Avec des partenaires comme Delhaize, Accord et Coca-Cola, l’opérateur entend se passer d’un lien bancaire pour proposer une solution de paiement NFC.

PingPing. Ce sera donc le nom commercial que Belgacom a choisi pour promouvoir ce que l’on peut appeler le Proton mobile, sans contact. Avec la licence de monnaie électronique européenne de Tunz, acquis à 40%, l’opérateur s’essaie au métier bancaire et reproduit à l’identique pratiquement toutes les erreurs commises à l’étranger et qui ont été corrigées depuis.

La puce que se prépare à commercialiser Belgacom n’est autre qu’une puce Proton plus moderne. Elle permet, par exemple, de payer son journal en approchant son téléphone d’une borne. L’utilisateur confirme la transaction et le porte-monnaie électronique est débité. Seule différence avec Proton: le lien se réalise sans contact.

Premier problème: le projet pilote utilise actuellement un auto-collant adossé à son téléphone. Outre l’aspect peu esthétique de la chose, le consommateur fait rarement confiance à ce genre de bricolage. Qui plus est, la présence d’un tel signe extérieur attise la convoitise des voleurs. Les utilisateurs disposeront de quelques difficultés à opter pour un système qui ne garantit pas une sécurité optimale.

Sans les banques et sans les constructeurs
En février 2008 déjà, dans nos colonnes, nous évoquions la difficulté qu’ont les paiements sans contact à décoller sans l’appui bancaire. Dans le cas de PingPing, Belgacom semble vouloir jouer au plus malin et fait fi des expériences catastrophiques de Tunz et du semi-échec de M-Banxafe qui n’a jamais dépassé le rôle de chargeur de carte prépayée. Ici également, les études montrent que le consommateur n’apprécie guerre que l’on court-circuite le lien qu’il entretient avec son organisme bancaire, Fortis, Dexia ou même Visa et Mastercard.

Autre couac: Belgacom n’a pas négocié un projet pilote avec un constructeur comme Nokia. Déjà qu’il est complexe de convaincre un utilisateur de charger son téléphone avec de la monnaie électronique, il le sera encore plus avec la solution auto-collante. Mais, avant tout, l’intégration dans un téléphone permet de paramétrer la puce à l’aide d’une interface conviviale. Par exemple, requérir un code PIN pour chaque transaction ou interdire toute opération sans action préalable du consommateur.

Ensuite, les essais prévoient que les chèques repas Accor soient livrés sur PingPing qui servira à commander des boissons rafraîchissantes de Coca-Cola ou de la nourriture chez Delhaize. Même s’il s’agit de tests, l’utilisateur hésitera longuement à opter pour des chèques repas électroniques s’ils sont si limités. Le consommateur européen apprécie une certaine liberté de mouvement en ce qui concerne son salaire. On imagine difficilement les petits commerçants devoir sortir les bourses pour installer une nouvelle solution de paiement alors qu’un certain Banksys est déjà partout.

Sans accord avec les banques, les constructeurs et toute l’industrie de la distribution, il devient complexe de rêver un éventuel succès pour PingPing. Décidément, en Belgique, on aime se faire violence sans consulter l’ensemble des expériences tentées à l’étranger. Dommage.