600 euros environ à son lancement : le W960i, premier smartphone Sony Ericsson doté d’une capacité de 8 Go, vise clairement une clientèle haut de gamme et sensible à la forte marque Walkman. Une réussite même si son système d’exploitation n’est pas le plus richement doté en applications et le plus simple à manipuler. Jérôme Goddeeris et Cédric Godart proposent en exclusivité pour la Belgique un tour d’horizon complet du W960i : sa prise en main, ses fonctions, ses applications multimédia, ses avantages et ses faiblesses. Une approche sans a priori, mais sans concession.

Les téléphones embarquant une mémoire interne de 8Go se font nombreux en cette fin d’année (Apple iPhone, Nokia N81 et N95) : le nouveau venu devra donc posséder de solides arguments pour séduire.

Accessoires : peut mieux, beaucoup mieux.

La boîte (nous avons reçu un modèle original suédois flashé avec le logiciel interne Benelux) reprend le style actuel du constructeur : sobre, noir et désormais caractéristique de la marque. Il se peut que des variantes locales et des offres combinées soient proposées aux consommateurs pour les fêtes, vu la très grande diversité du marché en cette fin d’année.

D’abord retardé au début 2008, le constructeur nippo-suédois se ravise et sort finalement son nouveau modèle en ce mois de décembre 2007, comme prévu initialement. Il était initialement prévu que le W960i serait vendu avec une oreillette Bluetooth stéréo HBH-DS 220 : il faudra attendre la commercialisation de l’appareil pour voir si certains marchés bénéficient de cette option. Une promotion est actuellement en cours pour aider les clients à céder à la tentation, puisque l’accessoire est payant, en tout cas à son lancement en Belgique.

Dans la mesure où cette initiative permet de baisser le prix de vente final, certains clients n’étant pas du tout intéressés par les écouteurs sans fils seront heureux de cette décision. De toute manière, sans casque filaire, pas question d’écouter la radio FM RDS.

Les accessoires fournis sont classiques :

– Une batterie BST-33 de 900 Mah
– Un câble USB 2.0
– Un chargeur
– Une housse (du même type que celle du P1i)
– Un kit d’écouteurs HPM-70
– Les différents manuels et CD

Dommage donc : le kit HPM-82 (avec télécommande) qui équipait le W950i laisse ici sa place à un classique HPM-70. Dommage pour un modèle pourtant haut de gamme, alors que ce kit avec télécommande coûte moins de 30 euros dans le commerce.

Nous regrettons aussi que la batterie utilisée ne soit pas le modèle utilisé par le P1i (1120Mah), le gain en autonomie aurait été appréciable.

Une conception soignée : matériaux et logiciels.

Décidé à ne pas se laisser voler la vedette par l’Apple iPhone ou le Nokia N95 sur le terrain du multimédia (photo, vidéo, audio, capacité de stockage), Sony Ericsson frappe très fort malgré un système d’exploitation encore complexe et l’absence de 3G+, l’avantage de la touche « Sony » exclusive comme atout majeur. Comme nous vous le confions en juin, la ligne de ce smartphone a tout pour plaire – le terme n’est pas choisi au hasard – : sa coque bicolore rappelant notamment les couleurs d’une orque. La finition de l’appareil est très soignée, ce qui est une bonne habitude chez le constructeur, en tout cas pour ses modèles haut de gamme.

Les dimensions du téléphone sont très contenues : à peine 109 x 55 x 16 mm, pour un poids 119 g, moins encombrant qu’un Nokia N95 donc, et sensiblement identique au P1i. La connectique (surmontée d’une LED, comme le P1i) utilisée est toujours propriétaire, il faudra donc toujours passer par un adaptateur pour brancher son propre casque.

L’allure générale est reprise du vieillissant W950i, avec une sacrée mise à jour du style pour moderniser l’ensemble. Le clavier est donc de type « classique », contrairement au P1i qui possède un clavier AZERTY, mais il devient enfin utilisable. En effet, l’exemplaire du W950i semblait être recouvert d’une fine membrane qui rendait son utilisation vraiment désagréable pour la rédaction de texte.

Trois touches sensitives, placées entre l’écran et le clavier s’illumineront lors de l’utilisation du lecteur Walkman ou de la radio FM : bien pensé !

Deux grands changements par rapport à son prédécesseur : Premièrement, un appareil photo (non protégé) apparaît au dos de l’appareil. Identique en termes de caractéristiques à celui qui équipe le P1i, le résultat des photos prises par ces deux modèles devraient donc être identiques.
Autre nouveauté : un second objectif est désormais disponible afin de pouvoir passer des appels de type visio.

