs francophones. En attendant, il est tout de même grandement conseillé d’éviter Canal Play. Ou de profiter du mois gratuit pour s’en faire une opinion.

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