A la suite de la publication de résultats trimestriels tout à fait convenables, le patron de Belgacom s’est laissé aller à quelques confidences à DataNews. Portrait d’un ego démesuré.

« Je me rappelle le temps où l’on disait que KPN lancerait une attaque sur Belgacom qui disparaîtrait ensuite. Belgacom a continuellement investi dans son réseau avec une convergence unique en Belgique. Base a misé sur des consommateurs qui ne souhaitent que du mobile ». Ce sont, en substance, les mots de Didier Bellens qu’ont recueilli les journalistes durant la présentation des chiffres trimestriels de l’opérateur. En souvenir d’une époque où, effectivement, des rumeurs planaient sur la possibilité que Belgacom soit achetée par KPN.  Le patron de l’opérateur gouvernemental ne cache donc pas sa joie de voir KPN baisser les bras en Belgique pour des raisons stratégiques internes.

Devrions-nous rappeler que même en se débarrant de Base, KPN reste bien plus imposant que Belgacom puisque le Hollandais dispose d’une filiale allemande qui fonctionne très bien ? Doit-on évoquer le fiasco de Belgacom France ? Devons-nous nous réjouir qu’un acteur européen majeur décide de lever si rapidement les voiles puisque personne n’a encore réussi à percer dans le fixe en Belgique en exploitant les paires cuivrées de Belgacom ? Il ne reste plus que Mobistar qui peine avec ses quelques connexions DSL et sa télévision qui reste anecdotique. Il n’y a que Scarlet, filiale à 100% de Belgacom, qui commence à réussir. Le combat se poursuivra donc entre le coaxial et le cuivre.

Car, non seulement l’environnement légal est resté très longtemps défavorable aux arrivants sur le marché belge, mais Belgacom a largement exploité sa position dominante pour empêcher ses concurrents de pratiquer de meilleurs prix aux entreprises. Un scandale qui n’émeut personne, tant l’institution Belgacom aide à remplir les caisses de l’Etat. Didier Bellens va même provoquer KPN en insinuant que les Hollandais n’ont jamais voulu investir dans un réseau de qualité alors que Belgacom a eu quatre ans d’avance pour récupérer ses investissements.

La stratégie de convergence de Belgacom fonctionne car personne ne peut les concurrencer sur son réseau DSL, protégé par le gouvernement. Seul le câble coaxial, parfaitement hermétique à la paire cuivrée, peut intervenir. Mais il s’agit avant tout d’un duopole qui se bagarre sur la scène et s’offre mutuellement l’apéro à la troisième mi-temps.

On jugera Belgacom lorsque l’entreprise aura suffisamment de liquidités et de courage pour investir sur d’autres marchés que le belge. En attendant, KPN a eu tout de même nettement plus de mérite en s’aventurant sur un marché cadenassé par le monde politique bien trop proche des deux tours de Schaerbeek. La reprise de Base par Telenet et Voo n’augure rien de bon tant les acteurs majeurs du pays s’emploient à s’aligner les uns sur les autres. Les loups ne se mangent pas entre eux.