Autre petite modification : la touche « retour » fait désormais partie du clavier, ce qui se révèlera bien plus pratique à l’utilisation que sous la molette de défilement.

UIQ plus réactif, mais toujours derrière S60.

Le W960i reprend les grandes avancées du P1i en termes de système d’exploitation : la mémoire RAM est doublée (on passe à 128Mo, contre 64Mo pour la génération précédente), la page d’accueil plus fournie et le système allégé. Résultat ? Une interface un tantinet plus fluide.
Le processeur, moins puissant que celui des derniers Symbian de Nokia par exemple, fera tout de même sentir ses limites lors du chargement de certaines applications, mais une fois ces dernières en RAM, le multi-tâches devient un régal ! En « bon UIQ », il ne gère toujours pas la fermeture des applications, qui risquent de s’accumuler rapidement et engorger la mémoire vive : il faut passer par un gestionnaire des tâches poussif pour gérer les applications ouvertes : S60 et Windows Mobile ont compris qu’il s’agissait d’une erreur.

Le démarrage de l’appareil reste lui aussi plus lent que sur les smartphones Nokia, mais il vous suffira de passer le téléphone en mode « avion » au lieu de le mettre hors tension pour éviter ce démarrage piano.

Comme son équivalent professionnel, le P1, les raccourcis sont désormais disponibles (et paramétrables) sur la page d’accueil. 15 emplacements sont prévus. La nécessité de passer par le menu principal pour accéder à un programme en est donc vraiment réduite.

L’utilisation du stylet – bien plus agréable que celui du W950i – n’est pas du tout obligatoire, pour peu que l’on soit habile de ses doigts. Des boutons de validation virtuels seront en effet affichés dans le bas de l’écran, ce qui rend l’utilisation d’une seule main possible mais encore loin du confort de Touchflo sur HTC ou l’iPhone d’Apple.

Un lecteur Walkman inégalé à ce jour

Tout comme le système d’exploitation, le lecteur musical reçoit lui aussi de belles améliorations. L’interface Walkman est toujours aussi jolie (navigation par jaquette album ou visualisations en arrière plan notamment) et encore plus agréable à utiliser.

La gestion des jaquettes est parfaite, à condition d’avoir bien rempli les tags de ses MP3 bien sûr. Les chansons (sans DRM) achetées sur l’iTunes Music Store sont parfaitement gérées par exemple, aucune manipulation ne sera nécessaire pour profiter de toutes les informations du titre.
Ces mêmes informations seront affichées sur la page d’accueil du téléphone lors de l’écoute d’une chanson.

Contrairement au W910i, le W960i ne gère pas les modifications opérées dans votre bibliothèque musicale. Il faut donc encore mettre à jour manuellement via une touche dédiée pour que le lecteur Walkman reflète les derniers ajouts à votre bibliothèque.

La radio FM reste de loin le modèle le plus évolué de sa génération : une interface superbe et des possibilités très appréciables (Track ID, RDS, infotrafic, TA). Tout comme le lecteur audio, les informations de la station écoutée seront reprises sur l’écran d’accueil du téléphone.

L’utilisation d’écouteurs Bluetooth stéréo est, bien entendu, tout à fait possible grâce à la norme A2DP, déjà supportée par l’ancienne gamme. Même si le haut-parleur ne vaut pas celui du N95 8Go, le son produit est agréable sans écouteurs. Oui mais voilà, il est mono ! Cela dit, le rendu est meilleur qu’avec les exemplaires d’origine du N95 ou de l’iPhone par exemple. Le son ne sature pas lors de l’augmentation du volume, ou de l’amplification des basses, et le format intra-auriculaire permet d’écouter sa bibliothèque musicale sans être dérangé dans un environnement bruyant.

Pour couronner le tout, la mémoire embarquée de 8Go est très rapide en lecture et écriture depuis un ordinateur (PC/Mac/Linux), bien plus que celle du Nokia N95 8Go par exemple. Ce point est selon nous important : il est en effet impossible de passer par un lecteur de cartes mémoires pour accélérer les débits. Nous avons transféré une vidéo de 198Mo en 29 secondes via le câble USB, ce qui donne une vitesse de près de 7 Mo/secondes. Il n’y a pas de différence entre un iPod et un W960i en terme de vitesse de connexion. Une avancée considérable, déjà présente sur le W950i.

