Les deux opérateurs créeront avant la fin de l’année une entreprise commune afin de gérer un seul parc d’antennes mobiles. Buts : développer plus rapidement la 5G, économiser les coûts de construction et affronter plus férocement Telenet.

Surprise en ce mois de juillet 2019 ! Proximus et Orange Belgique annoncent aujourd’hui la mise sur pied d’une joint-venture afin de développer un réseau mobile d’accès commun aux deux sociétés. Le cœur de réseau, les éléments de connexion du squelette de l’infrastructure ainsi que le spectre d’ondes resteront bien indépendantes. Mais chaque site d’émission appartiendra tant à Proximus qu’à Orange. En 2024, et si aucun autre acteur ne rejoint la Belgique, il n’existera plus que deux opérateurs mobiles physiques. Proximus/Orange et Base/Telenet.

Chez Proximus, on estime que le « gain annuel récurrent de cash-flow est estimé entre 35 et 40 millions d’euros à partir de 2024 ». La première raison de cette fusion est donc économique. Mais l’investissement de départ devrait, lui, se situer aux alentours des 140 millions d’euros pour la période 2021-2023. Ceci comprend les déménagements de site et la construction de nouveaux points d’émission partagés.

Autre conséquence, environnementale et écologique : Proximus et Orange Belgique estiment que 20% des sites actuellement opérés par chaque entité séparée deviennent excédentaires. Ce qui constitue un autre poste important d’économie tant la technologie mobile consomme de l’énergie électrique. Enfin, le déploiement de la 5G devrait être accéléré. Qu’adviendra-t-il s’il un des deux compères n’obtient pas sa licence 5G ? Mystère. Même si cette éventualité reste tout de même hautement improbable.

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Le danger d’un nouveau duopole ?

Dans un avenir à moyen terme, les couvertures (2G-5G intérieures et extérieures) de Proximus et d’Orange seront (presque) absolument identiques. Les pannes seront également partagées. Cependant, un des deux signataires pourra toujours installer une antenne indépendante au niveau de capillarité le plus faible. Par exemple, les micro cellules qui densifient la capacité dans les centres urbains pourront conserver un aspect détaché du réseau partagé. Même remarque pour les paramètres de qualité de service pour les appels et les données, ainsi que des options telles que VoLTE. Enfin, une couche technologique pourra être activée ou désactivée. Proximus pourrait très bien décider de désactiver la 2G tandis qu’Orange la maintient à sa guise.

Toutefois, il apparaît clairement que cet accord donne naissance à un duopole technologique dans les télécoms mobiles. La Wallonie semble clairement la plus désavantagée. Le second compétiteur, Telenet, est nettement plus occupé à se battre sur la Flandre et Bruxelles que dans le sud du pays où il n’a pas accès à un réseau fixe. L’annonce pourrait éventuellement durcir la concurrence entre le duopole commercial. Telenet a, désormais, tout intérêt à acheter l’infrastructure de Nethys/Voo. La bataille se transformera alors intégralement au niveau belge entre le câble coaxial et la paire cuivré / fibre optique.

Et, justement, la fibre ?

Certes, l’accord ne concerne que les réseaux mobiles. Mais Orange Belgique a annoncé régulièrement son intention non seulement d’accéder à la fibre de Proximus mais également de participer financièrement à son déploiement. Serait-ce le début d’une collaboration dont les contours s’élargiront peu à peu ? La présence de Scarlet, en confrontation directe avec Orange Belgique dans le low-cost fixe, rend cette possibilité caduque.

Orange a peut-être été également apaisé par la volonté de l’IBPT de s’attaquer aux tarifs de gros et refuse désormais d’investir seul dans l’infrastructure lourde.

Notez qu’il faudra attendre, si tout se passe bien, les premiers mois de l’année 2021 pour enfin apercevoir les premières antennes partagées. La fin de cette opération de fusion ne devrait intervenir qu’à l’aube de 2024.

Chose importante à préciser : les offres commerciales, pour les particuliers, pour les professionnels et pour les entreprises resteront, bien entendu, différentes entre Proximus et Orange. Il n’y aura, a priori, jamais d’animaux chez Proximus et jamais d’offres dont les suffixe est mus chez Orange.