L’institut Gartner estime qu’il sera difficile de dépasser une progression en valeur de marché supérieure à 9% cette année, contre 11 % pour les volumes. Le recul du prix de vente moyen recule et touche l’ensemble des constructeurs et opérateurs. Alors, quel remède à la crise ? Orienter le marché vers les services, services qui feront rapidement la part belle au divertissement : en tête, musique mobile et jeux.

Selon Gartner, les constructeurs devront désormais se différencier sur le terrain des services associés aux terminaux vendus. Dans le domaine, Nokia, Apple et RIM disposent déjà d’un arsenal de solutions logicielles et de services télématiques prêts à affronter l’avenir si pas avec sérénité, au-moins avec armes et munitions. On attend également beaucoup de mouvements du côté de Microsoft : les versions 6.5 et 7.0 de Windows Mobile pourraient accueillir un accès plus aisé à des logiciels et services tiers, encore relativement dispersé aujourd’hui. Les plans de développements, jusqu’ici très calmes des constructeurs, sont désormais dopés par le leadership insolent d’Apple dans le domaine : Steve Jobs a prévenu que la différence entre les leaders se situerait sur le terrain des logiciels et le marché comme ses analystes lui donnent raison.

Samsung, HTC et LG semblent à la traîne : aucun de ces constructeurs n’a pour l’instant annoncé très clairement quelle direction il souhaitait prendre sur l’axe « softwares & services ». Samsung multiplie pour l’heure les surenchères technologiques, tout comme LG, sans exprimer de stratégie claire sur le terrain des services. HTC développe des terminaux et passe beaucoup trop de temps à soigner les bobos et l’esthétique de Windows Mobile pour s’intéresser au chapitre suivant.

RIM et Apple sur toute la chaîne

Pour RIM, la mutation fait office de kit de survie : un vivier d’applications sera proposé aux abonnés dès le printemps via un « App Store » déjà bien garni. Un fonds a été créé pour attirer les talents, recette à succès qui a popularisé auprès des développeurs Android et Mac OS X Mobile.

RIM joue gros : il oriente ses terminaux vers un usage plus généraliste et de convergence, allant du GPS à la photo en passant par la musique et les jeux. Tout comme Apple, RIM maîtrise toute la chaîne, du logiciel au matériel en passant par une partie de la connectivité (un abonnement Blackberry est requis pour bénéficier de l’ensemble des fonctionnalités d’un terminal). C’est un atout, un atout économique solide, à plus forte raison sur un marché où le prix du terminal régresse.

Le divertissement pour objectif de croissance ?

Et les projecteurs se tournent aussi vers la musique ! Sur ce dernier créneau, quatre acteurs se démarquent déjà. Apple, bien entendu, avec un iTunes Music Store jouissant d’une très solide réputation et expérience. De l’autre, « Come with Music »/OVI de Nokia.

Troisième acteur, Sony Ericsson va, d’ici la fin de l’année en Belgique, lancer une offensive plus franche sur le terrain de la musique mobile avec le redéploiement de son offre « Playnow Arena ». Avantage ? L’absence de DRM contrairement à l’iTunes Store (DRM Fairplay sur une partie du catalogue) et Come with Music (Windows Media). Face à ses concurrents, Sony Ericsson présente une stratégie très intéressante. D’une part, le constructeur proposera un catalogue de titres sans DRM accessibles depuis le mobile ou l’ordinateur. De l’autre, une offre illimitée, actuellement testée en Suède, fera elle aussi son apparition en 2009 dans d’autres pays, sans DRM.

Enfin, aux Etats-Unis, le G1 de HTC sous Google Android propose un accès sans DRM à une multitude de titres MP3 sur Amazon.com. Il est peu probable de voir cette offre arriver sous nos latitudes avant le printemps 2009.

Gartner insiste sur le poids économique potentiel de cette mutation des constructeurs vers une stratégie de services. Sur le seul terrain de la musique, le montant global des transactions effectuées pour télécharger de la musique ou des sonneries musicales devrait dépasser 32,2 milliards de dollars US en 2010 déjà.

Le marché du jeu n’est pas en reste : il devrait avoir progressé de 16 % cette année déjà. La zone Asie & Pacifique reste la principale source de consommation de jeux sur mobiles, représentant à elle seule 2,3 milliards de dollars de revenus en 2008.

Cédric GODART