Java pour compenser le manque de logiciels natifs

Le superbe écran proposé accompagne à merveille la très belle interface UIQ. Il est cependant dommage que le nombre de programmes tiers disponibles reste bien plus limité que sur les plateformes Symbian S60 ou Windows Mobile par exemple. La logithèque Java compense, mais un grand nombre d’écrans d’avertissement impossibles à éviter (« voulez-vous vous connecter à Internet ? ») ennuient constamment l’utilisateur, par exemple à l’utilisation de l’application Shozu pour le transfert de photos.

Petit détail : l’écran est désormais au niveau de la coque, comme sur l’iPhone ou le HTC Touch et non enfoncé dans cette dernière. Il reste toutefois moins bien adapté à la manipulation au doigt que les modèles précités. Le stylet n’est pas mort chez Sony Ericsson.

En utilisation musicale, le W960i est clairement un régal grâce à un son d’excellente qualité avec les écouteurs fournis, malgré un niveau sonore à améliorer. L’interface est un modèle du genre, les fonctions nombreuses, les outils de personnalisation (humeurs par exemple) inédits.

Dans le domaine de la connectivité, toujours pas de support de la norme EDGE ou HSDPA, ce qui commence à devenir légèrement handicapant pour un smartphone de ce statut. Pour rappel, le K850i, pourtant du même constructeur et vendu bien moins cher, en offre le support. Visiblement, la version du système Symbian UIQ embarquée par le terminal ne permet pas encore d’offrir le HSDPA, qui est le véritable haut débit mobile (pour rappel : 384 Kbps pour l’UMTS et jusuqu’à 3,6 – voire 7,2 Mbps – pour la version HSDPA de l’UTMS). L’absence d’EDGE est tout simplement… incompréhensible. Quant au Wifi, il sert bien entendu à faire oublier ces deux absences, mais son activation pourrait être mieux pensée : soit automatique dès qu’il repère un réseau « ami » ou « libre » comme l’iPhone, soit via une seule touche.

Souriez.. 3,2 Mpx à bord

Les clichés produits par l’appareil sont de très bonne facture. Nous sommes cela dit au-dessous de la qualité des photophones de type K8xx, N95, N73 et autres G600 de Samsung.

Les possibilités de réglages sont cependant nombreuses et, pour la plupart, accessibles depuis les touches du clavier (la touche 4 dés(active) le mode macro par exemple).
L’interface de prise de photo est identique à celle proposée dans le P1i.

Un flash (LED) est présent. Etrange : nous ne comprenons pourquoi il reste manuel, alors que d’autres téléphones disposent d’un Flash automatique lors de la prise de clichés. Une manipulation de trop sans doute pour l’utilisateur, qui est en droit d’exiger une qualité optimale sans se perdre dans des réglages poussifs. Les vidéos par contre sont légèrement en retrait avec une résolution de 320*240 pixels, et surtout un rafraîchissement de seulement 15 images par seconde. Ce n’est clairement pas la priorité de cet appareil.
2 jours et une accroche réseau sans faille

Il nous est difficile de vous donner l’autonomie réelle du téléphone vu le peu de temps dont nous disposons de l’appareil, mais une autonomie de 2 jours environ avec une utilisation « moyenne » semble cohérente vu les performances de l’ancienne gamme dans ce domaine, nous basant sur l’expérience du P1i, dont il est franchement beaucoup inspiré.

Concernant l’accroche réseau et la qualité d’écoute, aucun défaut à signaler durant nos tests, l’ensemble est de bonne qualité. Il fait aussi bien qu’un N95 et clairement beaucoup mieux qu’un iPhone.

Les goûts, le budget et les couleurs.

Le nouveau venu dispose clairement de gros arguments (interface Walkman très réussie, UIQ qui arrive à maturité, excellente finition, …), mais il est dommage qu’un smartphone sous UIQ n’offre qu’une logithèque limitée.

Le prix plus doux que celui du Nokia N95 8Go (environ 750-800 euros au lancement) est aussi un très bon point, mais il est dommage que les accessoires proposés en série en soient la première victime. Assurément, le W960i reste le meilleur choix (avec l’Apple iPhone) pour une utilisation musicale intensive ; cependant, les amateurs acharnés de multimédia se poseront la question d’investir 100 à 150 euros de plus et de bénéficier ainsi des avantages du Nokia N95 8Go (GPS, plus grand écran, logithèque énorme, sortie vidéo).

Sony Ericsson propose une offre temporaire (janvier 2008) consistant en un remboursement d’une partie du prix d’achat de vos accessoires Bluetooth.

