La conjoncture économique, notamment en Europe de l’Ouest, est morose. Et pourtant, le finlandais Nokia a livré ce mercredi des résultats conformes aux attentes des investisseurs. Il relève même, légèrement, ses ambitions de croissance. Rien ne semble l’arrêter, sinon l’impression dérangeante de ne pas encore avoir pu donner la réplique à Apple, un peu moins de 18 mois après l’arrivée de cet acteur sur le marché.

Quatre appareils sur dix dans le monde sont désormais de marque Nokia : un record qui n’est visiblement pas prêt de se faire doubler, avec des prévisions de croissance supérieures aux attentes, à la fois des analystes et de Nokia lui-même.

Les résultats sont connus et ils sont flatteurs. Nokia résiste bien à la « crise ». Son chiffre d’affaires est en progression de 4% à 13,15 milliards d’euros. Les investisseurs attendaient 12,80 milliards d’euros. 122 millions de combinés ont été écoulés au cours du trimestre : c’est 21% de plus qu’à la même période en 2007 et, surtout, 6% de plus qu’au 1er trimestre de l’année 2008. Pour la période, le bénéfice par action est de 0,36 euro contre 0,32 euro en 2007.

Tout comme d’autres constructeurs, Nokia souffre du prix moyen du terminal en baisse à 74 euros contre 79 au premier trimestre. Pour l’équipementier, seules les variations de change sont en cause.

Le leader du marché conforte sa déjà très confortable position : 40 % contre 38 un an plus tôt. La croissance promet d’être tout aussi réjouissante : de 10 %, on passe – mais sans précision – à « plus de 10 % ».

La publication des résultats s’est accompagnée de la question qui fâche : quid de la « réponse à l’iPhone » ? Pas question de n’axer le développement de terminaux tactiles qu’en haut de gamme. Nokia voit ce type de téléphones se généraliser, même pour le marché de masse. Le responsable de son développement, Kai Oistamo, annonce « une gamme complète d’appareils tactiles, pour le marché de masse, le marché du haut de gamme et même le marché d’entrée de gamme. Mais notre premier téléphone tactile sera destiné au marché de masse. »

Ce fameux terminal devrait voir le jour pour la fin de l’année et sera basé sur une version tactile du système S60 (Symbian). Les observateurs évoquent un prix de 350 euros hors subvention, ce qui le place bien au-dessous de son concurrent chez Apple. On se doute que le futur « Nokia tactile » sera équipé des technologies les plus avancées, qui ont fait le succès de la gamme NSeries, allant de l’appareil photo haut de gamme à la connectivité la plus complète et le GPS. Tout comme l’iPhone et Android, le système S60 est équipé d’une variante du moteur Webkit (Safari).

Nokia avant Sony Ericsson

63% des téléphones mobiles ont été vendus dans les pays émergents l’année dernière. Si la demande en Europe de l’Ouest est en berne, deux régions se portent plutôt bien : l’Europe de l’Est et surtout l’Asie/Pacifique, particulièrement l’Inde. Ce qui n’empêchent pas certains de trouver la période fragile.

Ce vendredi, c’est au tour de Sony Ericsson de publier des résultats. La compagnie a, fin juin, annoncé un avertissement sur résultats pour cause de morosité des ventes européennes. Pour la période juin-avril, Sony Ericsson pense avoir écoulé 24 millions de terminaux, soit 1,7 million de plus qu’au premier trimestre, mais son principal problème est la baisse du coût des terminaux : 115 euros contre 121 euros le trimestre précédent. On sait dans quel état de nervosité se situe l’entreprise, qui a cédé sa place à LG au top 5 mondial aux derniers rencensements du printemps 2008. Le profit warning inquiète.

Après Sony Ericsson, au tour de LG Electronics le 21 juillet, Samsung le 25 juillet et Motorola le 31 juillet. Difficile, on s’en doute, de passer après l’ouragan Nokia.