« Tous les espoirs sont de nouveau permis », se réjouit Edouard Paul, le porte-parole de Sony Ericsson en Belgique. Il nous confirme la sortie imminente de Satio, l’air confiant et rebelle. Comme si une revanche était à prendre sur des mois de purgatoire, dans un marché sinistré à la fois par la crise et quelques graves erreurs stratégiques.

Malgré des résultats décevants publiés le 16 octobre dernier, Sony Ericsson semble avoir foi dans son nouveau président, Bert Nordberg, entré en fonction jeudi dernier.

Il faut dire qu’une perte nette de 164 millions d’euros au troisième trimestre, contre une perte de 25 millions un an plus tôt, peut effrayer observateurs et investisseurs. Pourtant, Nordberg résiste à la tenatation du moral à marée basse. Pur produit de la Silicon Valley, très attaché aux valeurs des standards ouverts et des systèmes libres, ce dernier s’attendait aux résultats annoncés. Pour lui, la reconquête est « en marche », même si marché et observateurs sont sceptiques : « Nous sommes maintenant mieux positionnés pour le lancement de nos nouveaux produits.» Ceux-ci sont connus jusqu’à la fin de l’année. Les annonces 2010 ne devraient plus tarder. Au beau milieu des fuites, un mot magique, « Android ».

Sony Ericsson déploie une énergie considérable en ce dernier trimestre de l’année, notamment pour envahir les réseaux sociaux. Après Facebook, après la mise en place d’un espace de développement « Labs » à ciel ouvert, ses canaux de communication s’étendent à Twitter : marque, développeurs et même désormais un fil Twitter pour le marché belge.

Le Satio 8GB à 459 euros TTC

Ce n’est plus une surprise : certains lecteurs – notamment ceux qui sont au plus près des listes de sortie de terminaux dans les boutiques spécialisées – avaient confirmé l’arrivée vers le 10 novembre du Sony Ericsson Satio en Belgique. Le premier S60 tactile de la marque sera bien vendu au prix de 459 euros TTC, hors subvention. Edouard Paul, Marketing Manager pour la Belgique, nous confirme l’information. Le terminal sera d’abord en vente dans le circuit de distribution du premier opérateur, Proximus. Il sera « livré avec une carte mémoire de 8 GB. » Quant au X2 sous Windows Mobile, il est « prévu chez nous aux alentours de la semaine 47 », soit fin novembre début décembre.

Vente couplée ? « Non, pas prévu », semble-t-il regretter. Un oeil sur le site web de Vodafone UK suffit pourtant à comprendre que constructeurs et utilisateurs auraient tout à y gagner. Depuis quelques jours, Satio est proposé gratuitement si l’on signe pour 24 mois un contrat de 35 livres par mois (38,5 euros). Ce plan tarifaire comprend 900 minutes ATAN, des communications illimitées vers les fixes, des SMS illimités et…. une connexion Internet elle aussi illimitée. Tente-t-on une nouvelle fois une comparaison avec les tarifs belges hors subvention ? Chez Proximus, Mobistar, Base ?

Satio, X2, mais aussi Aino et Yari

Les Wxxx et autres Cxxx ont vécu. Les terminaux portent désormais un nom, à connotation plus… japonaise. « En attendant 2010, nous avons déjà deux chouettes terminaux à proposer au marché, en plus du X2 et du Satio », ajoute Edouard Paul. « D’une part, l’Aino (et sa fonction de connexion et de pilotage de la Playstation 3, qui est impressionnnante). Mais aussi Yari et son « video motion gaming (Ndlr : comprenez le contrôle des mouvements sans boutons de jeu) « . »

Satio et X2 seront équipés de Playnow. Satio, le premier 12 mégapixels de Sony Ericsson, permettra de télécharger de la musique ou des applications pour son mobile (Java / Symbian) via le service Playnow Arena. Le modèle adopté est très proche de l’iTunes Music Store. La vidéo pourrait suivre en Belgique : il serait alors possible de télécharger clips et films directement sur son mobile, comme c’est le cas aux Pays-Bas depuis le W995. Aucune date n’est confirmée à l’heure qu’il est, même si le porte-parole avance le premier trimestre 2010, avec l’adverbe « probablement ».