UIQ, le maillon faible

UIQ (User Interface Quartz) est une version de Symbian développée désormais par Sony Ericsson et Motorola. Isolée – sur un marché des smartphones de plus en plus « serré » entre S60, Windows Mobile, Mac OS X mobile et Java/Linux -, la plateforme UIQ ne bénéficie pas de la très imposante logithèque S60, une autre version du système présente par exemple sur les mobiles Nokia NSeries.
D’où les nombreuses tentatives de séduction des développeurs : le plus récent exemple est le concours lancé par UIQ le 16 octobre dernier, « UIQ Open application competition ’08 ». Une compétition de même type a été organisée en 2007.

Les applications développées pour ce système sont rares et souvent payantes. Résultat ? Un navigateur Internet – Opera – complètement dépassé par rapport à ses plus proches concurrents, S60 Browser – basé sur Safari -, Deepfish de Microsoft, Mobile Safari (iPhone) et même… Opera Mini. Opera Mini (Java) est bien entendu compatible avec le W960i et remplacera très avantageusement son vieil oncle, si vous supportez l’idée de lui accorder à chaque session l’accès au réseau. Il semble pourtant évident si évident de fournir un effort de portage du S60 Browser des Nokia NSeries… Il semble pourtant si évident que l’heure est désormais aux applications basées sur les normes Internet (univers des « widgets » ou mini-applications). Le navigateur Opera, contrairement à Safari, n’est pas vraiment paré pour ceux-là : il suffit de tester la version mobile avancée de Facebook pour s’apercevoir du résultat. Le pas devra être franchi par UIQ pour réussir le pari. Attirer à lui des développeurs sur un marché complexe et morcelé relève de la… perte de temps. Gageons qu’une version avancée de Netfront (la version TP Windows Mobile vient par exemple d’adopter elle aussi le Webkit de Safari) ou un portage du S60 Browser viendront rapidement au secours du navigateur embarqué.

UIQ est disponible en version 3.0 dans le W960i, contrairement au Z8 de Motorola qui dispose déjà de la version 3.1, compatible avec les réseaux HSDPA, nouvelle norme chez tous les autres constructeurs de mobiles haut débit. Cette version semble « expliquer » l’absence du duo EDGE/HSDPA.

Gageons que les qualités esthétiques d’UIQ et son potentiel permettront à ses développeurs d’offrir en 2008 une interface plus humaine, présentant moins de menus et d’options, parée pour le « Web 2.0 ». Un travail de simplification est nécessaire, tout comme Nokia doit le réaliser pour son système S60 : trop de menus, trop d’outils de configuration.

Il se murmure que le prochain smartphone de Sony Ericsson – le terme P5i circule – bénéficiera de ces avancées très attendues : interface tactile plus humaine et effets visuels plus naturels, comme le HTC Touch et bien entendu l’iPhone, nouvelle « norme » en matière de simplicité. Nous l’attendons avec impatience.

La question immédiate : pourquoi – sinon pour la messagerie avancée – avoir choisi UIQ alors que les fonctionnalités musicales et photo peuvent très bien se satisfaire du système traditionnel des Sony Ericsson ? Le W910i et le K850i, les deux modèles les plus récents et plus médiatisés de la gamme, ne disposent pas d’UIQ mais offrent un système d’exploitation rapide, facile à prendre en main, intuitif. La logithèque Java est assez large pour combler les manques éventuels.

Bientôt sur BelgiqueMobile.be : un comparatif des différents téléphones embraquant 8Go de mémoire sera bientôt proposé.

Ce que nous avons aimé :

– La ligne générale
– La bonne finition
– 8 Go de mémoire
– Interface musicale superbe
– Qualité du son avec les écouteurs d’origine
– Radio FM RDS très complète
– Ecran lumineux
– Qualité de réception réseau et du son en conversation
– Vitesse de transfert en mode USB 2.0 « comme l’iPod »
– Qualité des photos très correctes

Ce que nous regrettons :

– Plus de télécommande sur le kit piéton
– Toujours pas de support du EDGE ou du HSDPA
– Pas de synchronisation avec Mac OS native : il faut passer par des outils tiers
– UIQ : le Symbian laissé de côté par les développeurs…

En conclusion ?

On l’aura compris : le W960i est un Walkman haut de gamme, développé avec goût, un terminal multimédia doté de très bons outils de messagerie (SMS, MMS, email, Push email, Blackberry Connect, Exchange), mais grevé par un manque d’audace dans la conception de sa gestion du « Web 2.0 ».

Ce qui joue en sa faveur malgré cela ? Son look, ses interfaces multimédia, son excellente qualité photo, sa capacité de stockage, son clavier bien pensé (touches lumineuses, fonctions d’avance rapide, touches de réglages photo depuis le clavier numérique) ainsi que la marque très forte de son lecteur, Walkman.

Prise en main