Premier smartphone Symbian S60 Touch de la marque, et également fleuron de la gamme photo grâce à son capteur de 12 millions de pixels, le Satio nous avait été présenté en mai 2009 à Londres, aux cotés des Aino et Yari. Nous avons testé pour vous ce modèle, doté d’un firmware récent, trois mois après sa sortie en Belgique.

Son objectif était perdu d’avance : assurer le succès commercial d’une première incursion sous S60 au beau milieu d’une concurrence très rude. La santé économique actuelle et la gamme relativement restreinte du constructeur n’ont pas aidé : l’opérateur belge partenaire, Proximus, liquidera ses stocks dans les jours à venir à prix sacrifié. Parmi ses arguments, pourtant : un capteur photographique de 12 millions de pixels équipé d’un flash au xénon, un écran tactile de 3,5″, système d’exploitation Symbian OS et processeur ARM Cortex A8.

A l’utilisation

Comme nous vous l’avions annoncé à l’époque, la finition de l’appareil est très correcte malgré une coque presque entièrement conçue en plastique, et l’imposant cache arrière, monté sur glissière, ne semble pas souffrir de défauts de conception.

Gros regret, cependant : aucune sortie audio au format 3.5mm, pas plus que de port USB au format standard. Du Fastport sur le flanc gauche : peu pratique. Le Vivaz, son successeur, corrige le tir avec des connectiques micro-USB et jack 3,5 mm.

Un petit mot concernant l’écran : la qualité d’affichage se révèle plus que correcte, et la définition de 640*360 pixels permet un détail appréciable lors de la visualisation de photos par exemple. La luminosité pourra être jugée trop juste par certain, mais c’est surtout la lisibilité en plein soleil, inférieure à la moyenne, qui risquera de fâcher lors du retour des belles journées ensoleillées. La sensibilité de la dalle tactile est par contre plutôt bonne pour une technologie résistive. Un Nokia 5800 fera par exemple moins bien.

Comme souvent chez la marque, aucun problème de réception réseau ou de qualité du son lors des appels durant nos tests. Nous serons plus critique concernant l’autonomie, limitée à deux jours maximum pendant notre essai (2,5G), la faute sans doute à une batterie de seulement 1000mah. En 3G, une journée seulement.

Il est également dommage de ne pas disposer de « smart dialing », qui permet d’accéder rapidement à un contact en tapant immédiatement depuis l’écran d’accueil les premières lettres de son nom via le clavier (tactile), alors que le E72 par exemple, lui aussi sous Symbian, en dispose.

Interface et expérience web

Equipé de la version 9.4 tactile de Symbian S60 5e edition, l’utilisation du Satio se révèle simple et très inspirée des appareils tactiles de Nokia, ou du Samsung Omnia HD par exemple.

Grâce à son processeur ARM de dernière génération, les menus seront cependant plus réactifs que sur ses concurrents finlandais, exception faite des quelques ralentissements lors d’une utilisation prolongée. L’écran d’accueil pourra être personnalisé avec un système d’onglets permettant un accès rapide aux derniers clichés capturés par l’appareil photos ou à vos signets favoris par exemple. Seul reproche concernant l’interface : le « défilement cinétique » n’est pas géré dans les menus de base (contrairement à l’interface multimédia) et il faudra donc utiliser l’ascenseur présent sur la droite de l’écran : peu pratique à l’usage.

Du côté de la messagerie, rien de neuf par rapport au Nokia 5800 : les menus et les possibilités sont quasiment identiques. Comme sur ce dernier, il arrive que l’appui sur une touche virtuelle du clavier (réduit ou complet) ne soit pas prise en compte. La faute à un écran non multipoint et à la saisie trop rapide de texte ?

Terminons par le navigateur web, basé sur le même moteur open source que l’iPhone et les futurs Blackberry : Webkit. Ce dernier permet un respect de la mise en page des sites que nous avons visité, et la version intégrée au Satio permet également un support (limité, le Satio n’offrant pas le confort d’un ordinateur) du greffon Flash.
Le défilement de page se fait facilement au doigt, même si nous aurions aimé que les impulsions énergiques prolongent plus ce dernier, comme sur un iPhone ou un Smartphone Android. De plus, il est impossible d’ouvrir manuellement une nouvelle page avec une adresse voulue et le zoom n’est pas le plus agréable que nous ayons pu utiliser.
C’est sans doute là le plus grossier des navigateurs Webkit du monde mobile, si on prend pour « modèles » les versions d’Apple, Android et de Palm WebOS.

