Maquiller Windows Mobile, lui donner une apparence inédite, interactive, capable de rivaliser avec les interfaces les plus abouties : HTC a le don d’avoir redonné vie à un système d’exploitation vieillissant. Avec le HTC Diamond, le coup de force est visuel. Certes, le dernier tactile de la marque a des défauts, mais s’il est aujourd’hui un constructeur capable de créer envie et engouement en dehors de l’intouchable Apple, c’est HTC qui arrive en première ligne. Voici nos impressions, après quelques jours d’utilisation du HTC Diamond en version UK, un an presque jour pour jour après le HTC Touch 1.

Les livraisons avaient du retard. Le HTC Diamond devrait arriver dans les prochains jours en Belgique dans sa version française. Nous avons eu la possibilité de tester une version « UK » de ce téléphone tactile. Hésitations : équipé d’un firmware datant de la fin du mois de mai, le HTC Diamond ne brillait pas par sa vélocité. Nous avons attendu la disponibilité d’une mise à jour logicielle (137.405.1 WWE) pour nous atteler à une présentation de nos premières impressions.

D’emblée, les lignes épurées et la forme compacte de l’appareil séduisent. C’est un terminal élégant, soigné et d’apparence solide. Son écran 2,8 pouces affiche une résolution VGA de 480 sur 640 pixels. L’écran est brillant et d’une lisibilité très proche de l’iPhone. Le premier démarrage est long, lent. Celui de l’interface 3D (Touchflo) ne brille pas non plus par sa vélocité. Une fois « TouchFlo » mis en mémoire (comptez 1′ voire 1’30), la perspective d’éteindre l’appareil pour revivre ce démarrage fastidieux peut rebuter plus d’un.

Les premières impressions sont capitales. Nous disposions jusqu’à ce jeudi d’une version du logiciel interne à la fois lente et peu réactive. La mise à jour – celle qui va équiper les terminaux disponibles sur le marché dès aujourd’hui – métamorphose l’appareil.

L’interface TouchFlo 3D se compose d’une série d’onglets donnant accès à un écran d’accueil revu, à vos contacts favoris, aux SMS/SMS, à vos courriels, à Internet, vos photos, votre musique, la météo, aux réglagles de base (son, papier peint, connexions, données) et à vos applications. La navigation d’un onglet à l’autre manque encore de fluidité.

Globalement, la finition de l’interface est irréprochable. Elle gagnerait à gangrener le reste de l’interface Windows Mobile, car, à vrai dire, le problème principal de ce téléphone et de ce système d’exploitation est là : une fois cet oasis de modernité quitté, on se retrouve face à des menus, des icônes et une architecture d’interface d’un autre âge. Impression ? Avec un brin d’humour, on pourrait croire qu’une grand-mère est habillée d’une robe de gala, vêtement qui parvient pas encore à cacher rides et varices. Gageons que cela n’intimidera pas les habitués du système, comme les professionnels. En attendant Windows Mobile 7, la coexistence des ces 2 générations, choquantes d’un point de vue purement esthétique, est inévitable. HTC réussit tout de même un coup de maître dans le make up. Avec force et brio.

Peut-on échapper au bon vieux Windows Mobile ? Dans la plupart des cas, oui. HTC a ainsi maquillé la plupart des fonctions usuelles, allant de la lecture des SMS au changement d’arrière-plan en passant par la gestion de ses photos et surtout de sa musique. Car l’innovation, dans ce domaine, est manifeste. Le lecteur média intégré à l’interface TouchFlo 3D est novateur. Il se présente sous la forme d’une collection de couvertures d’album qu’il suffit de faire glisser. Le lecteur dispose d’une interface plus complète, donnant accès aux listes de lecture, aux genres, aux albums et à des options de configuration du son. Le rendu sonore n’est pas optimal : la faute à des écouteurs stéréo dignes des pires baladeurs à cassette des années 80. Ils seront avantageusement remplacés par un connecteur jack 3,5 mm en option, signé HTC, et qu’il n’eût pas été inutile d’intégrer au paquetage, comme le font Sony Ericsson, LG ou encore Nokia. Après tout, assumer une ouverture au multimédia, c’est aussi soigner le rendu sonore. La radio FM RDS jouit d’une interface elle aussi retravaillée. Elle représente un « plus » indéniable pour ceux qui, comme moi, trouvent son absence sur l’iPhone regrettable, alors qu’elle équipe la plupart des terminaux, tous constructeurs confondus, sauf… l’iPhone et le Blackberry. La radio FM se manipule aisément et, pourvu que l’on utilise le casque fourni, sa réception est excellente.

