Les rumeurs avaient vu juste: le « Google Phone » a bien été annoncé cette après midi. Conçu par HTC, équipé du système d’exploitation mobile de Google, et vendu par T-Mobile, ce terminal baptisé G1 sera disponible dans mois d’un mois (sortie prévue le 22 octobre aux Etats-Unis) au prix de 179 USD – à condition de souscrire à un abonnement de 24 mois minimum -. Du coup, le téléphone sera bloqué sur ce réseau, ce qui sonne comme une (piètre) revanche de T-Mobile face au duo AT&T et iPhone.
La commercialisation du terminal sur le sol européen devrait débuter en novembre en Angleterre, les autres pays devant attendre le premier trimestre 2009 pour y avoir officiellement accès.

Voici les fonctions principales du G1:

– GSM/GPRS/EDGE/UMTS/HSDPA
– WiFi et Bluetooth (pas de support de l’A2DP)
– Ecran de 3.2″, HVGA (480×320), 65 000 couleurs
– Autonomie: jusqu’à 5h en communication et jusqu’à 130h en veille
– Appareil photo de 3.1 Mpixels, sans mise au point ni enregistrement de vidéos
– Dimensions: 117 x 54,8 x 15,7 mm, 156gr
– Couleurs disponibles: noir, blanc et marron
– Mémoire interne de 1Go, support des cartes MicroSD jusqu’à 8 GB
– Module GPS intégré, intégration de Google Maps et Street View
– Android Market
– Amazon MP3 Store, accessible uniquement en wifi
– Accélération 3D

La synchronisation avec les serveurs Exchange ne semble pas gérée dans cette première version, tout comme l’utilisation du terminal en tant que modem pour un ordinateur. Le Push Mail devrait cependant être de la partie, notamment avec GMail. Les premières impressions semblent positives, mais « l’expérience Internet » largement mise en avant souffrirait d’un navigateur Web un peu lent.

Système libre, simlock et action qui s’envole

Première incursion sur d’autres terres que Windows Mobile, le G1 représente un coup de projecteur immense pour le taïwanais HTC qui apparaît commme une première réponse de taille et crédible à l’iPhone, face à des concurrents en perte de vitesse technologique, au premier rang desquels Symbian, désormais libre et sous le giron d’une fondation chapeautée par Nokia.

Qui doit se sentir menacé ? Geoff Blaber, analyste au cabinet britannique CCS Insight, estime que « les plus exposés sont Microsoft et Nokia surtout si Google parvient à convaincre les opérateurs et les développeurs. »

« La plate-forme est ouverte, nous pensons qu’Android dessine en quelque sorte l’avenir », a déclaré Andy Rubin, directeur des plates-formes mobiles chez Google. Et l’on a beaucoup vanté les mérites et les bénéfices du logiciel libre ce matin à New York. Pourtant, certains semblent avoir été frappés d’une soudaine crise de schizophrénie lorsqu’il s’est agi de parler de la méthode de commercialisation. Oui, le G1 sera couplé à un abonnement chez un opérateur (d’où son prix). Oui, il sera « simlocké », ce qui, somme toute, vient troubler le discours angélique, presque évangélique, des différents protagonistes sur scène, qu’ils représentent HTC, Google, T Mobile, qu’ils portent des chaussures ou soient venus en rollers pour l’occasion.

Wifi, 3G, l’appareil est proposé en trois coloris, à savoir noir, blanc et brun. Doté d’un appareil photo de 3 Mpx, il dispose d’un écran tactile de 3 pouces et d’un généreux clavier « à la Sidekick ». Son système d’exploitation comprend un accès à un service de téléchargement de musique sans DRM, Amazon, et un kiosque de logiciels à la mode App Store. Bref, il est paré, à en croire les démonstrations, pour jouer immédiatement, dans l’arène des grands.

La bourse attendait l’annonce et personne n’aura été déçu, sauf sans doute à Redmond. Quelques minutes après la présentation, l’action Google prenait 4,62% à Wall Street. Le soufflé est retombé plus tard : vers 20h, la progression était passée à 0,82% soit 433,66 dollars.

Désormais, il faudra observer quelle réponse va apporter Nokia à cette annonce fulgurante. Laisser passer un deuxième TGV après l’iPhone est du suicide : les parts de marché peuvent rapidement s’envoler, le terrain est glissant et les leaders triomphants sont soumis à la règle impitoyable de la surenchère. A moins qu’un sursaut ne vienne réveiller le géant septentrional. Symbian est désormais une fondation. Nokia connaît le Libre pour avoir acheté Trolltech. Bref, un rapprochement avec Android et le monde de Linux n’est sans doute pas l’idée la plus idiote de l’année.

Voici quelques vidéos trouvées sur Internet ce soir :

http://www.viddler.com/explore/engadget/videos/55/

Un résumé de la présentation est disponible ici: Engadget.com (anglais)
Plusieurs galeries de photos: Galerie 1, Galerie 2

Jérôme GODDEERIS & Cédric GODART