Nous l’évoquions en analysant le palmarès Gartner des ventes de mobiles au dernier trimestre : les résultats sont inquiétants pour Sony Ericsson qui, à l’image de Palm, jouera très prochainement son avenir. Premier mouvement intéressant de rentrée : l’entreprise change de direction. Bert Nordberg (Ericsson) est rappelé de la Silicon Valley, pour une tâche immense.

L’ancien PDG, Dick Komiyama, n’a pas froid aux yeux lorsqu’il déclaire que le « programme de transformation de Sony Ericsson entamé il y a plus d’un an est à plus de mi-parcours. » Il juge tout de même que « c’est le bon moment pour commencer à transférer les commandes du groupe à une personne capable d’achever le programme de transformation et de conduire Sony Ericsson au cours de sa prochaine phase de développement. »

Pour cette phase, rien de tel qu’un expatrié parti chercher au nouveau monde l’expérience qu’il faut pour dynamiser les troupes. La joint-venture entre Sony et Ericsson a nommé Bert Nordberg au poste de CEO, comprenez président. Il occupera son nouveau bureau londonien le 15 octobre prochain et quittera ses fonctions chez Ericsson aux Etats-Unis dès sa nomination. Autres mouvements : Sir Howard Stringer, le patron de Sony, devient chairman et prend la place de Carl-Henric Svanberg, conservé au sein du conseil d’administration.

Nul doute que pour Bert Nordberg, le défi est colossal. Il portera tout d’abord sur une clarification de la stratégie : quel segment, quel public, à quel prix. Et sur une profonde réflexion liée à la désormais incontournable question des systèmes d’exploitation mobiles et services associés.

Plusieurs options.

  • Développer son propre système en se basant sur les dernières évolutions de Java (Capuchin, JavaFX, etc.) ;
  • Entrer dans un partenariat plus franc avec Microsoft autour de Windows Mobile, à l’heure où HTC affiche de grandes ambitions pour Android;
  • Rester au coeur du développement de Symbian aux côtés de Nokia et Samsung ;
  • Prendre l’option Android : le premier smartphone Sony Ericsson tournant sous le système d’exploitation libre est prévu au tout début de l’année 2010.

Bert Nordberg ne cache pas son intention d’évoluer sur un marché où les « systèmes ouverts » ont profondément changé la donne. Pour suivre cette voie, Symbian et Android sont deux pistes évidentes et déjà connues, mais un choix devra être opéré.

Défi du prix également. A l’heure où LG, Samsung et, dans une moindre mesure, HTC, prévoient des terminaux tactiles à très bas prix, jouer de la marque Sony pour maintenir des tarifs élevés n’a pas de sens. Un mobile Sony Ericsson ne se confond pas avec un ordinateur portable Vaio, ces derniers ayant eux aussi été obligés de s’attaquer à l’entrée de gamme pour éviter de succomber par le haut du panier.

Deux marchés s’avèrent rentables et complémentaires aujourd’hui : le bas de gamme accessible et le haut de gamme doté de services. Pas étonnant si RIM et Apple sont d’une part les deux principales valeurs à suivre du secteur des smartphones, de l’autre des modèles pour d’autres acteurs comme HTC et Nokia, pourtant en très confortable position de leader du marché.

Pour Sony Ericsson, l’intuition nous porte à placer son destin au rayon « haut de gamme », de par sa « maîtrise » d’une foule de technologies et marques associées : Cybershot, Walkman, Vaio, Brava, Playstation, Sony Pictures, etc.

Outre le système, les services sont désormais une nécessité. Dans le domaine, tout semble déjà en place sous la bannière Playnow, mais sans succès de foule jusqu’ici. Et pour cause : passer par une page web mobile, à l’heure où les autres constructeurs de mobiles fournissent une solution de kiosque de téléchargement convivial (App Store, App World, Android Market, etc.), relève d’une stratégie vouée à l’échec.

Serait-ce donc cela le « mi-parcours » qu’il reste à négocier pour que Sony Ericsson renoue avec les succès d’antant (P800, K750, K800, etc.) ? Nous le prévoyions : 2010 sera indubitablement une année décisive pour la poursuite des activités de la joint-venture. Pour l’heure, la Belgique trinque : réduction des effectifs déjà maigres, rapatriement en France des relations presse pour la partie francophone du pays, manque d’incentives auprès des vendeurs. On ne roule plus sur l’or, l’heure est à l’économie et, pour les salariés, à l’attente la plus fébrile… mais pas désespérée.

Sondage : comment voyez-vous le futur de Sony Ericsson

Nous vous proposons dans la colonne de droite de BelgiqueMobile.be un nouveau sondage. Pensez-vous que la marque survivra à 2010 ? Etes-vous optimiste ? Pensez-vous que c’est une mauvaise passe ? Est-ce déjà trop tard ? Le salut viendra-t-il de Symbian, Java, Android ou Windows Mobile ? Vous pouvez cocher deux réponses maximum et vous avez jusqu’au dimanche 23 août pour vous exprimer.