Nouvel épisode des Feux du Polyamour autour de la structure VOO. L’Écho dévoile aujourd’hui l’offre non liante sur la table de Brutele. Candidat du jour ? Telenet. Problème : la future épouse est déjà mariée (mais a consulté des avocats récemment). Briefing de rigueur, non ?

Mi-avril, VOO (Nethys & Brutele) était visé par une offre de rachat valorisée à 1,3 milliards d’euros par Telenet. Réponse des intéressés : «VOO n’est pas à vendre.» De son côté, Orange Belgium avait à la même période mis la poids de sa maison-mère à Paris pour formuler une offre d’achat similaire.

L’opérateur flamand n’avait donc pas encore dit son dernier mot dans la capitale, sacré John Porter ! Il faut dire que, depuis le rachat de SFR BeLux il y a deux ans, Telenet est devenu le premier opérateur du câble bruxellois, mais des poches de résistance subsistent encore. Qui ça ? Brutele, une intercommunale fondée en 1968 par la Régie d’Electricité d’Ixelles. Dans sa besace, 25 communes wallonnes et 6 communes bruxelloises, dont Ixelles, Saint-Gilles, Woluwe-Saint-Pierre, Evere et Uccle.

Fin 2016, lorsque le rachat de SFR (ex-Numéricâble ex-Coditel) avait été prononcé, ce fieffé Porter avait déjà signifié son intérêt pour le reste du territoire de la Région Bruxelles-Capitale, qualifié alors du «dernier tiers de Bruxelles.»

Cette fois, confirme l’Écho, Telenet ne s’en cache plus, une offre est sur la table, pleine de fougue et de compromis possibles.  Et cela tombe bien : les clients mobiles de Brutele (enfin, VOO) sont déjà à bord (relisez ici, si jamais on vient de vous perdre).

Décidément, les intercommunales, on ne s’y ennuie jamais chez nous !

No comment chez Brutélé (12 ans d’amour, c’est l’amour fort!)

Pour l’heure, malgré l’insistance du Tijd et l’Écho, Brutele n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Il est brûlant (et politique, ne tournons pas autour du pot). La valorisation de Brutele est estimée à 300 millions d’euros, mais revêt un aspect – on l’a compris – plus compliqué à gérer. En cas d’acquisition par Telenet, le divorce avec la marque VOO serait inévitable. Or, l’infrastructure de Nethys est devenue indissociable de celle de Brutele. Car oui, VOO est une entité formée de la fusion de Nethys (ex-Eurociel, ALE-Télédis, ex-CLR, ex-Tecteo) et de Brutélé.

Vous trouvez aussi que c’est compliqué à suivre parce que ces noms changent tout le temps ? C’est comme ça. On n’y peut rien !

Toujours selon les journaux du groupe Mediafin, Uccle et Ixelles ont fait défection lors d’un projet de sortie de la structure, une «opération qui leur aurait permis, in fine, d’empocher plusieurs dizaines de millions d’euros.» Les communes auraient mis des avocats sur cette juteuse histoire. Défection, a-t-on idée ? Qu’a donc fait Nethys pour mériter cela ?

Reste à voir à présent si Orange Belgium va donner la réplique à Telenet dans ce nouvel épisode des feux du polyamour, de plus en plus complexe à suivre.

Enfin, pour ne rien arranger à l’imbroglio actuel dans notre pays, où l’on prête à Xavier Niel l’intention de s’implanter dans le Royaume (à l’occasion du débat sur la future 4e licence mobile), on apprend ces dernières heures que le même patron de Free a plaidé auprès de l’Élysée en faveur d’une consolidation des télécoms français autour de trois acteurs. Free serait d’ailleurs intéressé par un rapprochement avec Orange France. Vous allez me dire : on a déjà connu un ménage à trois compliqué en Belgique, mais on s’en sort toujours ! Souvenez-vous : Orange Belgium, dirigé alors par KPN, avait dû changer de nom et devenir BASE après le rachat du groupe Orange par France Télécom, maison-mère de feu-Mobistar.

On résume ? 

  1. Telenet aimerait épouser VOO (et se dit prêt à toutes les concessions pour que nos joyeuses communes wallonnes s’y retrouvent) ;
  2. Telenet a bien compris qu’en faisant une offre sur Brutele, son concubin Nethys sera très triste et pourrait ne pas s’en remettre, parce qu’il y aurait un péage à l’entrée de Bruxelles ;
  3. Orange Belgium n’a pas de réseau fixe et souhaite également mettre la main sur VOO (pour devenir le futur gestionnaire de réseau wallon de Telenet), parce que Proximus n’est pas très team player et ne veut pas d’aide dans la construction de son réseau de fibre optique – même qu’ils invitent toujours Charles Michel à leurs conférences de presse –  ;
  4. Free aimerait bien entrer dans le jeu en Belgique et jouer au grand méchant loup, mais se montre également candidat à une consolidation des télécoms français par une alliance avec Orange France, sur un marché où après avoir foutu le bordel, Free ne connaît plus une croissance suffisante pour ses gentils donateurs.

Ah oui, si vous pensiez naïvement que les augmentations printanières et estivales de vos abonnements serviraient à payer la modernisation des réseaux câblés, détrompez-vous. Il faudra d’abord régler les honoraires des avocats.

Et surtout, rendez-vous prochainement pour un nouvel épisode des Feux des Télécoms belges !