L’application mobile qui permet d’échanger des données entre les médecins, le patient et sa famille s’immisce doucement dans le monde médical. Avec une garantie: votre santé ne sera plus intime.

Andaman7, une jeune pousse belge, fait le forcing pour parvenir à convaincre les acteurs de la santé d’adopter son système d’échange de documents entre ceux qui ont obtenu des soins et ceux qui les prodiguent. Bien entendu, le projet est tout à fait louable. Améliorer la communication dans les situations de stress induites par une admission à l’hôpital est une route à emprunter.

Toutefois, confier à une entreprise privée ce genre de mission est tout de même particulièrement dangereux. Si des garanties ont été écrites pour que le chiffrement, l’anonymat et l’absence de stockage soient des valeurs fondamentales du produit, qui dit que l’aspect éventuellement commercial des données (et le très haut potentiel de rentabilisation de celles-ci) ne transforme pas dans quelques années la vertueuse aventure en premier vecteur de diffusion de vos soucis de santé auprès de ceux qui pourraient en tirer un bénéfice ? Car, malgré tout, les octets passent bien par les serveurs d’Andaman7. Or, détenir le moyen de communication donne assurément les pleins pouvoirs.

Aujourd’hui, l’accord signé avec le CHU de Liège ne produira un tel transfert que si les deux parties sont d’accord d’échanger. Le patient devra installer l’application sur son smartphone ou sa tablette iOS ou Android. Et stocker sur ces plateformes ses radios du poumon, ses prises de sang, son bilan sanitaire, etc. Il devra également encoder ses allergies et ses médicaments habituels. Or, le dossier médical global contient déjà ces paramètres. Quid du médecin traitant dont le rôle sera forcément amoindri ?

Jusqu’à présent, le public ne s’y trompe pas. Moins de 5.000 installations sous Android. Le logiciel n’est pas davantage populaire du côté des iPhone avec seulement 11 avis.

Bref, le mot d’ordre est méfiance vis-à-vis d’Andaman7. Quel peut bien être l’intérêt d’une entreprise privée à faciliter la communication au sein d’un hôpital alors qu’il existe déjà des initiatives publiques dans ce sens ?