La pandémie a accéléré la demande en connectivité des foyers et des petites entreprises. Voilà qui donne des ailes à AVM, constructeur des modems et routeurs Fritz!Box. Quelques semaines avant la sortie du premier modèle Wi-Fi 6 en Belgique, le Country Manager Gerrit Brugman a accepté de répondre à nos questions, en toute franchise.

Gerrit, on dirait que cette pandémie a fait vos… affaires !

Disons que nous avons vu un engouement pour nos produits durant cette période. Cela s’est traduit par une forte demande en solutions de connectivité. Il a fallu organiser le télétravail, mais aussi assurer la connexion d’appareils de plus en plus nombreux dans les foyers et les petites entreprises. Nous avions un avantage : comme nous construisons principalement en Allemagne, plus qu’en Asie, nos stocks étaient suffisants. Les répéteurs ont été particulièrement sollicités. On s’est aperçu qu’il fallait assurer une couverture Wi-Fi partout dans les maisons et appartements, ce que peu de modems et routeurs fournis par les opérateurs sont capables de faire.

Gerrit Brugman, AVM BeluxEn dehors d’un public averti et des clients d’EDPNet (Telesat, Orange Business), votre marque est finalement encore peu connue en Belgique. Ajoutez à cela que VOO et Orange ont lancé leurs propres solutions de Mesh Wi-Fi.

Oui, mais notre déficit de notoriété s’explique. La Belgique, comme d’autres pays, ne permet pas aux utilisateurs de choisir le modem ou le routeur. Les opérateurs imposent des modèles uniques, certifiés par eux-mêmes. Avec plus de 20 constructeurs, nous faisons partie du VTKE, un groupe de travail qui milite au niveau européen pour ce que l’on pourrait appeler un « open router market« . C’est déjà le cas en Allemagne, un peu en Italie et en partie aux Pays-Bas. Les opérateurs dont vous parlez ont en effet sorti des solutions de mesh Wi-fi (parfois payantes), mais les nôtres sont bien plus ouvertes et modulables.

Ce que vous demandez, c’est que VOO, Proximus et Telenet permettent aux abonnés de choisir leur modem, ce qui se fait déjà par exemple aux États-Unis pour le câble. Au fond, les normes DOCSIS, VDSL ou fibres sont identiques à peu près partout.

Voilà. Nous commercialisons aujourd’hui des modèles adaptés au VDSL, mais aussi à la fibre optique et au câble. En Allemagne, l’utilisateur a le choix. Cette entente avec 20 autres entreprises du secteur, c’est pour nous crucial : un marché ouvert favoriserait l’innovation. Autre défaut du modèle actuel : les opérateurs doivent bien répercuter le coût du modem sur la facture de l’abonné, ne soyons pas dupes. 

Qui sont les clients d’AVM aujourd’hui en Belgique ?

Nous avons, disons, deux cibles. D’un côté, comme vous le disiez, des personnes qui connaissent la technologie. Nos clients sont souvent nos meilleurs ambassadeurs. De l’autre, les opérateurs. Nous travaillons d’ailleurs actuellement avec des opérateurs de la fibre en Belgique pour certifier certains modèles à l’avenir, qui remplaceront à la fois le point d’entrée et le routeur/modem. En Allemagne, le modèle 5530 Fiber vient de sortir. Adapté à la fibre optique (passive et active), il passe lui aussi au Wi-Fi 6 et aux ports 2,5 Gigabit.  

Certaines Fritz!Box fonctionnent sur le réseau Proximus, mais souvent de manière incomplète !

Voilà, c’est le cas pour Pickx, la télévision de Proximus. Cette IPTV utilise une stratégie de VLAN qui n’est pas ouverte. Nous devons donc batailler pour arriver à la rendre compatible avec nos routeurs. Les pilotes DSL sont certifiés au compte-goutte, ce qui fait que certaines mises à jour de nos modems provoquent un retour à un profil fall-back (Ndlr: vitesses minimales), car le modem n’est pas certifié avec tel ou tel pilote. Nous offons la possibilité de revenir au pilote précédent, mais c’est compliqué à la fois à expliquer et à mettre en œuvre. Dans le cas de la fibre optique, c’est beaucoup plus simple : le client branche le câble sur le port WAN et peut profiter des dernières mises à jour, dont la plus récente est Fritz!OS 7.21… sans risquer de perdre le potentiel sa connexion internet. Tout cela serait tellement plus simple avec… un marché plus ouvert et moins de mainmise des opérateurs sur les modems. La remarque vaut pour le câble également, cela dit. Après tout, DOCSIS 3.0 et 3.1 sont des normes ouvertes ! 

