Naguère fer de lance de l’innovation (notamment dans la photographie sur mobile), Sony Ericsson affiche actuellement des prévisions pessimistes de ventes et une part de marché en berne. La multiplication des terminaux n’y fait rien : trop chère, désormais technologiquement en retard sur nombre de concurrents, la joint venture entre Sony et Ericsson perd petit à petit de sa superbe. Il est urgent de réagir.

Fin juin, l’entreprise publiait un avertissement sur résultats. Sony Ericsson prévoit une vente de 24 millions de portables sur la période avril-juin, contre 22,3 millions au premier trimestre. Argument avancé également pour expliquer ces chiffres peu encourageants : le prix moyen par téléphone baisse à 115 euros contre 121 euros trois mois plus tôt.

Dans les faits, la société fait face à une situation compliquée : une gamme de terminaux qui, malgré des marques fortes (Cybershot, Walkman), sont en perte de vitesse constante face à des concurrents comme Samsung ou Nokia qui ont technologiquement dépassé Sony Ericsson, sur ses terrains de prédilection notamment, comme la photo. Nokia équipe désormais l’ensemble de ses téléphones – de gamme N et E – d’autofocus performants et de logiciels/services associés. Samsung adopte S60, présente des résultats – en photographie ou en musique mobile – on ne peut plus remarquables.

Autre problème, le prix du terminal, notamment en Belgique, sensiblement plus élevé que ses concurrents. A l’image des marques Bravia, Vaio, la tentation du low cost n’est pas dans les gènes de l’entreprise, même en joint venture. Il faudra toutefois y passer, sans pour cela verser dans l’entrée de gamme à tout prix.

Quid du segment des smartphones ? le retard technologique y devient impardonnable. Fin 2008, il faudra analyser quel accueil sera réservé au futur X1 (Xperia) de la marque, sous Windows Mobile, mais il est peu probable qu’un seul terminal parvienne à rattrapper la mayonnaise. Sony Ericsson n’est pas Apple.

Symbian ? UIQ semble être passé dans les préoccupations accessoires de Sony Ericsson : à ce jour, aucun smartphone compatible EDGE/HSDPA n’a vu le jour et la pourtant excellente version 3.3 du système n’équipe aucun terminal de la marque, là où même Motorola l’a dépassée. Processeurs trop peu véloces, pauvreté logicielle chez les éditeurs tiers, système d’exploitation aux réactions poussives, navigateur Internet dépassé, système isolé et manque d’attractivité pour les développeurs… le duo UIQ/Sony Ericsson a des allures de vieux couple un peu en mal d’imagination.

Sony Ericsson et HTC ont des choses à se dire

Reste à voir également dans quelle mesure l’urgence d’une acquisition ne s’impose pas à Sony Ericsson. Deux options, combinables : le rachat de HTC (lui ouvrant les portes de Windows Mobile / Android et du marché professionnel) ou celui de Motorola (le marché américain est jusqu’ici très mal appréhendé par le constructeur). HTC et Sony Ericsson se parlent déjà : les captures d’écran des premiers modèles XPeria X1 montrent des outils de « debug » signés HTC. HTC cherche la croissance, sur tous les marchés : Sony Ericsson assiste, impuissant, à un déclin non programmé. Il suffit à présent de s’entendre sur un parcours commun.

Il faut réagir. Vite, et bien. La perspective d’une nouvelle génération (opensource) de Symbian en 2010 n’est pas un objectif raisonnable. Il faudra opérer des modifications significatives dans les mois à venir pour faire face à l’offensive des concurrents, qu’ils s’appellent Nokia, Samsung, RIM, LG et, bien entendu, Apple. La première étape, une massive campagne publicitaire à la télévision et dans les journaux, est sans doute le signe d’une reconquête nécessaire du prestige d’antan. C’est que… antan, c’était hier dans le monde des mobiles.