Android en sortie de crise ?

Confirme-t-on les rumeurs d’un « Rachel » doté de 8 mégapixels et surtout du système Android dans les locaux de Sony Ericsson à Bruxelles ? Pas de commentaire sur les rumeurs, pour l’instant en tout cas.

Et pourtant, la marque, en pleine déconfiture depuis 18 mois, a une très belle carte à jouer. Intégrer à l’Android Market un service de téléchargement de musique, Playnow, est une plus value évidente face à d’autres constructeurs, eux aussi actifs sur le sytème développé par Google. Ajoutez à cela la technologie TrackiD de reconnaissance musicale, qui n’a pas attendu Shazam sur l’iPhone pour identifier un titre diffusé à la radio ou dans un lieu public. Vous obtenez une planche de salut presque évidente pour une marque qui, en 2010, devra, à l’image de Motorola, se refaire une santé de fer sur un marché devenu on ne peut plus concurrentiel et féroce. Android a tout de la porte de sortie de crise idéale pour l’ancienne gloire de la photo et de la musique mobiles : un système ouvert, plébiscité par les développeurs, mais aussi très économique pour un constructeur (open source, gratuit).

Ces deux dernières années, Sony Ericsson a eu tendance à segmenter un marché qui appelait à la convergence, notamment en s’aventurant dans une multitude de systèmes d’exploitation mobiles (sa propre plateforme Java, UIQ, Symbian, Windows Mobile et bientôt Android). Depuis l’avènement du N95 de Nokia, puis l’iPhone, le marché avait changé et Sony Ericsson manqué de flair. Résultat : un gonflement inutile des besoins en R&D, en support, en maintenance et un manque d’intérêt évident pour les développeurs, incapables de suivre une ligne claire et fixe alors qu’ils sont déjà bien sollicités par d’autres OS, dont l’iPhone, Android, le Blackberry, etc. Soit les ingrédients de la déroute.

Bert Nordberg a été nourri au « Web 2.0 » lors de son long passage par les Etats-Unis. Le nouveau Président ne cache pas ses ambitions : elles passent par des terminaux haut de gamme et des standards ouverts. Au coeur de cette stratégie, une fois encore, l’évidence nous conduit à considérer Android comme une plateforme idéale.

Moins de désamour pour le Mac

Vous utilisez un Macintosh ? Désormais, vous êtes un peu moins isolé. Sony Ericsson propose, en plus de plugins iSync réalisés par Novamedia, un logiciel gratuit baptisé « Media Sync » (réalisé par Nils Odgård de Divinerobot). Léger et très simple à utiliser, il permet de consolider ses listes de lecture musicales sur son mobile et de les synchroniser (musique, podcasts audio et vidéo, bientôt la photo).

Le mouvement vers le Mac est neuf, mais une nécessité vu le succès d’Apple auprès du grand public. Sony Ericsson a engagé récemment un responsable chargé des développements liés à la plateforme. Dans la dernière mise à jour du W995, par exemple, la fonction USB est devenue plus explicite et plus ouverte. Plusieurs options sont proposés à la connexion : MTP, stockage de masse, Windows ou « autre système d’exploitation (Mac, Linux) ». Les temps changent.

Enfin – charité bien ordonnée termine par soi-même -, le guide d’utilisation des mobiles Sony Ericsson sur Mac – que j’ai conçu sur mon site web personnel – a été mise à jour. Vous y trouverez des solutions pour synchroniser (en ligne, hors ligne, dans les airs), écouter de la musique, utiliser le modem et installer des applications utiles.