Dans le quotidien économique L’Echo et sur les ondes de la RTBF, la patronne de Proximus s’interroge sur le coût de la bande passante à offrir aux géants américains. Dans le même temps, Tuttimus privilégie les services de ces mêmes entreprises.

Amenée à s’expliquer ce mercredi matin devant la commission Infrastructure, Communications et Entreprises publiques de la Chambre des Représentants sur la politique de prix de Proximus, Dominique Leroy a, comme de coutume, répondu de manière pondérée et justement argumentée. Sur de nombreux points, les justificatifs de l’opérateur vis-à-vis de cette impression d’offres trop onéreuses sont tout à fait recevables.

Toutefois, Dominique Leroy évoque étrangement l’Europe numérique qui peine à exister vis-à-vis de l’Amérique du Nord et de l’Asie. L’argument est exploité pour démontrer qu’il est temps de protéger les opérateurs européens, dernier pilier d’un continent technologiquement failli. La CEO évoque également la difficulté d’augmenter sans cesser la bande passant chez les consommateurs sans envisager d’un jour faire payer les géants du web qui provoquent cette augmentation de trafic sans en partager les revenus. Ce constat est largement partagé chez Voo.

Or, dans son offre Tuttimus, Proximus octroie à six applications des échanges de données à volonté, sans impact sur le quota 4G. Aucune n’est européenne. Non seulement le principe de la neutralité du Net est bafouée mais elle l’est au profit de Facebook (et ses dérivés), Twitter, SnapChat ou Pokémon Go. Certes, l’application Auvio de la RTBF n’existe que depuis quelques heures. Mais des pépites belges et européennes auraient pu bénéficier de ce soutien: MaRadio (devenu RadioPlayer.be), Spotify, Deezer, Rovio, SoundCloud. Ou un cocktail belge des médias locaux.

L’opérateur se demande donc comment il va forcer ces Américains à payer pour les ressources réseau qu’ils mobilisent tout en leur offrant une autoroute prioritaire et parfaitement gratuite.

Toujours sur le volet de l’Europe numérique en déroute, Dominique Leroy oublie également que son entreprise signe régulièrement des accords de fournitures avec Huawei et Cisco. La récente démonstration d’un embryon de réseau 5G à Bruxelles a déplacé de hauts dirigeants asiatiques. Au même moment, Nokia se démène corps et âme pour mettre en avant ses propres solutions. Tout comme Ericsson qui semble chaque jour s’approcher d’une issue macabre.

Il faut toutefois rester honnête avec Proximus. L’opérateur a signé un contrat avec HMD pour bénéficier en primeur des nouveaux smartphones Nokia et les b-box sont fournies par des entreprises françaises. L’expérience de MultiPath TCP couplant 4G et DSL s’effectue avec Tessares, une start-up belge.