Expérience multimédia

Sony Ericsson a pris l’initiative d’intégrer son menu multimédia à l’intérieur de Symbian, ce qui est tout sauf une mauvaise idée, vu la bonne réputation de la société dans ce domaine. Vous disposerez donc d’un accès aisé à vos photos, vidéos ou musiques stockées dans l’appareil ou sur sa carte mémoire.
La visualisation de photos est rendue très agréable par la qualité de l’écran ainsi que par l’interface claire et ergonomique.

Le lecteur Walkman est bien évidemment de la partie, avec à nouveau une interface très soignée et peut-être plus recherchée que ce que proposait Nokia jusqu’à présent sur ses appareils tactiles.
Malgré une qualité d’écoute dans la moyenne haute des Smartphone, il est étonnant qu’aucun égalisateur ne soit intégré à l’appareil, surtout vu son orientation multimédia. Certains reprocheront également un volume maximum trop faible dans certaines situations.

Le lecteur vidéo ne proposera pas non plus d’extras : la visualisation sur ce grand écran est très agréable, mais il faudra vous limiter au MP4, le codec divx si cher à Samsung ou LG n’étant pas intégré.

Caractéristique principale de ce smartphone, son appareil photo se révèle être l’un des meilleurs que nous ayons pu tester. Seul le Nokia N86 fera peut-être mieux dans certaines conditions, de quoi rappeler qu’il n’y a pas que la résolution du capteur photo qui influence la qualité des clichés.
Quelques fonctionnalités, tels que la détection de sourires et de visages, le mode panorama, le « geotag » des clichés ou encore la mise au point sur la zone que l’on touche sur l’écran seront sans aucun doute très appréciées.
On peut envoyer ses clichés vers Blogger et Picasa. Où sont Flickr et Youtube, intégrés pourtant au Vivaz ? Pourquoi diable ne pas harmoniser les systèmes d’exploitation de terminaux proches ? Une vieille habitude du constructeur : oublier de finaliser toute une série de détails logiciels.

Conclusion

Sans réel défaut rédhibitoire, le Satio aura pourtant fort à faire pour contrer la concurrence devenue féroce sur le marché des smartphones tactiles. Certes, son appareil photo de 12 millions de pixels en fait l’un des meilleures « photo-smartphones », avec des performances multimédia très correctes, mais le Samsung Omnia HD fera presque aussi bien, avec en prime un magnifique écran AMOLED capacitif et une meilleure qualité d’enregistrement vidéo.

De plus, faute d’un catalogue fournis en applications commun à tous les appareils Symbian (une ouverture de l’Ovi Store à ces derniers, toutes marques confondues serait selon nous une bonne idée afin de ralentir le raz-de-marée AppStore d’Apple), les clients auront sans doute plus de difficultés à étendre les possibilités logicielles de leur appareil, contrairement aux plateformes Android, Blackberry ou iPhone OS.
Playnow propose un service de téléchargement de musique, vidéos, sonneries, fonds d’écran et des applications, mais celles-ci sont peu nombreuses : on soulignera toutefois l’arrivée récente d’une application Facebook. Les bidouilleurs pourront « hacker » leur terminal pour accueillir l’Ovi Store.

Seul son prix de vente – 399 euros environ d’ici quelques jours avec une offre « cash back de 100 euros » chez Proximus – peut l’aider à séduire face à l’Omnia HD … en attendant la sortie des Nokia X6, du Vivaz, du X10 et du HTC Desire ?

Avantages :

– Ecran de bonne qualité
– Qualité de fabrication correcte
– Processeur récent et interface relativement fluide
– Capacités photographiques et multimédia
– Logithèque Symbian importante

Défauts :

– … Playnow est un « app store » désert
– Autonomie limitée
– Connexion non standard et mal placée (Fastport sur le coté)

Suite à un problème technique, nous ne pouvons temporairement pas vous proposer de clichés effectués avec l’appareil, ni de photos illustrant le test. Merci à Cédric Godart pour sa collaboration lors de la rédaction du test, suite à sa propre expérience du terminal.