Le service d’alertes belge Be-Alert ne fonctionnera pas avant 2017
Si le terrible drame de Nice a mis en lumière d’énormes retards dans la diffusion de l’information officielle via l’application mobile SAIP, force est de constater que notre centre de crise n’est pas mieux équipé.
Après les attentats de Paris, le gouvernement français a mis au point un outil mobile censé améliorer considérablement la diffusion de communiqués auprès de la population concernée par d’éventuels phénomènes catastrophiques afin de renseigner au mieux les victimes et de la placer en sécurité. L’événement survenu à Nice la nuit dernière a malheureusement souligné l’inefficacité de la chose puisque les premiers messages sont arrivés sur les téléphones de la zone côtière plus de deux heures après l’attaque meurtrière. Bien après les nombreux tweets et annonces Facebook émanant des autorités.
S’il est judicieux de se poser des questions sur l’application SAIP, nous avons jeté un œil sur l’équivalent belge Be-Alert. Et le moins que l’on puisse dire est que la situation est, au mieux, inquiétante. Il n’est, à l’heure actuelle, plus possible d’y inscrire un numéro de téléphone portable pour être prévenu par SMS.
En réalité, ceci est le message d’erreur obtenu via be-alert.be/fr (qui est renseigné comme premier lien par Google si la recherche porte sur « Be-Alert »). Mais la page d’accueil be-alert.be renvoie vers un autre formulaire qui, lui, semble fonctionner. Mais ce n’est visiblement pas la peine de transmettre ses renseignements…
En test depuis février 2014 !
L’aspect le plus étonnant de Be-Alert, c’est la durée de la période d’essai. Cela fait donc plus de deux ans que le SPF Intérieur mène des tests afin de vérifier le bon fonctionnement du service. Service qui a répondu aux abonnés absents lors des attentats de Bruxelles alors que le produit devrait être totalement opérationnel depuis 2015 selon cet avis de marché. Ce dernier document est, par ailleurs, assez édifiant. S’il évoque tous les scénarios possibles, mobilise tous les moyens à disposition (des panneaux autoroutiers aux sirènes Seveso en passant par les réseaux sociaux) et balise l’utilisation du système, il évoque des moyens de transmission comme le fax, les messages vocaux et le MMS.
L’envoi de SMS géolocalisés et traduits dans la langue du destinataire reste le principal objectif de Be-Alert afin de déployer au plus vite les meilleurs conseils. Mais, dans la brochure informative envoyée aux autorités compétentes fin 2013, il est question de développement continu après l’installation au premier trimestre de 2014 du sacro-saint SMS, avec notamment l’introduction de cette très vieille technique du Cell Broadcast exploitée par les Amber Alerts aux États-Unis. Chouette. Sauf que nous sommes en juillet 2016 et, concrètement, rien n’est encore en place. Rien ne fonctionne. Pas même le simple SMS promis fin 2013.
Situation bien belge
Officiellement, le centre de crise a mis fin au test et espère désormais le plein fonctionnement de Be-Alert pour fin 2016. Mais, tenez-vous bien !, si le marché technique a été attribué, une décision du Conseil d’État doit statuer sur une plainte d’une entreprise qui se dit injustement écartée. La firme sélectionnée doit donc patienter.
On priera les terroristes de bien vouloir attendre encore quelques mois avant de rééditer leurs exploits en Belgique car il y a plus urgent, il y a un différend commercial. Si le Conseil d’État estime la plainte valable, le marché devra être relancé avec une mise en œuvre repoussée, au mieux, en 2017.