Quid de l’écriture des messages (email, SMS, MMS) ? La présence de claviers virtuels – qu’il est possible de piloter au doigt et au stylet – ne pose plus aucun problème. Plusieurs claviers sont proposés, dont un « full AZERTY » très proche de celui de l’iPhone. Il est véloce et intuitif. Malheureusement, l’interface permettant d’écrire les messages n’a pas été retravaillée par HTC. On se retrouve donc dans les austères fenêtres de Windows Mobile. Gageons que nombre d’applications tierces viendront combler ce vide esthétique. Idem pour le gestionnaire de contacts : s’il est possible de manipuler ses contacts favoris depuis l’écran d’accueil, un repértoire volumineux ne sera accessible que depuis l’ancienne interface de répertoire. Ici comme ailleurs, l’impression est mitigée : HTC eût clairement pu étendre son savoir faire en matière de redéfinition des interfaces Windows à la fois dans la messagerie et dans le répertoire.

Internet ? La connectivité sans faille – WiFi, EDGE, UMTS, HSDPA – couvre tous les besoins et de toutes les situations. Le navigateur Opera 9.5, proche de Mobile Safari en terme d’interface, vient à bout de la plupart des pages web. Il convient à présent d’améliorer la prise en charge du Flash sur les modèles européens et de rendre la consultation des pages aussi fluide que Mobile Safari. Les effets de zoom et l’affichage en plein écran des pages – automatisé – peuvent s’avérer déroutants. L’onglet ‘Internet’ de l’inteface TouchFlo comprend l’accès au navigateur, aux signets et à un logiciel Youtube intégré. Proche de celui de l’iPhone. Attention : Opera 9.5 et Youtube sont gourmands et il va être difficile, dès que vous visualisez une page, de vous contenter des maigres forfaits offerts par les opérateurs. Armez-vous d’un forfait mensuel solide (200 Mo ou plus) si vous souhaitez utiliser les fonctionnalités Internet, surtout en 3G+, de votre HTC Diamond.

L’onglet météo est sans doute l’élément le plus « anecdotique » de l’ensemble. Et pourtant, on interface force l’admiration. Il peut contenir un grand nombre de villes et dispose d’animations correspondant à tous types de météo : plein soleil, nuages et averses. L’animation « averses » a fait couler beaucoup d’encre et d’huile de bras sur clavier : elle se présente sous la forme de nuages très sombres desquels tombe la pluie ; l’écran est ensuite nettoyé par des essuie-glaces. Amusant.

La qualité photo est honnête pour un appareil de ce type. En extérieur, les photos sont claires et les futures mises à jour viendront sans doute améliorer le traitement de la prise de vue. L’autofocus est rapide et, globalement, peu de reproches sont à faire à l’appareil, si ce n’est l’absence de flash, rendant difficile la prise de vue à l’intérieur, voire impensable dans la pénombre.

La capacité de stockage du HTC Diamond est de 4 Go. La connexion USB 2.0 est rapide et proche de l’expérience fournie par un iPod ou un disque dur externe. Enfin, nous avons testé le GPS avec l’application Google Maps incluse. Précision et vitesse : rien à dire. Bon travail.

Les premières impressions sont évidemment flatteuses. HTC réussit un coup de force respectable pour redonner vie à un système d’exploitation vieillisant. Il ne parvient toutefois pas (encore) à combler tous les défauts, à commencer par le manque de convivialité des applications natives, voire leur laideur (critère purement esthétique, par rapport au reste du marché des OS mobiles aujourd’hui). Les amateurs de terminaux propres et d’aspect irréprochables ne vont pas apprécier le Touch Diamond, véritable nid à poussières et à traces de doigt, phénomène inévitable vu sa conception « brillante ». Autonomie ? Difficile et délicat sujet.

En utilisation faible, il doit pouvoir tenir 2 jours. Comptez une seule journée si vous manipulez régulièrement les fonctions FM, photos, Internet, email, de votre Diamond.

Ce n’est pas l' »iPhone killer » – expression d’ailleurs lassante -, même s’il en a la prétention – de l’aveu des dirigeants de HTC qui se considèrent comme les seuls à pouvoir rivaliser avec Steve Jobs -, mais c’est un terminal technologiquement plus avancé que le rejeton d’Apple. Il dispose d’une plus complète connectique, d’une offre logicielle supérieure même si elle est moins irréprochable d’un point de vue du design, d’un appareil photo de bonne qualité et d’une radio FM RDS. La logithèque et les possibilités d’extension lui donnent pour l’instant encore un avantage indéniable sur le concurrent avec lequel il veut se mesurer. Le HTC Diamond inaugure une nouvelle génération de terminaux Windows Mobile sur un marché où l’humanisation des interfaces est devenue un critère primordial. HTC y réussit, vraiment.

Ce qu’il reste à faire et à prouver ? HTC doit concentrer ses futures mises à jour sur la vélocité de son interface et sur une extension de celle-ci à des éléments comme l’écriture de messages (courts ou emails). Le lecteur multimédia reste poussif : on a peut-être un peu trop maquillé ce bon vieux Windows Mobile pour qu’il supporte une telle métamorphose en public.

Son prix est équilibré et justifié. Comptez 500 euros.

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