Quelles sont les priorités d’AVM pour 2021 ?

Nous allons lancer notre premier modèle Wi-Fi 6 en Belgique, avec une version améliorée de la Fritz!Box 7530. Ce modèle AX va succéder à celui qui est proposé actuellement aux particuliers par Edpnet pour le VDSL et la fibre.  Le 7530 AX, c’est son nom, sera suivi par un répéteur lui aussi mis à niveau avec la nouvelle norme. Ce passage au Wi-Fi 6 est essentiel, à l’heure où nous multiplions les appareils connectés au Wi-Fi. Le modèle 7530 AX international sera disponible début 2021 (ndlr: On peut déjà le trouver en version allemande notamment sur Amazon). Nous prévoyons également un successeur AX à la Fritz!Box 7590, que vous aviez pu tester en 2018.

J’ai l’impression que votre communication a changé. Depuis deux ans, vous présentez une image beaucoup moins geek, beaucoup plus proche du consommateur. Vous publiez beaucoup de contenu sur votre site web.

Ces deux dernières années, nous avons beaucoup engagé. Ce sang neuf nous a permis de moderniser notre image, vous avez raison. Cette communication fait partie d’une stratégie beaucoup plus orientée vers le grand public qu’avant. C’est pour nous l’occasion d’expliquer les bénéfices du mesh, mais aussi de nos routeurs pour le télétravail ou pour le gaming, par exemple. Si nous sommes leaders en Allemagne, ce n’est pas encore le cas en Belgique, mais nous y travaillons d’arrache-pied. Les développements réalisés pour l’Allemagne sont désormais effectués en même temps que pour le reste de l’Europe, ce qui nous permet de développer plus rapidement nos produits et notre système d’exploitation en dehors du marché originel d’AVM. Le programme Labs permet d’ailleurs de tester les nouvelles versions de Fritz!OS, en Belgique aussi.

En Belgique, les deux grands défis des années à venir seront le très haut débit (câble et fibre) et la 5G. Vous n’avez pas encore fait d’annonce dans le domaine.

Non, c’est vrai. Nous avons actuellement deux modèles (6830 et 6890) compatibles avec la 4G, mais des Fritz!Box 5G sont actuellement présentées auprès de nos partenaires et des opérateurs. Je pense que l’an prochain, nous commercialiserons de nouveaux modèles compatibles avec la 5G qui va, vous l’avez justement pointé, devenir un énorme enjeu pour nous également, aux côtés de la fibre optique. 

Du côté des CPL, par contre, peu d’innovations chez AVM depuis deux ans. La connexion par le réseau électrique, ce n’est pas ou plus l’avenir? Avec TP-Link et Devolo, vous avez pourtant toujours été à l’avant-garde dans le domaine!

Nous conservons plusieurs modèles Powerline dans notre gamme, dont certains avec le Wi-Fi, mais en effet, ce n’est pas une technologie où les avancées sont aussi importantes que dans le domaine du Wi-Fi ou de la 5G. Cela dit, ces modèles continuent d’évoluer. Nos systèmes d’exploitation y sont petit à petit mis à jour également. Le CPL continue d’être une solution idéale pour des pièces éloignées, mais cela nécessite un réseau électrique de bonne qualité pour éviter les interférences. Qu’on parle de CPL, de 5G, de fibre, de VDSL, nous allons continuer de proposer des produits qui correspondent aux évolutions du marché. 

Et avec un système d’exploitation qui continue d’évoluer, pour l’ensemble de vos routeurs. Le fameux Fritz!OS, une distribution Linux propre à votre matériel…

Oui, notre OS évolue en permanence, y compris sur des modèles plus anciens. Ce système d’exploitation est au cœur des appareils que nous construisons: nos routeurs évidemment, mais aussi nos téléphones DECT. Sur nos routeurs, la dernière version publique de Fritz!OS est 7.21, mais la version 7.24 est déjà en cours de développement via notre programme Lab depuis fin novembre. Elle est également accessible en Belgique.